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France-"Mardi noir" contre la réforme des retraites, nouvel acte samedi
information fournie par Reuters 07/03/2023 à 20:29

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Une 6e journée de mobilisation très suivie dans la rue

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Fortes perturbations dans les transports et les raffineries

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Le mouvement se durcit avec des appels à la grève reconductible

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Les syndicats déplorent l'absence de réaction du gouvernement

(Actualisé avec nombre de manifestants, nouvel appel à manifester)

par Blandine Henault et Elizabeth Pineau

PARIS, 7 mars (Reuters) - La sixième journée de mobilisation en France contre le projet gouvernemental de réforme des retraites a été très suivie mardi, dans la rue et les transports notamment, alors que les sénateurs débattaient de l'article relatif au report de l'âge légal de départ à la retraite - une mesure phare très impopulaire.

D'après les données du ministère de l'Intérieur, quelque 1,28 million de personnes ont manifesté à travers le pays, dont 81.000 à Paris. La CGT, qui a salué une "mobilisation historique", a fait état de 3,5 millions de manifestants, dont 700.000 dans la capitale.

Il s'agit d'un pic du mouvement de contestation entamé en début d'année contre le projet de réforme des retraites, alors que l'acte II de la mobilisation, le 31 janvier, avait rassemblé 1,27 million de personnes dans le pays selon les autorités, 2 millions de personnes selon les syndicats.

Réunie en fin de journée, l'intersyndicale a appelé à manifester de nouveau à travers le pays samedi, dans le sillage de ce sixième acte destiné à durcir le mouvement.

Les organisations syndicales font front commun dans leur rejet du relèvement de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

"C'est la plus grande mobilisation depuis le début du conflit", a déclaré dans le cortège parisien le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, évoquant dès le début de la journée une "mobilisation historique".

"Ce qui nous remonte pour l'instant, c'est mieux que le 31", a renchéri son confrère de la CFDT, Laurent Berger, en référence à la journée du 31 janvier.

A Paris, des tensions ont éclaté à Port-Royal, ainsi que sur la Place d'Italie, lieu d'arrivée du cortège. Des images de Reuters ont montré des personnes encagoulées dégrader du mobilier urbain, brûler des poubelles et jeter des projectiles sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène.

Tandis que l'opération de dispersion touchait à sa fin sur la Place d'Italie, la préfecture de police de Paris a indiqué avoir procédé à 43 interpellations dans la capitale.

A Marseille et à Nantes, syndicats et police ont évoqué une mobilisation supérieure aux précédentes journées d'action.

GRÈVE DES ROUTIERS, ENSEIGNANTS, ÉBOUEURS...

"Les gens en ont marre, ils sont épuisés, ils voient autour d'eux plein de collègues qui n'arrivent pas à l'âge légal de retraite actuel, donc comment espérer qu'ils aillent jusqu'à 64 ? Nous c'est 64 et nos enfants ce sera quel âge, 66 ?", a dit Jessica Trocme, 41 ans, déléguée syndicale dans un supermarché Lidl à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

Interpellé par un député La France insoumise lors des questions d'actualité du gouvernement à l'Assemblée nationale, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a reproché au parti de Jean-Luc Mélenchon de vouloir mettre le pays "à genoux".

"Mettre l'économie à genoux c'est mettre les salariés à genoux, c'est mettre en difficulté les petites entreprises, c'est mettre en difficulté les plus fragiles dans notre société", a-t-il dit.

Les expéditions sur les sites de TotalEnergies TTEF.PA étaient stoppées mardi, sans entraîner dans l'immédiat de problèmes à la pompe, a indiqué un porte-parole du groupe pétrolier.

La CGT a par ailleurs reconduit la grève sur l'ensemble des sites de TotalEnergies, a déclaré Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe, à Reuters.

"Nos actions vont faire que, très rapidement, de très grosses difficultés d'approvisionnement vont être rencontrées", a toutefois prévenu Lionel Ardiol, élu CGT chez ExxonMobil sur le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), alors que plusieurs raffineries en France ont entamé une grève reconductible.

Selon une porte-parole d'Engie ENGIE.PA , les trois terminaux méthaniers d'Elengy (Hauts-de-Seine) étaient à l'arrêt. Le groupe a relevé à la mi-journée 39,4% de grévistes ayant le statut IEG (industries électriques et gazières).

Dès vendredi, la CGT Mines et Energie (FNME-CGT) avait entamé une grève reconductible, suivie dimanche par la Fédération nationale des transports et de la logistique (FNTL) qui a appelé les routiers à se mettre en grève "pour une durée illimitée".

A la SNCF et à la RATP, le trafic était "très perturbé" mardi, avec un TGV et TER sur cinq annoncés. Les syndicats de la SNCF ont annoncé un taux de grévistes de 39% à midi, en hausse par rapport aux trois dernières journées d'action.

CIRCULATION RATP ET SNCF PLUS FLUIDE MERCREDI

Pour mercredi, la RATP dit prévoir un trafic en amélioration, sauf pour le métro qui va rester très perturbé. La SNCF prévoit elle aussi une amélioration de la circulation des trains, sauf sur les lignes opérées par SNCF Voyageurs et elle recommande aux usagers qui le peuvent d'annuler ou reporter les déplacements prévus mercredi et jeudi sur ce service.

Le trafic aérien dans les aéroports parisiens devait être réduit mardi et mercredi de 20% à 30%.

Dans l'enseignement, le ministère de l'Éducation nationale a fait savoir à la mi-journée que le taux de grévistes chez les enseignants, tous niveaux confondus, était de 32,71%.

Les syndicats ont appelé à une mobilisation mercredi à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, ces dernières étant considérées comme les plus affectées par la réforme, selon les détracteurs du texte.

Selon des chiffres officiels, le taux de grévistes était de 24,4% à la mi-journée dans la fonction publique d'Etat. Il atteignait 47,65% en fin de journée chez EDF, selon la direction.

Grève aussi chez les éboueurs, notamment à Paris où les services de nettoyage et de collecte des déchets était "très perturbés", selon l'adjointe à la maire Colombe Brossel.

Jusqu'à présent, le gouvernement a fait profil bas face à la contestation, laissant l'examen du projet de cette réforme se dérouler au Parlement, où les sénateurs débattent jusqu'à dimanche.

Les élus de la chambre haute, où la droite est majoritaire, avaient examiné mardi à la mi-journée cinq articles du texte qui en compte 20.

Ils ont commencé en fin d'après-midi à débattre de l'article 7 relatif au report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite, mesure-phare rejetée par une large majorité de Français selon tous les sondages d'opinion. Cet article devrait vraisemblablement être adopté dans la soirée ou dans la nuit de mardi à mercredi.

(Rédigé par Blandine Hénault, Elizabeth Pineau et Kate Entringer, avec la contribution d'Alain Acco, Ingrid Melander, Benjamin Mallet et Clotaire Achi à Paris, Marc Leras à Marseille, Stéphane Mahé à Saint-Nazaire, édité par Jean Terzian)

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