* Le Brexit pourrait être reporté à janvier, mars, voire mi-2020 * La préparation du budget 2021 est une ligne rouge * Discussions entre les 27 au sommet des 17 et 18 octobre * Johnson reste fermement opposé à un report * Macron pas enthousiaste non plus par Gabriela Baczynska BRUXELLES, 26 septembre (Reuters) - Le camouflet infligé par la Cour suprême britannique à Boris Johnson et la perspective d'élections anticipées ont relancé en Europe le débat sur un hypothétique nouveau report de la date du Brexit, à la mi-2020 au plus tard. A Londres, deux camps semblent irréconciliables, celui du Premier ministre qui entend mener le Brexit à bien le 31 octobre coûte que coûte et celui de la majorité de parlementaires qui ont adopté un texte exigeant de lui qu'il réclame un report du Brexit si aucun accord n'est trouvé. Boris Johnson pensait pourtant avoir trouvé une parade en faisant suspendre les travaux du Parlement, mais l'annulation de cette décision par la Cour suprême l'a fragilisé et donné du champ aux parlementaires britanniques pour tenter d'empêcher une sortie sans accord. Cet énième rebondissement dans l'interminable feuilleton du Brexit oblige les Européens à se préparer à l'hypothèse d'un nouveau report du Brexit, déjà repoussé à deux reprises. "Nous sommes d'accord pour un report si on a une idée de ce qu'il va se passer, s'il y aura de nouvelles élections, un second référendum, s'il y aura un accord de retrait", a résumé mercredi Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et parlementaire européen impliqué dans les négociations. "Je pense qu'il y a une unanimité pour dire 'd'accord, accordons un report s'il y a un chemin qui se dessine vers une solution et le dénouement de la situation actuelle'", a-t-il déclaré. La perspective d'élections anticipées en Grande-Bretagne d'ici la fin de l'année pourrait justifier le report de la date du Brexit, à condition que les 27 Etats restants l'approuvent à l'unanimité et que Londres en fasse la demande. Boris Johnson martèle pourtant qu'il ne le fera pas, ce qui incite certains observateurs à penser qu'il pourrait démissionner et laisser quelqu'un d'autre formuler cette humiliante requête auprès des autorités européennes. Si un nouveau report du Brexit était effectivement décidé, encore faudrait-il que les uns et les autres s'accordent sur une nouvelle date butoir alors que plus de trois ans se sont déjà écoulés depuis le référendum. BOUCLER LE BUDGET Le sommet européen des 17 et 18 octobre offrira aux dirigeants des 27 l'occasion de s'accorder, en l'absence de Boris Johnson, sur la durée de ce nouveau sursis. "Janvier pourrait être un peu trop proche pour nous", a dit à Reuters un diplomate européen. "Rien ne permet de dire avec certitude que les Britanniques auront d'ici là trouvé un moyen de s'en sortir, si bien que le risque serait grand de devoir organiser un nouveau sommet et devoir repousser le Brexit une nouvelle fois tout en maintenant intacte la perspective d'un Brexit sans accord." "Pour nous, la meilleure solution serait un report de six mois", a poursuivi cette source qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat. Depuis longtemps gagnés par la lassitude, les responsables européens espèrent boucler au plus vite le dossier du Brexit qui fige les initiatives de Bruxelles et alimente les incertitudes pesant sur les budgets à compter de 2021. Plusieurs diplomates avancent qu'il ne saurait être question d'aller au-delà de la mi-2020, date à laquelle l'Union aura besoin de savoir avec certitude si Londres continuera ou non de contribuer au financement du bloc. "Il pourrait y avoir un long (report) ou deux courts. Quoi qu'il en soit, la date butoir se situe au milieu de l'année prochaine parce que nous devons être capables de conclure notre propre budget au deuxième semestre 2020 au plus tard", a dit un haut diplomate européen. Une troisième source européenne a appuyé le message: "Nous ne voyons aucune objection aux reports si tant est qu'ils ne viennent pas nous empêcher de finaliser le budget, ce qui doit se produire à la deuxième partie de 2020." Un autre obstacle, et non des moindres, à l'octroi d'un nouveau report du Brexit est l'attitude de fermeté affichée par Emmanuel Macron, fort du soutien de la Belgique et du Luxembourg qui ne cachent plus leur exaspération. Il s'est à plusieurs reprises opposé à un report du Brexit au-delà du 31 octobre, même si la position française est en réalité un peu plus nuancée et qu'elle pourrait s'assouplir si le gouvernement britannique le justifiait par un "fait politique nouveau" comme une élection ou un référendum. "Procrastiner serait une erreur", a toutefois prévenu cet été le président français. Pour les partisans de la fermeté, le climat d'incertitude prévalant depuis juin 2016 érode le capital politique de l'Union et l'éloigne des priorités qui devraient être les siennes. "Encore une fois, je le répète, le Brexit n’est pas notre choix, c’est un cauchemar", a lancé le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel après une entrevue avec Boris Johnson, laissant transparaître l'immense lassitude des Européens. "J'ai entendu beaucoup de choses, mais je voudrais en lire sur papier. Or, il n'y a rien d'écrit. Pour le moment, rien de neuf ne se trouve sur la table. Or, il serait temps d'arrêter de parler pour agir". (Nicolas Delame pour le service français, édité par Sophie Louet)
L'UE commence à réfléchir à une nouvelle date pour le Brexit
information fournie par Reuters 26/09/2019 à 16:06
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