LâEurope dans le peloton en train de sucer la roue
LâEurope, elle, elle attend. Et pendant quâelle attend, elle doute. Mardi, le CAC 40 a perdu 0,04 %, le DAX allemand a lĂąchĂ© prĂšs de 1 %, et le SMI a fini en lĂ©ger rebond (+0,35 %) â contre-courant qui est assez rare en ce moment mais qui, selon les meilleurs analystes du monde, est « une preuve de fuite vers la qualitĂ© ». Comme quoi, il faut vraiment avoir envie de raconter des histoires pour sortir des trucs pareils. Jâimagine tellement le gars qui arrive au bureau le matin et qui se dit : « Tiens, au vu du chiffre bidon des JOLTS, je vais me repositionner sur de la « qualitĂ© en achetant la Suisse », alors que trois jours avant le mĂȘme gars aurait vendu ses enfants pour acheter du Nvidia Ă la place. Mais bon, on ne va pas se mentir, de toutes façons, LE vrai sujet, câest Trump. Le 9 juillet approche, et le prĂ©sident amĂ©ricain martĂšle quâil ne prolongera pas la trĂȘve commerciale. Ce qui met Bruxelles en panique. Mais une panique discrĂšte que lâon pas trĂšs envie de raconter dans les mĂ©dias, surtout en pleine pĂ©riode de vacances oĂč plus personne nâen a rien Ă fo ut re des marchĂ©s financiers â je dis ça par rapport aux chiffres du trafic sur mes chroniques et mes vidĂ©os ; jâai lâimpression dâĂȘtre tout seul et de me lever pour rienâŠ
Mais revenons Ă lâOncle Donald, pour lâinstant, aucun deal nâa Ă©tĂ© signĂ©, Ă lâexception du Royaume-Uni et dâune soi-disant Ă©bauche de deal bricolĂ© avec les Chinois. Les EuropĂ©ens essaient de nĂ©gocier un compromis, mais Washington veut des gestes concrets. Le spectre dâun retour des tarifs sur les voitures, les cosmĂ©tiques ou les semi-conducteurs flotte au-dessus des tĂȘtes. Les 7 prochains jours quâil nous reste avant le 9 juillet promettent dâĂȘtre passionnants, entre sĂ©ance de plage, visite touristiques et crises de panique en lisant les tweets de Trump. Sur le plan macro, lâinflation remonte Ă 2 % dans la zone euro, comme attendu. Le core CPI reste stable Ă 2,3 %, ce qui maintient la BCE dans une posture attentiste. Et bam, une autre banque centrale qui ne fait rien et qui observe. Lâanalyse dominante reste que lâinflation liĂ©e au pĂ©trole recule, mais que les services rĂ©sistent, notamment Ă cause des hausses de salaires. En Allemagne, le PMI manufacturier est passĂ© de 48,3 Ă 49. Ce nâest pas encore lâeuphorie, mais ça indique une stabilisation. Le rebond du luxe (LVMH, Kering, LâOrĂ©al) montre aussi que certains secteurs restent hors sol, dopĂ©s par les rĂ©visions de bĂ©nĂ©fices. Mais derriĂšre cette façade, lâEurope est paralysĂ©e par lâincertitude rĂ©glementaire et gĂ©opolitique. La Bourse joue à « je tâaime, moi non plus » avec les Ătats-Unis, et le marchĂ© redoute un Ă©tĂ© meurtrier si les taxes tombent brutalement et pas dans le sens quâon espĂ©rait â mĂȘme si au fond de nous, on a quand mĂȘme lâimpression dâĂȘtre dans un grand film hollywoodien et quâon va nous sortir un happy end dont ils ont le secret.