* Avec Macron, "tout s'est arrêté", juge l'ancien président * Le combat avec l'extrême droite "peut mal finir", prévient-il * "Le risque est réel", dit Ndiaye à propos de l'extrême droite * "Quel culot !", s'exclament les détracteurs de Hollande (Actualisé avec porte-parole du gouvernement aux §9-12) PARIS, 1er avril (Reuters) - Commentateur zélé depuis son départ de l'Elysée, François Hollande a adressé ces derniers jours à Emmanuel Macron une nouvelle salve de critiques tout en mettant en garde contre une possible arrivée au pouvoir de l'extrême droite en France. Dans le cadre de la promotion d'une version actualisée de son livre "Les Leçons du pouvoir", l'ancien chef de l'Etat attaque le bilan de son successeur, un "culot" qui lui vaut en retour d'être brocardé par des acteurs de tous bords politiques. Alors que le gouvernement ne parvient pas à endiguer la crise des "Gilets jaunes", l'ancien président a des mots durs pour les choix d'Emmanuel Macron, qu'il avait qualifié dès le début de son mandat de "président des très riches". "Le résultat au bout de deux ans n'est bon ni pour la vitalité économique, ni pour la cohésion sociale", a déclaré dimanche soir sur France 2 celui qui a dirigé la France de 2012 à 2017, renonçant in fine à se présenter pour un second mandat, une première sous la Ve République. "À vouloir tout bousculer, tout s'est arrêté", lance-t-il dans une interview publiée lundi dans Le Parisien en direction d'Emmanuel Macron, devenu aussi impopulaire que lui à pareille époque dans les sondages d'opinion. "Mais un mandat dure cinq ans, évitons de porter des jugements définitifs. Tout président peut toujours opérer des corrections, moi-même, j'en ai fait." POMPIER PYROMANE A l'heure où le discours politique se tend entre des partis extrêmes galvanisés par la montée des nationalismes en Europe et dans le monde et un chef de l'Etat désapprouvé pour son franc-parler et une politique parfois jugée trop libérale, François Hollande conseille aux formations de droite comme de gauche de ne "pas céder ni à l'outrance ni à la surenchère." "Ils doivent être de nouveau des alternatives crédibles et mobilisatrices, sinon le face-à-face entre le pouvoir actuel et l'extrême droite peut mal finir", prévient-il dans Le Parisien. La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, ancienne conseillère communication d'Emmanuel Macron à l'Elysée, n'a pas minimisé ce risque et dit la volonté de l'exécutif de le combattre. "Oui, le risque est réel, d’ailleurs les élections européennes permettront sans doute de le voir", a-t-elle déclaré lundi lors du compte rendu du conseil des ministres. "S’il y a dans ce pays des gens qui sont profondément conscients du risque que l’extrême droite arrive aujourd’hui dans ce pays au pouvoir, c’est évidemment à la fois les membres de la majorité présidentielle et en particulier, au premier chef d’entre eux, le président de la République", qui a affronté Marine Le Pen au second tour, a-t-elle ajouté. Emmanuel Macron "avait eu l’occasion dès son élection de dire que nous avions une obligation impérative de réussite - c’est d’ailleurs ce que la crise des Gilets jaunes montre également - parce que les attentes de nos concitoyens en matières de transformation, de justice, de réformes sont extrêmement profondes", a encore déclaré Sibeth Ndiaye. François Hollande ajoute que "l'exercice du pouvoir est un exercice difficile qui suppose de bien comprendre notre pays", glisse-t-il aussi à l'adresse de celui qu'il nomma conseiller puis ministre de l'Economie avant de le voir briguer l'Elysée. Une analyse qui a déclenché en boomerang une salve de railleries à la hauteur de ses flèches. "Quel culot !", s'est exclamé sur Franceinfo l'écologiste Yannick Jadot. "Il est quand même incroyable ce type. Il a gouverné le pays pendant cinq ans, il laisse son parti politique en vrac (...) et comme ça il continue à donner la leçon à tout le monde, je le trouve d'un incroyable culot." Des critiques sur le thème du pompier pyromane qui rejoignent celle de la présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse. "Quand je vois François Hollande tirer la sonnette d'alarme, en disant que le Front national peut gagner dans le pays on a quand même envie de lui renvoyer la balle et de dire 'la faute à qui ?'", s'est interrogée l'ancienne ministre sur BFM TV et RMC. "Quand on a mis le pays dans la panade, on ne vient pas ensuite jouer les pompiers." "CE QUE JE CROIS" Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a lui aussi jugé sur France Inter l'ancien président "mal placé pour donner des conseils et des notes". "S'il avait été un bon président, s'il avait été poussé par une politique qui avait servi la France, nous n'aurions pas eu d'une part les 'Gilets jaunes', et il aurait surtout pu se représenter à l'élection présidentielle", a-t-il considéré, estimant que "du point de vue économique et social on ne peut pas dire qu'il ait été au rendez-vous de l'Histoire." Nostalgique, l'ancien chef de l'Etat "essaie de vivre par procuration le mandat présidentiel qu'il n'a pas vécu", a estimé pour sa part sur Radio Classique le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau. Remis en selle par la promotion de son livre, qui a donné lieu à des séances de dédicaces courues dans tout le pays, François Hollande, 64 ans, conjugue au futur sa vie politique. "Je reste comptable de la charge qui fut la mienne comme des actions que j'ai entreprises", écrit-il dans un nouveau chapitre consulté par Reuters. "Mais ma vie nouvelle me laisse libre de défendre, au plus profond de moi-même, ce que je crois." (Elizabeth Pineau, avec Julie Carriat, Jean-Baptiste Vey et Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)
France-Hollande met en garde Macron et s'attire des railleries
information fournie par Reuters 01/04/2019 à 14:53
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