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Prix du baril de pétrole : qu’attendre de l’OPEP+ ?
information fournie par Le Cercle des économistes 14/03/2022 à 08:51

Patrice  Geoffron
Patrice  Geoffron

Patrice Geoffron

université Paris-Dauphine

Professeur d'économie

https://www.dauphine.psl.eu/fr/index.html

La guerre en Ukraine met la stabilité interne de l’alliance à l’épreuve. A l’évidence, la Russie et l’Arabie Saoudite n’entretiennent pas les mêmes relations de long-terme avec les États-Unis. (Crédits photo : Adobe Stock -  )

La guerre en Ukraine met la stabilité interne de l’alliance à l’épreuve. A l’évidence, la Russie et l’Arabie Saoudite n’entretiennent pas les mêmes relations de long-terme avec les États-Unis. (Crédits photo : Adobe Stock - )

La dépendance de l'Europe au gaz russe a conduit à concentrer l'attention sur ce front, par crainte d'une interruption hivernale des livraisons. Mais l'envolée du prix du baril – frôlant son record de 150 $ atteint en 2008 – impose de se préoccuper du front pétrolier, insiste Patrice Geoffron.

Une augmentation de l'offre dans les mois à venir serait-elle de nature à restabiliser les prix sous les 100 $ ? Répondre à la question suppose de comprendre comment l'OPEP+ (l'Arabie Saoudite, la Russie et leur vingtaine d'alliés) pourrait moduler sa production.
Il importe, pour cela, de remonter aux origines de l'OPEP+ : cette alliance est née en 2017, pour contrer la chute du baril intervenue en 2014, sous la pression d'une montée de la production américaine. Malgré quelques secousses au début de la pandémie en 2020 (où le prix s'est effondré), cette alliance a tenu sur la durée, et pilote en 2021 une remontée prudente de la production de pétrole, à « petits pas », dans un contexte à la fois de rebond de la demande et d'incertitude macroéconomique (cf. les risques de reprise de la pandémie en Asie).

La guerre en Ukraine met la stabilité interne de l'alliance à l'épreuve. A l'évidence, la Russie et l'Arabie Saoudite n'entretiennent pas les mêmes relations de long-terme avec les États-Unis. La réunion de l'OPEP+, début mars, a conduit au statu quo, en maintenant les « petits pas », avec un accroissement de la production à 400 000 barils par jour (pour une production mondiale de 100 millions). Les États-Unis s'efforcent de faire pression, notamment sur les Saoudiens et les Émiratis, pour ouvrir plus largement les vannes, la flambée du prix à la pompe constituant une menace pour Joe Biden dans la perspective des élections de mi-mandat.

Quelles marges de manoeuvre ?

Mais, en l'état, il n'est pas acquis que des marges de manœuvre existent réellement. Dès avant le début du conflit, certains producteurs peinaient déjà à atteindre leur quota (Nigéria, Angola, Libyen en particulier), en raison de problèmes techniques ou d'une instabilité interne. Certes, l'Iran a annoncé sa volonté d'augmenter sa capacité d'exportation au niveau de 2018, moment d'entrée en vigueur des sanctions américaines qui les frappent depuis lors. Mais ce flux additionnel est subordonné à l'aboutissement des négociations de Vienne sur le nucléaire iranien, soumises à une approbation de la Russie… Plus globalement, les tensions actuelles sont également liées à ce que l'Agence Internationale de l'Energie qualifie de « barils manquants », en raison de la réduction des investissements dans l'amont pétrolier, ces dernières années, sous l'effet de la lutte contre le changement climatique et du choc sanitaire.

Le secrétaire général de l'OPEP, Mohammad Barkindo, a déclaré récemment lors d'une conférence internationale aux États-Unis, qu'il serait difficile de compenser une partie des 7 à 8 millions de barils de la Russie exportés quotidiennement. Et qu'il faudrait « être un magicien » pour continuer à maintenir ce volume de production du côté de la Russie, à un tel niveau de sanctions. M. Barkindo a également plaidé pour ne « pas politiser l'énergie ». Formule étrange car, quelle que soit la décision des exportateurs pétroliers dans l'avenir proche, elle aura une portée politique, en faveur des Européens et Américains, ou des Russes. La dépolitisation de l'énergie est, plus que jamais, une fiction.

Qu'en retenir vu d'Europe ? Ce « grand jeu » pétrolier est triangulaire, entre Riyad, Moscou et Washington (ou Houston), sans qu'une capitale européenne soit conviée à la table. La détermination de l'UE à annihiler les importations d'énergie fossile russe en 2027 doit constituer une première étape, douloureuse sans doute. Au-delà, pour un vieux continent qui n'extraira (presque) plus d'énergies fossiles de son sous-sol, l'invention d'une « société décarbonée » est la seule issue. Nous savons maintenant que préservation de l'environnement et de notre sécurité sont alignés. A ne pas oublier si la paix revenait.

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16 commentaires

  • 23 mars 18:05

    Les producteurs de petrole américains se frottent les mains et remercient grassement leur marionnette Zelenski (voir Zelenski sur wikipedia)


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