Sur le papier, le choix semblait judicieux. Il y a deux ans, Hélène a décidé d'emménager dans des bâtiments neufs, tout juste sortis de terre, dans le quartier Belvédère, sur la rive droite de Bordeaux (Gironde). Cette retraitée a acheté son appartement sur plan, mais depuis son arrivée, elle va de désillusion en désillusion. Cela commence sur son balcon. "Les caniveaux ne se vident pas. Ils ont deux pentes inversées, et donc l'été, même à partir de maintenant, ce sera un nid à moustiques", montre-t-elle dans le reportage du JT de TF1 visible ci-dessus. Elle a déjà constaté plus de 60 défauts sur sa terrasse, tandis qu'à l'intérieur, de la moisissure se développe sous les radiateurs.
Hélène est satisfaite du quartier, mais regrette d'avoir investi 450.000 euros dans ce logement. "On m'a vendu du rêve. J'ai choisi à 74 ans de venir m'installer sur Bordeaux alors que je vivais à la campagne. J'ai mis pratiquement toutes mes économies dans un appartement qui est cher", poursuit-elle.
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Aujourd'hui, on perd de l'argent tous les mois.
Constant de Germay, gérant de la brasserie Hecto
Et elle n'est pas la seule. D'autres propriétaires dénoncent de nombreuses malfaçons. L'un d'eux déplore des tâches de moisissures qui s'agrandissent sur le plafond et sur les plinthes. "On avait prévu ensuite de faire des locations avec cet appartement. Le problème, c'est que maintenant, il n'est plus dans les normes", avance-t-il. Ce nouveau quartier, bâti en trois ans, a-t-il été construit trop vite ? Les commerçants s'interrogent eux aussi.
Constant de Germay, gérant de la brasserie Hecto, a le sentiment d'avoir installé son établissement trop tôt. Il espérait 6.000 habitants et des bureaux. Mais pour l'instant, les bureaux sont vides et seuls 2.500 logements sont occupés. "Aujourd'hui, on perd de l'argent tous les mois. Le but, c'est très simple, c'est de tenir le plus longtemps possible puisqu'on croit en ce projet. On sait que cette place va devenir une place très forte de la rive droite dans les prochaines années. À présent, on espère que ce sera le plus vite possible", souligne-t-il.
Les commerçants misent tout sur l'arrivée d'une salle de concert. Elle aurait déjà dû être inaugurée, mais les travaux ont pris du retard. "Il y a eu des soucis de réalisation sur l'assainissement de l'immeuble et sur les façades", affirme Florent Gaudard, le co-promoteur en charge du développement des commerces. Il reconnaît que la construction du quartier a dû faire face à des imprévus. "On peut difficilement imaginer qu'il va y avoir le Covid qui va perturber les chantiers, qu'il va y avoir une guerre en Ukraine qui va induire notamment une hyperinflation avec des défaillances d'entreprises de construction qui ralentissent, elles aussi, le chantier. Il faut trois à cinq ans pour que ces quartiers prennent pleinement vie", assure-t-il.
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Pas de réponse en revanche sur les possibles malfaçons dans les logements, mais la mairie promet de se pencher sur le problème, comme l'explique Sandrine Jacotot, l'adjointe chargée des commerces : "Pour moi, c'est absolument inenvisageable, c'est-à-dire que le promoteur a une obligation de livraison d'appartements qualitatifs. On va s'attacher à vérifier le nombre de malfaçons et s'assurer bien évidemment que celles-ci puissent être réglées le plus rapidement possible", dit-elle.
Des propriétaires ont déjà engagé des recours