par Dhara Ranasinghe et Ritvik Carvalho LONDRES, 22 juillet (Reuters) - La réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) se tiendra jeudi après des semaines de spéculation sur de nouvelles baisses de taux et sur une reprise des achats d'actifs que ses responsables monétaires ont encouragées. Les investisseurs espèrent qu'ils donneront à cette occasion un signal plus clair encore de cet assouplissement à venir même s'ils n'en précisent pas tous les détails. Mario Draghi, président en fin de mandat de la BCE, s'est dit prêt le mois dernier "à faire tout ce qu'il faut" pour relancer une inflation obstinément basse et d'autres responsables monétaires européens ont fait écho à cet engagement. En réponse aux difficultés éprouvées par les exportateurs européens du fait du conflit commercial sino-américain et de la perspective d'une baisse par la Réserve fédérale américaine de ses taux directeurs à la fin du mois, les investisseurs anticipent que la BCE fera de même en septembre. Voici cinq des principales questions qui les préoccupent avant cette réunion. 1. Que peut-on attendre de la réunion de jeudi? Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que la BCE modifie sa communication avancée (forward guidance) pour lui donner un biais accommodant et à ce qu'elle abaisse son taux de dépôt au mois de septembre. "En réponse à la faiblesse de la croissance et à une inflation toujours basse, la BCE va vraisemblablement ajuster sa communication avancée en juillet et promettre de maintenir les taux à leurs 'niveaux actuels voire plus bas' plutôt que simplement à leurs 'niveaux actuels'", estime Florian Hense, économiste de Berenberg. Le marché obligataire, qui anticipe aussi une baisse de taux en septembre, risque de réagir brutalement en l'absence d'un tel signal. Le rendement de l'emprunt d'Etat allemand à 10 ans DE10YT=RR , référence pour la zone euro, est brièvement passé sous le taux de dépôt pour la première fois ce mois-ci, attestant du pari des investisseurs sur une baisse de taux à venir. 2. Donc, pas de baisse de taux en juillet? Attendre septembre pour baisser les taux donnerait le temps à la BCE de mettre au point une nouvelle salve de mesures d'assouplissement, estiment des analystes. Les projections économiques actualisées de la BCE seront publiées à l'occasion de la réunion de politique monétaire de septembre et la BCE a par le passé fait en général coïncider ses inflexions majeures de politique monétaire avec leur publication. UBS s'attend à une baisse de 10 points de base en septembre assortie d'un mécanisme de modulation pour alléger la contrainte des taux négatifs pour les banques. Mais une surprise en juillet n'est pas exclue. La BCE pourrait souhaiter préempter une baisse des taux par la Fed qui affaiblirait le dollar et renforcerait l'euro, ce qui pénaliserait les exportateurs européens et pèserait sur l'inflation importée. Parer l'appréciation de l'euro sera la principale justification d'une réduction de taux déjà très bas, a dit récemment une source au fait de la politique monétaire à Reuters. Pour d'autres, les propos accommodants de certains des membres les plus orthodoxes du Conseil des gouverneurs signalent une initiative dès le mois de juillet. Commerzbank s'attend à une baisse de taux de 20 points de base jeudi qui permettrait à la BCE "de garder la main". 3. La BCE prépare-t-elle une reprise de l'assouplissement quantitatif? Certaines banques d'investissement le pensent et examinent les ajustements qu'elle devra faire pour effectuer de nouveaux achats d'actifs. La BCE, qui a absorbé jusqu'à 2.000 milliards d'euros d'obligations souveraines de la zone euro depuis 2015, est proche du plafond qu'elle s'est imposée de ne pas détenir plus du tiers de l'encours de la dette publique d'un pays en particulier. Elle pourrait contourner cette règle en privant les banques centrales nationales de leur droit de vote en cas d'une restructuration de dette, ont dit des responsables monétaires. "Ils pourraient dire qu'ils sont prêts à relever le plafond par émetteur, pourquoi pas?", suggère de son côté Frederik Ducrozet, stratège chez Pictet Wealth Management. "Ce n'est pas bien compliqué." Les spéculations sur le maintien pour une période prolongée de la politique monétaire ultra-accommodante pourraient aussi être confortées si la BCE confirmait qu'elle envisage d'ajuster son objectif d'une inflation proche de mais inférieure à 2%. 4. Draghi en soutien de Lagarde? La directrice générale du Fonds monétaire international elle aussi sur le départ, Christine Lagarde, doit prendre la succession de Draghi dont le mandat se termine en octobre. Alors que ses détracteurs ont souligné son manque d'expérience en matière de politique monétaire, des responsables de la BCE, au premier rang desquels Benoît Coeuré, ont défendu sa nomination estimant qu'elle était "particulièrement qualifiée". Mario Draghi devrait reprendre cette appréciation à son compte. Mais il pourrait aussi lui être demandé si l'annonce d'un éventuel nouveau train de mesures d'assouplissement avant son départ n'est pas une manière de lier les mains de sa remplaçante. Pour les marchés, l'orientation accommodante de la BCE devrait se poursuivre avec Christine Lagarde, qui a soutenu l'assouplissement quantitatif dans ses précédentes fonctions. Sa désignation pour prendre la tête de la BCE s'est d'ailleurs accompagnée d'une nouvelle baisse des rendements obligataires et d'une relance des anticipations de baisse des taux. 5. La BCE pourrait-elle muscler les TLTRO III? L'infléchissement de l'orientation de la politique monétaire de la BCE a contribué à stabiliser les anticipations de marché en matière d'inflation mais ces dernières demeurent très basses. La BCE pourrait rendre les conditions de ses nouvelles opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO III) plus généreuse encore pour soutenir le crédit et donc la croissance et l'inflation. Les TLTRO III dévoilées en juin et qui démarreront en septembre prévoient que la BCE refinance, sous certaines conditions, les banques à des taux de 10 points de base supérieurs à son taux de dépôt de -0,40%, rémunérant donc les banques qui viendront se refinancer dans le cadre de ce dispositif. Certains responsables monétaires souhaitent que les conditions de ces nouvelles TLTRO soient plus généreuses et plus conformes aux versions précédentes, ont montré les minutes de la réunion de politique monétaire de juin. "Nous avons constaté qu'au cours des deux derniers mois, les risques entourant la croissance mondiale ont augmenté et qu'il y a plus d'incertitude, de là vient la pression pour faire plus sur les TLTRO", a dit James Rossiter, responsable de la stratégie marcro-économique de TD Securities. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Bund yield set to fall below ECB deposit rate png https://tmsnrt.rs/2YqE2cu #Euroboom days over? https://tmsnrt.rs/2O05QUf The European Central Bank's QE programme https://tmsnrt.rs/2YgbrGJ From rate hike to rate cut bets https://tmsnrt.rs/32FQxUj Time to TLTRO, pt. III https://tmsnrt.rs/32y1oiT ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)
GRAPHES-Cinq questions avant la réunion de la BCE
information fournie par Reuters 22/07/2019 à 11:28
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