La Réserve fédérale (Fed) n'a pas à baisser ses taux rapidement, l'économie étant "dans l'ensemble forte" et marquée par un taux de chômage faible et une inflation toujours supérieure à l'objectif de la banque centrale, a déclaré mardi Jerome Powell, président de l'institution américaine, à l'occasion de son audition par la commission bancaire du Sénat.
"L'économie est dans l'ensemble forte et a fait des progrès importants vers nos objectifs ces deux dernières années. Nous n’avons pas besoin de nous précipiter pour ajuster notre politique monétaire", a déclaré le responsable, réitérant un constat fait lors de la dernière réunion de la Fed, en janvier.
De nouvelles baisses de taux sont conditionnées à un recul plus marqué de l'inflation et de la santé du marché de l'emploi, a précisé Jerome Powell.
Le responsable de politique monétaire s'est abstenu de faire directement référence aux mesures prises par la nouvelle administration américaine susceptibles de soutenir l'inflation ou peser sur la croissance, évoquant les "risques et incertitudes" auxquels l'économie est confrontée.
"Nous sommes attentifs aux risques portant sur nos deux mandats. Notre politique monétaire est bien calibrée pour faire face aux risques et incertitudes auxquels nous sommes confrontés", a déclaré le président de la Fed.
Le responsable de politique monétaire interviendra mercredi à 15h00 GMT devant la commission des Affaires financières de la Chambre des représentants.
Depuis la dernière présentation de Jerome Powell devant le Congrès pour l'une de ses deux auditions annuelles, l'élection de Donald Trump a changé la donne, entre droits de douane, diminution de l'immigration, et donc de la main-d'œuvre, et dérégulation financière.
Jerome Powell et d'autres responsables de la Fed, qui se contentent en temps normal de commenter l'évolution économique sans juger les actions de l'exécutif, jouent la montre face aux politiques de la nouvelle administration.
"Nous avons actuellement un marché du travail favorable. L'économie croît de 2% à 2,5 %. L'inflation a baissé", a déclaré Jerome Powell lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion de la Fed de janvier, tout en rappelant qu'il existe "probablement une certaine incertitude élevée" compte tenu des changements dans les politiques commerciales, fiscales, réglementaires et sur l'immigration.
Si l'inflation a baissé et devrait continuer à baisser, certaines enquêtes récentes auprès des consommateurs ont montré un certain scepticisme, ce qui constituerait un problème particulier pour la Fed si cette tendance se poursuit.
Surtout, les droits de douane évoqués et mis en place, notamment sur le Mexique le Canada ou encore sur l'acier et l'aluminium, font craindre une inflation généralisée alors même que la nouvelle administration n'a pas encore détaillé ses plans en matière budgétaire et de déréglementation.
Le 47e président américain doit choisir le remplaçant de Michael Barr, vice-président de la Fed chargé de la supervision et de la réglementation bancaires qui a démissionné, et devrait miser sur un profil pro-déréglementation.
Les investisseurs misent toujours sur une réduction moins importante des taux en 2025 à l'aune des données récentes, en particulier le rapport sur l'emploi de janvier qui a montré que le taux de chômage est tombé à 4% et que les salaires augmentent à un rythme soutenu.
Les marchés anticipent ainsi une réduction d'un quart de point du taux directeur de la banque centrale en juin, mais ont commencé à exclure toute autre baisse cette année.
Lors de sa réunion de janvier, la Fed a maintenu son taux directeur dans une fourchette de 4,25% à 4,5%, après l'avoir réduit d'un point de pourcentage lors des trois dernières réunions de 2024.
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