Saint Gobain pourrait céder sa filiale pont-à-mousson
STRASBOURG, 3 avril (Reuters) - Révélée par le syndicat CFE-CGC, l'hypothèse d'une vente par Saint-Gobain SGOB.PA de sa filiale Pont-à-Mousson, leader européen des canalisations d'eau en fonte ductile, à une entreprise chinoise, inquiète les élus de Lorraine, où est basée l'entreprise, et les représentants du personnel. Selon le syndicat de l'encadrement, le numéro un mondial des matériaux de construction a sollicité le feu vert du ministère de l'Economie en vue de céder 60% de sa filiale déficitaire au chinois XinXing Ductile Iron Pipes, devenu lui-même le leader mondial des conduites en fonte ductiles. La CFE-CGC craint pour l'avenir des 2.000 emplois de Pont-à-Mousson principalement basés dans la ville éponyme de Meurthe-et-Moselle ainsi qu'en Haute-Marne, mais aussi pour la perte de savoir-faire industriel au profit de la Chine. "Dans la fonte ductile, il y a beaucoup de technicité. Amener de l'eau potable, ce n'est pas si simple. Une fois qu'ils ont la marque, ils peuvent dire 'Vous n'êtes pas assez compétitifs en Europe, on va fabriquer les tuyaux en Chine et vous les expédier par bateaux'", a fait valoir à Reuters Xavier Le Coq, délégué national à l'industrie du syndicat de l'encadrement. Contactée par Reuters, la direction de Pont-à-Mousson confirme le projet mais dément avoir fait le choix du partenaire. "On a un projet de partenariat qui est envisagé mais on ne sait pas avec qui, ni sous quelle forme. On est au début des réflexions", a affirmé la directrice de la communication, Ondine Stransberger. Bercy s'est refusé à tout commentaire. Les élus lorrains sont montés au créneau quand ils ont eu vent de l'annonce faite par la direction de Pont-à-Mousson, lors d'un comité central d'entreprise, le 12 février dernier, qu'une recherche d'investisseurs extérieurs était en cours. "Fin février, j'ai écrit au ministre de l'Economie pour qu'il exige la transparence de Saint-Gobain sur ses intentions", a expliqué à Reuters Dominique Potier, député socialiste de Meurthe-et-Moselle. Jugeant la piste chinoise "crédible" sans être certain qu'elle soit la seule, l'élu, qui a été reçu à Bercy par les services du ministre de l'Economie, voit, au-delà de la question de l'emploi, un enjeu de politique européenne. "Est-ce que l'Europe a la volonté d'affirmer une souveraineté technologique dans le domaine de l'eau potable ?" s'interroge-t-il en précisant ne pas méconnaître les tensions sur les marchés où les produits chinois et indiens coûtent moins cher. Bercy serait, selon lui, en train d'analyser les possibilités de peser sur le choix de Saint-Gobain. Le code financier et monétaire de la France soumet à autorisation préalable les investissements des pays hors Union européenne lorsqu'ils mènent à une prise de contrôle d'une activité "sensible", dont notamment "l'intégrité, la sécurité et la continuité de l'approvisionnement en eau dans le respect des normes édictées dans l'intérêt de la santé publique". La publication mercredi dans la presse de l'information sur une possible vente de Pont-à-Mousson a permis à Saint-Gobain de signer l'une des plus fortes hausses du CAC 40 avec un gain de 2,95% en fin d'après-midi. Sgob (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)
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