par Christopher Bing, Joseph Menn et Raphael Satter
WASHINGTON, 17 mars (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a vraisemblablement dirigé des efforts destinés à tenter d'inverser le résultat de l'élection présidentielle américaine de novembre dernier au profit de Donald Trump, montre un rapport des services du renseignement américain publié mardi.
Deux sources ont déclaré qu'il était attendu que Washington impose des sanctions contre Moscou dès la semaine prochaine dans le cadre de ces accusations.
Le rapport de 15 pages, publié par le Bureau du directeur du Renseignement national, vient étayer des accusations de longue date selon lesquelles certains lieutenants de Donald Trump ont fait le jeu de la Russie en amplifiant des accusations effectuées par des personnalités ukrainiennes liées à Moscou contre Joe Biden, alors rival démocrate du président républicain sortant, en amont du scrutin de novembre.
Il inclut de nouveaux éléments indiquant que Vladimir Poutine a supervisé ou, a minima, ordonné une ingérence dans l'élection présidentielle américaine au profit de Donald Trump.
Selon le document, des personnalités ukrainiennes soutenues par Moscou, comme le parlementaire Andrey Derkach, ont recruté des figures politiques aux Etats-Unis - dont les identités ne sont pas précisées - dans le but que celles-ci "salissent" l'image de Joe Biden et de son fils Hunter Biden, cibles d'accusations de corruption répétées par Donald Trump.
Andrey Derkach, qui a rencontré en 2019 l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, est considéré par les services du renseignement américain comme un individu dont les mouvements ont été traqués, sinon guidés, par Vladimir Poutine.
"D'autres hauts représentants ont aussi participé aux efforts d'interférence électorale de la Russie - dont des cadres des services de sécurité et du renseignement qui, selon notre évaluation, n'auraient pas agi sans avoir reçu au moins l'aval tacite de Poutine", dit le rapport.
Joe Biden a battu Donald Trump lors du scrutin du 3 novembre avant de s'installer à la Maison blanche le 20 janvier.
LE RÉCIT ALTERNATIF D'UNE INGÉRENCE CHINOISE ÉCARTÉ
Par le passé, les agences américaines du renseignement et l'ancien procureur spécial Robert Mueller avaient conclu que la Russie avait aussi interféré dans l'élection présidentielle de 2016 afin d'appuyer la candidature de Donald Trump, en menant une campagne de propagande destinée à nuire à sa rivale Hillary Clinton.
Au cours de sa longue enquête, Robert Mueller avait trouvé trace d'échanges multiples entre l'équipe de campagne de Trump en 2016 et la Russie.
La Chambre des représentants avait alors mis en accusation Donald Trump pour avoir fait pression sur l'Ukraine pour qu'elle enquête sur Joe Biden et son fils. Ce premier procès en destitution de l'ancien président s'était soldé par un acquittement au Sénat en février 2020.
Les services du renseignement américain indiquent dans le rapport publié mardi avoir aussi trouvé trace d'autres tentatives étrangères pour faire basculer le vote des Américains l'an dernier, notamment une campagne "d'influence secrète à plusieurs niveaux" menée par l'Iran dans le but d'amenuiser le soutien dont bénéficiait Donald Trump.
Par ailleurs, le document dément le récit alternatif proposé par des alliés de Donald Trump selon lesquels la Chine a interféré dans le scrutin de novembre au profit de Joe Biden.
"La Chine a cherché de la stabilité dans sa relation avec les Etats-Unis et n'a vu aucune des deux issues possibles au scrutin représenter un avantage suffisant pour que la Chine risque un retour de flammes si elle était prise sur le fait", est-il écrit.
Les ambassades russe et chinoise à Washington n'ont pu être jointes dans l'immédiat pour un commentaire. La mission diplomatique iranienne aux Nations unies n'a pas répondu à une demande de commentaire.
Moscou, Pékin et Téhéran démentent régulièrement les accusations d'espionnage informatique et d'interférence électorale.
La Maison blanche n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire sur la possible imposition de sanctions contre la Russie dès la semaine prochaine, comme l'a rapporté en premier lieu CNN.
Interrogé sur l'information rapportée par la chaîne de télévision américaine, un représentant de l'administration Biden a déclaré que le président américain avait "clairement" indiqué par le passé que Washington pourrait prendre des mesures face à des tentatives de déstabilisation menées par Moscou, notant les démarches américaines pour répondre à l'usage supposé par la Russie d'une arme chimique contre l'opposant Alexeï Navalny.
"Il y aura davantage bientôt", a dit le représentant, sous couvert d'anonymat.
<^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Putin calls for internet bound by moral rules, criticises opposition rallies
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(avec Eric Beech, Arshad Mohammed, Daphne Psaledakis et Andrea Shalal; version française Jean Terzian)
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