PARIS, 15 février (Reuters) - Les Bourses ont effacé depuis le début de la semaine un tiers environ de la correction de plus de 10% déclenchée au début du mois par le retour des craintes inflationnistes et l'emballement de la hausse des taux qu'elles avaient suscité. Le retour de l'inflation n'aura-t-il été qu'un prétexte à une correction jugée nécessaire a posteriori au vu de l'envolée des indices boursiers en début d'année ? Les données de l'inflation pour le mois de janvier aux Etats-Unis publiées mercredi ( ) ont montré une accélération de la hausse des prix que Wall Street a saluée par une hausse de plus de 1%, alors que la montée en régime du salaire horaire moyen moins de quinze jours plus tôt avait provoqué un trou d'air, le S&P 500 perdant plus de 4%. Joseph Lavorgna, économiste spécialisé sur les Etats-Unis chez Natixis, invite à remettre en perspective les chiffres de l'inflation de janvier: il souligne que l'indice "core PCE", la mesure de la hausse des prix privilégiée par la Fed, est généralement inférieur à l'indice des prix à la consommation (CPI), et qu'il a évolué en dessous de l'objectif de 2% en rythme annuel de la banque centrale au cours de la majeure partie des deux dernières décennies. "La Fed et les investisseurs seraient sages de ne pas sur-réagir aux dernières données de l'indice des prix à la consommation", recommande-t-il donc. Les économistes de Lazard Frères Gestion plaident aussi pour une mise en perspective des données qui montreraient une brusque accélération de la croissance des salaires aux Etats-Unis. Rappelant que la croissance du salaire horaire moyen pour l'ensemble des salariés est passée de 2,5% à 2,9% sur un an en janvier aux Etats-Unis, son rythme le plus élevé depuis 2009, ils soulignent que la série statistique qui englobe toutes les catégories de salariés est relativement récente et n'est publiée que depuis 2006. "Auparavant, une série était calculée pour les salariés dans les activités de production et sans fonction de supervision, soit les salariés hors cadres, pour laquelle la notion de salaire horaire est sans doute plus pertinente", notent-ils avant d'ajouter que pour cette catégorie, la croissance des salaires n'a pas vraiment accéléré, restant proche de 2,4%. "Si l'on regarde d'autres mesures plus complètes, comme l'enquête trimestrielle sur le coût de l'emploi, on voit effectivement que l'accélération des salaires se poursuit, mais de manière graduelle", relèvent les économistes de LFG. "Si nous continuons de penser que le scénario le plus probable est celui dans lequel la tension actuelle du marché du travail finira effectivement par entraîner une accélération des salaires, il ne faut pas sur-réagir au chiffre de janvier." Pierre Bellot, gérant multigestion chez Invesco Asset Management, estime de son côté que "le salaire horaire moyen élevé reflète surtout une baisse du nombre d'heures travaillées, ce qui signifie qu'il a crû à un rythme de seulement 2,6%." Il ajoute que les cours des matières premières ont connu la semaine dernière leur pire performance hebdomadaire depuis janvier 2016, alors même que leur remontée en 2017 a été l'un des moteurs de l'enthousiasme retrouvé pour le thème de l'inflation. Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection, note quant à lui que les pressions sur le front des "commodities" devraient rester contenues, grâce notamment à la bonne tenue de la production agricole mondiale et à l'abondance de l'offre de pétrole de schiste aux Etats-Unis. Pour lui, "l'inflation restera contenue et les pressions inflationnistes devraient se heurter rapidement à une tendance de fond de l'économie globale qui empêchera toute flambée des salaires et des prix". Il explique que "les hausses de salaire restent localisées à certains secteurs sous tensions aux Etats-Unis, en quête de profils très qualifiés". De plus, souligne-t-il, le départ à la retraite des 'baby-boomers', classe d'âge nombreuse et bénéficiant de rémunérations élevées en fin de carrière, devrait limiter la progression du salaire moyen dans les pays occidentaux. Il rappelle aussi que le mouvement 'd'ubérisation' de l'économie ne cesse de pousser les prix des biens et des services à la baisse et que le taux d'emploi aux Etats-Unis, autour de 63%, reste particulièrement bas. "Tant que ce chiffre ne remontera pas significativement, il n'y aura pas de remontée durable de l'inflation liée à la revalorisation des salaires outre-Atlantique", prévient-il. Sources : * AHEurter. Le Billet d'Esprit. Invesco. 15/02/2018 * La correction passagère des marchés ne doit pas inspirer l'inquiétude. Tribune. Carlton Sélection. 15 février 2018 * A chart for your thoughts. What's all the fuss about inflation. US Snap Chart. Natixis. 14 février 2018 * Etats-Unis : une accélération des salaires à relativiser. Graphique de la semaine. Lazard Frères Gestion. 13 février 2018. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ L'inflation Core aux Etats-Unis depuis 1995 http://reut.rs/2ssFxvc Evolution du salaire horaire moyen aux Etats-Unis http://reut.rs/2o399KY ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Marc Joanny, édité par Marc Angrand)
GRAPHES-Le retour de l'inflation, une simple passade ?
information fournie par Reuters 15/02/2018 à 13:27
Mes listes
Une erreur est survenue pendant le chargement de la liste
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer