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ENTRETIEN MARCHÉS-Les mandats des banques centrales vont changer-Candriam
information fournie par Reuters 22/07/2019 à 14:43

    * La donne monétaire a changé, dit Nicolas Forest (Candriam)
    * Les taux appelés à rester durablement bas
    * La Fed devrait baisser les siens de 25 points de base
    * La BCE se contentera de préparer le terrain

    par Patrick Vignal
    PARIS, 22 juillet (Reuters) - Une inflation introuvable et
des taux appelés à rester durablement bas devraient conduire les
grandes banques centrales à modifier leur mandat dans les
prochaines années, dit-on chez Candriam à quelques jours
d'annonces très attendues de la Banque centrale européenne et de
la Réserve fédérale.
    La BCE et la Fed, dont le verdict est attendu respectivement
pour jeudi et le 31 juillet, les marchés s'attendant au maintien
par chacune d'une posture accommodante, ont pour mandat de
veiller à la stabilité des prix, s'y ajoutant pour la banque
centrale américaine celui d'oeuvrer pour le plein emploi.
    "Les mandats de politique monétaire vont changer dans les
prochaines années parce que l'inflation est basse et parce que
les banques centrales ont compromis leur indépendance en
achetant massivement de la dette", a déclaré lundi à Reuters
Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire chez
Candriam. 
    "Dans un contexte de faible inflation, si les taux devaient
remonter, des dettes comme la dette italienne ne seraient
certainement pas soutenables. Les considérations de politique
monétaire aujourd'hui sont ainsi davantage liées à l'aspect
politique qu'à l'aspect monétaire."
    La nouvelle donne monétaire s'explique également par la
décorrélation entre la politique de la Fed et celle des autres
banques centrales, prolonge Nicolas Forest.
    Cet argument est étayé par le fait que la Fed s'apprête à
baisser ses taux alors que la BCE, qui a jeté ses plans de
normalisation monétaire aux orties, n'a pas réussi à relever les
siens.
    
    NOUVELLE DONNE
    "La politique monétaire a changé de configuration depuis 10
ans", souligne l'expert de Candriam.
    "Si vous regardez la croissance, l'emploi et l'inflation, il
n'y a pas de raison de baisser les taux aux Etats-Unis. Mais il
y a des facteurs qui ont évolué, notamment le fait qu'avant, la
banque centrale américaine était suivie par toutes les banques
centrales du monde, ce qui n'est plus le cas. Les Américains ne
veulent pas être les dindons de la farce monétaire avec le
risque que le dollar soit plus élevé."
    Le contrôle de la devise est ainsi au coeur des stratégies
des deux banques centrales, conscientes qu'une monnaie trop
forte pénaliserait la croissance, ajoute-t-il.
    "On est entré dans une nouvelle ère dans laquelle chaque
banquier central est un peu seul dans son laboratoire à tester
différentes formules", dit-il.

    LA BCE FOURBIT SES ARMES  
    Selon Nicolas Forest, la BCE devrait se contenter jeudi de
préparer le terrain à plusieurs actions à venir, dans la lignée
de la position défendue le mois dernier par son président, Mario
Draghi, qui s'était déclaré prêt à mettre en oeuvre toutes les
mesures nécessaires pour relancer l'inflation et soutenir la
croissance dans la zone euro.
    Sans se prononcer précisément sur l'arsenal que choisira la
BCE, Nicolas Forest la voit à la fois agir sur les taux et
relancer son programme de rachats d'actifs. 
    "Ce qui est sûr, c'est que le marché s'attend à une baisse
du taux de dépôt, qui devrait être modeste avec un système de
paliers ("tiering") pour préserver les revenus des banques
européennes, qui souffrent dans un environnement de taux
négatifs", dit-il.
    "Tout l'art de la BCE, c'est de faire très peu en donnant
l'impression de faire beaucoup, le but étant de maintenir les
taux à des niveaux très bas mais aussi d'éviter l'appréciation
de l'euro dans le sillage de la baisse des taux américains."
    En ce qui concerne la reprise de l'assouplissement
quantitatif (quantitative easing, QE), Nicolas Forest sait que
l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui cite des sources au
sein de la BCE, parie sur le mois de novembre  . Mais
lui-même pense plutôt qu'elle interviendra l'année prochaine. 
    "Sur la base de 30 milliards d'euros par mois, la BCE
absorberait toutes les émissions nettes en 2020, ce qui
permettra à la zone euro de rester dans un territoire de taux
bas pour faire en sorte que le service de la dette demeure
soutenable pour les Etats comme pour les entreprises", dit-il.
    Quant à la Fed, elle doit trancher entre ceux, majoritaires,
qui la voient baisser ses taux de 25 points de base et les
autres, relativement nombreux, qui misent sur une baisse d'un
demi-point de pourcentage.
    "Mon avis personnel, c'est qu'il y aura une baisse de
seulement 25 points de base parce que la situation économique ne
justifie pas une baisse de 50 points", dit Nicolas Forest.
    "Le paradigme monétaire a changé et Jerome Powell (le
président de la Fed, NDLR) le prend en compte avec l'éventualité
d'une baisse de taux préventive. Il y a évidemment une
intervention dans le débat de l'administration américaine mais
je pense qu'il pilote cela de façon indépendante."
     
    Voir aussi :  
    GRAPHES-Cinq questions avant la réunion de la BCE
    La BCE prépare le terrain avant de sortir son
arsenal-Allianz GI  
    

 (édité par Véronique Tison)
 

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