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Cac 40 : Pourquoi le CAC 40 est tellement à la traîne des autres grands indices mondiaux cette année?
dimanche 17 novembre 2024 à 12h00
Le CAC 40 souffre depuis le début de l'année
(BFM Bourse) - Sur l'ensemble de l'année 2024, seul un autre indice mondial dans les pays développés fait "pire" que le CAC 40, à savoir le Kospi de Séoul. Une sous-performance qui est à la fois due au contexte politique depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, en juin, et à la mauvaise performance des poids lourds du CAC 40, plombés par le ralentissement économique de la Chine
Le CAC 40 a encore souffert cette semaine. Vendredi, l'indice de référence de la Bourse de Paris a clôturé la semaine sur une baisse hebdomadaire de 0,94%, en ayant au passage accusé mardi sa pire séance depuis juillet 2023 (-2,69%).
Le CAC 40 a surtout été pénalisé par les craintes d'une guerre commerciale, en raison des taxes douanières voulues par le président américain élu, Donald Trump. Ces craintes ont, en réalité, plombé l'ensemble des marchés européens, le Stoxx Europe 600 cédant sur la semaine 0,65%.
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Au-delà des spéculations des marchés sur les conséquences du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, force est de reconnaître que le CAC 40 apparaît comme un vilain petit canard en Bourse. Et sous-performe à peu près tout ce qu'il est possible de sous-performer.
Un simple coup d’œil aux données d'investing.com permet de s'en rendre compte. Depuis le début de l'année, le CAC 40 recule de 3,63% alors que l'Euro Stoxx 50, un indice paneuropéen, prend 6,1%.
Surtout, le CAC 40 signe la seule baisse des indices d'Europe de l'Ouest, sur l'ensemble de 2024. Hormis le baromètre de la Bourse de Paris, le PSI, l'indice de référence de la place de Lisbonne, est celui qui connaît la moins bonne performance (+0,49%). Les autres places européennes enregistrent des hausses marquées, notamment l'IBEX 35, le grand indice madrilène, et le DAX 40, celui de Francfort, qui avancent respectivement de 15,2% et de 14,7% respectivement.
En élargissant à l'ensemble des Bourses de pays développés, une seule autre place fait "pire" que Paris, à savoir Séoul, avec un indice de référence, le Kospi, qui perd 8,8% sur l'ensemble de 2024. "Les performances médiocres des actions des groupes spécialisés dans les équipements technologiques et la sensibilité à la hausse des taux d'intérêt ont pesé sur la performance de l'indice", expliquait JPMorgan en août pour justifier la mauvaise tenue des actions coréennes. Le Kospi a aussi plus particulièrement souffert du regain de craintes sur le commerce et des mesures de relance décevantes de la part du gouvernement chinois.
Pour revenir au CAC 40, comment expliquer qu'il soit autant à la traîne des autres indices mondiaux ?
Le coup d'arrêt de la dissolution de l'Assemblée nationale
Le premier élément de réponse est assez évident et est lié à l'incertitude politique provoquée par la dissolution de l'Assemblée nationale, le 9 juin dernier. Le CAC 40 évoluait auparavant proche de ses records absolus. Après la dissolution, l'indice parisien n'a plus jamais approché de près ou de loin le seuil des 8.000 points.
"La question de la dissolution et des risques politiques associés a été le premier déclencheur de sous-performance du CAC 40. Le risque politique a pesé car le marché a, dès le mois de juin, redouté de voir des formations politiques radicales émerger avec des importants changements fiscaux. Ce risque n'a pas pesé qu'en juin mais tout au long de l'été", explique Alexandre Baradez, chef de l'analyste de marché chez IG France.
"Le marché n'a pas eu tort: si le risque de radicalité politique ne s'est pas concrétisé, la fiscalité a effectivement été modifiée. Avec le risque que des mesures prises temporairement pour réduire un déficit dégradé ne deviennent durables", ajoute-t-il. L'actuel gouvernement a par exemple décidé d'alourdir pendant deux années l'impôt sur les sociétés acquitté par les entreprises réalisant plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires en France.
Le risque politique s'est conjugué à une dégradation du déficit public qui a contribué à augmenter le fameux "spread" avec l'Allemagne. Ce "spread" mesure l'écart de rendement entre les obligations souveraines françaises et allemandes à 10 ans, constituant une mesure de la confiance du marché envers la signature de la France. D'environ 50 points de base (0,5 point de pourcentage) ce "spread" s'est creusé à plus de 80 points de base, et évolue désormais autour de 74 points de base. Ce regain de tension a également pesé sur les marchés actions.
Le luxe souffre
Mais le risque politique n'explique pas tout. La sous-performance du CAC 40 est aussi due aux difficultés de "ses poids lourds", note Alexandre Baradez.
Parfois considéré comme un indice "luxe", le CAC 40 a été heurté de plein fouet par la morosité de l'économie chinoise, la Chine étant un marché important pour le secteur (avec environ 30% des revenus). Cela a particulièrement pesé sur LVMH et L'Oréal, deux des trois plus importantes capitalisations boursières du CAC 40, qui ont tous deux publié des croissances inférieures aux attentes au troisième trimestre.
Plus particulièrement, en "Asie du Nord", L'Oréal a accusé une chute de ses revenus en données comparables de 6,5% , quand le consensus attendait une progression de 2,2%. Chez LVMH, "l'Asie hors Japon" a, elle, accusé un plongeon de 16% sur ces mêmes bases.
Des quatre "KOHL" (Kering, L'Oréal, Hermès, LVMH), seul Hermès affiche une performance positive sur l'année 2024 (+6,5%). LVMH perd 20,1%, L'Oréal 27,39% et Kering 44,2%. Or ces quatre valeurs représentent, ensemble, 31% de la capitalisation boursière du CAC 40.
Les acteurs du luxe ont aussi, plus récemment, pu être pénalisés à la fois par les mesures de relance décevantes de la Chine et par les craintes liées aux surtaxes douanières voulues par Donald Trump.
"L'éventualité de tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine pourrait encore affaiblir le sentiment des consommateurs chinois et compliquer le redressement macroéconomique de la Chine, ce qui constituerait un risque pour la reprise du secteur du luxe",a souligné UBS, la semaine dernière.
"Les taxes douanières aux Etats-Unis, voulues par Donald Trump, risquent de mettre les marges sous pression, si les groupes de luxe ne répercutent pas aux consommateurs ces surtaxes", a de son côté expliqué un analyste du secteur à BFM Bourse
Déceptions nombreuses
Cette mauvaise dynamique ne se limite pas qu'au luxe. La dernière saison de résultats, sur le CAC 40, s'est avérée globalement mauvaise, avec plusieurs groupes qui ont été contraints d'abaisser des objectifs pour l'année en cours comme Dassault Systèmes, Capgemini ou encore Eurofins.
STMicroelectronics a dû réviser plusieurs fois ses perspectives pour 2024 et chute ainsi de 46,6% depuis le début de l'année. Stellantis, de son côté, connaît une année 2024 atroce sur le plan boursier (-40%). Le groupe dirigé par Carlos Tavares peine à réduire ses importants niveaux de stocks en Amérique du Nord et perd des parts de marchés. Il en a ressorti une chute de ses volumes et la société a dû émettre un lourd avertissement sur résultats fin septembre. Airbus, avait, lui, publié un avertissement sur résultats dès le mois de juin.
En résumé, les déceptions ont été nombreuses et les bonnes surprises (Essilorluxottica, Renault, Société Générale) plus rares.
Est-ce que cette sous-performance du CAC 40 face aux autres indices a vocation à perdurer? Alexandre Baradez juge en tout cas que le creux a probablement été passé. "Beaucoup d'aspects négatifs sont déjà intégrés. Une grande partie du pain noir a été mangée sur le CAC 40 et beaucoup de poids lourds ont déjà corrigé. Pour que cela continue de baisser il faudrait d'autres mauvaises nouvelles sur la Chine", juge-t-il. "Si le CAC 40 venait en tout cas à reculer davantage, il le ferait probablement de concert avec les autres indices et pas de manière isolée", estime l'analyste de marché.