L'histoire de l'usine LVMH à Alvarado, Texas, met en lumière les défis rencontrés par le groupe dans sa tentative de réindustrialisation aux États-Unis. Inaugurée en octobre 2019 par Donald Trump et Bernard Arnault, l'usine était censée créer 1 000 emplois spécialisés. Cependant, cinq ans plus tard, elle n'emploie que 300 personnes et est considérée comme l'un des sites les moins performants de la marque.
Une enquête de Reuters révèle que le site souffre d'un manque de travailleurs qualifiés, ce qui affecte la qualité de production. Les employés ont du mal à maîtriser les techniques nécessaires pour fabriquer des sacs de luxe, entraînant un taux de gaspillage de 40 % des matériaux, bien au-dessus de la norme de 20 % dans l'industrie. Des témoignages d'anciens employés évoquent des pratiques douteuses, comme la dissimulation de défauts dans les produits.
LVMH, tout en reconnaissant ces problèmes, continue de former son personnel selon les mêmes standards que dans ses ateliers français. Le directeur industriel de la marque admet que le processus de montée en compétence a été plus difficile que prévu. De plus, l'entreprise bénéficie d'avantages fiscaux au Texas, ce qui complique la situation.
Les difficultés rencontrées par LVMH soulignent les défis de la réindustrialisation promise par Trump, notamment le besoin de compétences spécifiques qui ne sont pas facilement transférables. Les experts notent que le secteur du luxe nécessite un savoir-faire traditionnel difficile à implanter dans un nouveau contexte.
D'autres expériences similaires, notamment celle de l'entreprise taïwanaise TSMC, spécialisée dans la fabrication de microprocesseurs ont connu des déboires. Cette entreprise a également rencontré des difficultés lors de son installation aux États-Unis, car elle a dû faire appel à des ingénieurs taïwanais pour compenser le manque de compétences locales. Cela illustre que certaines compétences spécifiques sont concentrées dans des régions ou des pays particuliers, et rendent difficile le transfert de savoir-faire et la création d'une main-d'œuvre qualifiée sur le sol américain.
Ces exemples soulignent que la réindustrialisation n'est pas simplement une question de relocalisation des usines, mais implique également des défis liés à la formation et à la disponibilité de travailleurs qualifiés.
En parallèle, la politique d'immigration restrictive de Trump pourrait aggraver le manque de main-d'œuvre qualifiée nécessaire à cette réindustrialisation.