
La biotech belge a dévoilé les résultats de plusieurs essais cliniques de phase I honorables mais son action a chuté de 30%. (crédit : Adobe Stock)
La publication de résultats à priori positifs d'un point de vue scientifique ne suffisent pas toujours à obtenir les faveurs de la bourse. Celyad vient d'en faire l'expérience.
La biotech belge a dévoilé les résultats de plusieurs essais cliniques de phase I, menés avec CYAD-01, son CAR-T autologue (lymphocytes T prélevés chez les patients, cultivés in vitro, puis modifiés pour leur faire exprimer un récepteur artificiel, reconnaissant spécifiquement les cellules tumorales) et son candidat-médicament le plus avancé. Mais son action, cotée à Paris, Bruxelles et sur le Nasdaq à New York, a chuté de 30%.
«Les attentes du marché étaient bien supérieures à ce que la société pouvait publier en phase I. Certains avaient des espoirs de preuves d'efficacité pour pouvoir se projeter. Or, ce n'est pas l'objectif à ce stade-là. L'impact boursier semble irrationnel par rapport aux résultats», décrypte Martial Descoutures, analyste chez Oddo BHF.
De nouveaux résultats attendus fin 2019
Celyad a publié des données complémentaires issues sur deux études. Dans la première, baptisée THINK, les données portaient sur 13 nouveaux patients souffrant de différents cancers du sang. Chez 6 d'entre eux, le produit a montré une «activité anti-leucémique» et pour 4 sur 13 des «réponses objectives». Les effets secondaires liés au traitement ont concerné 8 patients sur 20 (population totale de l'essai) mais se sont avéré maitrisables. Il s'agit notamment du «syndrome de relargage des cytokines», observé avec tous les CAR-T et traité avec immmunosuppresseur, le tocilizumab. Ces observations «montrent que la thérapie cellulaire est en général bien tolérée», selon le dr Frédéric Lehmann, vice-président du développement clinique et des affaires médicales de la biotech belge. Un point essentiel car Celyad va poursuivre cette étude et passer à des injections plus denses, comprenant 3 milliards de cellules, avec des résultats attendus fin 2019.
L'étude DEPLETHINK cible également différents types de cancers du sang. Mais, dans ce protocole, l'administration de CYAD01 se fait après «lymphodéplétion», une phase de chimiothérapie destinée à créer un environnement favorable aux cellules CAR-T et leur permettre de mieux se développer. Celyad a présenté ici les premiers résultats d'efficacité dans cet essai, avec des données sur 5 patients, dont 2 ont montré une stabilisation de la maladie.
L'essai a aussi permis d'observer une meilleure prise de la greffe des CAR-T dans DEPLETHINK que dans l'essai THINK, malgré une unique administration (contre trois) et à faible dose (100 millions de cellules).
Fort de ces résultats et de données de sécurité acceptables - “la libération de cytokine reste contrôlée ; ils ne présentent donc pas pour le moment une toxicité qui limiterait la dose du traitement” détaille Martial Descoutures - Celyad va poursuivre l'essai DEPLETHINK en testant des doses plus élevées (300 millions à un milliard de cellules). Les résultats préliminaires de ces cohortes sont également attendus fin 2019.
Une visibilité limitée
La collecte de toutes ces données cliniques précoces, issues de cohortes successives, servent un objectif : concevoir une phase II avec les meilleures caractéristiques possibles. Son lancement est prévu pour 2020. Outre CYAD-01, Celyad développe d'autres candidats-médicaments : CYAD-101 (CAR-T allogénique fabriqué à partir de cellules de donneurs sains), CYAD-02 (CAR-T autologue), ainsi qu'une nouvelle plateforme de CAR-T allogéniques, shRNA, lancée en mars dernier et encore au stade préclinique (lire notre article Celyad place ses pions dans les CAR-T allogéniques ). Trois candidats-médicaments issus de cette shRNA sont censés entrer en clinique entre 2020 et 2021.
Néanmoins, tous ces projets au long cours ne sont pas encore entrés dans les modèles des analystes, puisque la visibilité financière biotech belge est limitée à mi-2020. «D'ici là, la société aura peu d'actualité mais devra néanmoins mettre en place les modalités de son refinancement. Les résultats finaux de THINK, de DEPLETHINK et le lancement de cette phase II constitueront les catalyseurs principaux», conclut Martial Descoutures. D'où la nervosité des investisseurs face à des résultats cliniques honorables, mais encore insuffisants sans doute pour garantir le succès.
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