Mais alors on en est où ?
Et pendant que Moody’s fait sa cuisine, les marchés ont donc terminé une semaine en fanfare. Les marchés explosent à la hausse… et les raisons de s’inquiéter ont aussi commencé à exploser. Pour l’instant, ça monte, ça monte, ça monte (enfin, ça montait, ça montait jusqu’à vendredi soir). Et pendant que les bulls galopent à Wall Street comme si on avait découvert du pétrole sous la Maison Blanche, la bonne vieille question du “jusqu’où ça peut aller” revient frapper à la porte. Parce que derrière les sourires d’investisseurs et les déclarations de victoire des stratèges, les fondamentaux commencent à sérieusement à soulever quelques questions. On se lance donc dans une petite récapitulation de début de semaine…
• Le S&P 500 a effacé toutes ses pertes de 2025 et était en hausse de 1.3% sur l’année
• Pareil sur le Dow Jones et le Nasdaq
• Le DAX est en hause de 19% depuis le premier janvier – en fait 2025 c’était plutôt « Deutschland wieder groß machen » que Make America Great Again si l’on se base seulement sur les chiffres
• À propos de chiffres, on retiendra quand même que les chiffres du premier trimestre 2025 ne sont pas aussi moches que ça – alors oui, on sait que l’impact des droits de douane ne s’est pas encore faire sentir et nous allons donc devoir attendre le second trimestre, voire le troisième, néanmoins nous avons eu résultats trimestriels solides (92% des boîtes du S&P ont publié à ce jour et 78% d’entre elles ont battu les attentes sur les profits, 62% sur le chiffre d’affaires).
• Un délai de 90 jours sur les nouveaux tarifs douaniers a été négocié entre Washington et Pékin – et ça booste l’optimisme des investisseurs qui chantent haut et fort : « QUE PEUT-IL NOUS ARRIVER MAINTENANT ? »… On notera qu’à ce jour, il ne reste plus que 85 jours. Et pour ce qui est du reste du monde, il ne reste plus que 50 jours. De moratoire.
• Et puis, pour terminer, les chiffres de l’inflation que nous avons eu la semaine dernière, montrent que ça va un peu mieux (bon, là aussi, il faudra noter qu’on n’a pas encore des masses de recul par rapport à la mise en place des tarifs douaniers), mais ça calme un peu les marchés obligataires, pendant que Powell reste immobile et impassible.
Mais attention, le revers de la médaille de tout ça, c’est que la fête a un prix. Et ce prix, c’est que la Bourse commence à redevenir trop chère. Le P/E anticipé du S&P 500 est remonté à 21.5. Il était à 18.0 début avril. C’est au-dessus de la moyenne de 5 ans (20.25), et ça commence à sentir le « trop cher ». Parce qu’en parallèle, les attentes de bénéfices pour 2025 sont en baisse, avec un consensus désormais à 263$ par action, contre 271$ mi-mars. En gros, on paie plus pour des profits moindres. C’est pas non plus génial, non ? Après, on va temporiser parce qu’il ne faut pas non plus oublier que les analystes calculent leurs attentes de résultats en fonction de ce que leur donnent les sociétés et en ce moment, il faut tout de même retenir que les sociétés en question ont toutes plus ou moins annoncé qu’elles ne voyaient absolument rien et que l’avenir se résumait à un immense banc de brouillard opaque à couper au couteau.