(Titre répété) par Khalid Abdelaziz KHARTOUM, 11 avril (Reuters) - Le président soudanais Omar Hassan el Béchir, au pouvoir depuis 1989, a été déposé jeudi par l'armée, qui a annoncé la formation d'un conseil militaire chargé d'assurer l'intérim pendant deux ans et la tenue d'élections à l'issue de cette période transitoire. Le chef de l'Etat, âgé de 75 ans, a été arrêté et mis "en lieu sûr", a précisé le ministre de la Défense, Aouad Mohamed Ahmed Ibn Aouf, dans une allocution télévisée prononcée après cinq mois de contestation. Il a en outre annoncé l'instauration pour trois mois de l'état d'urgence, un couvre-feu national et la suspension de la Constitution. L'espace aérien sera par ailleurs fermé pendant vingt-quatre heures et les frontières le seront également jusqu'à nouvel ordre, a ajouté le ministre. Omar Hassan el Béchir se trouve "sous bonne garde" à la résidence présidentielle, dit-on de sources soudanaises. D'après un fils de Sadiq al Mahdi, chef de file du parti Oumma, principale composante de l'opposition, il a été arrêté en compagnie d'"un certain nombre de dirigeants du groupe terroriste des Frères musulmans". Omar el Béchir a été inculpé de génocide par la Cour pénale internationale et fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour des crimes commis au Darfour après le soulèvement de 2003, dont la répression aurait fait 300.000 morts. Parmi les prétendants à sa succession figureraient le ministre de la Défense, qui appartient comme lui au camp islamiste, et l'ancien chef d'état-major de l'armée, Emad al Din Adaoui, qui aurait les faveurs des pays voisins. ONZE MORTS MARDI Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés devant le ministère de la Défense, alors qu'une foule immense célébrait la destitution de Béchir dans le centre de Khartoum en scandant "Il est tombé ! On a gagné !" "Nous n'accepterons qu'un gouvernement de transition civil composé d'éléments parties prenantes de la Proclamation de la liberté et du changement", a déclaré Omar Saleh Sennar, membre de l'Association des professionnels du Soudan, qui est à la pointe de la contestation. Les manifestations se succèdent au Soudan depuis la hausse du prix du pain le 19 décembre, dans un contexte de grave crise économique provoquée par des années de sanctions américaines et par la perte d'une bonne partie des revenus pétroliers depuis la sécession du Soudan du Sud en 2011. Peu à peu, le mouvement a tourné à la contestation politique et la crise a pris un nouveau tour au cours du week-end dernier, lorsque plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés devant le complexe du ministère de la Défense, où Omar el Béchir a également sa résidence. Des affrontements ont éclaté mardi entre des soldats cherchant à protéger les manifestants et des membres des services de sécurité et de renseignement cherchant à les disperser . Les affrontements ont fait au moins 11 morts, dont six membres des forces armées, selon le ministre de l'Information. (Khalid Abdelaziz et Mohamed El Sherif; Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)
RPT LEAD 4-Le président soudanais déposé par l'armée
information fournie par Reuters 11/04/2019 à 15:18
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