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Pétrole : pourquoi le prix du baril de brut américain est tombé à un niveau si bas
information fournie par Boursorama 21/04/2020 à 15:27

Sarah  Belhadi
Sarah  Belhadi

Sarah Belhadi

BoursoBank

Chef de rubrique Bourse

(Crédits photo : Adobe Stock - Squeeze )

(Crédits photo : Adobe Stock - Squeeze )

Dans un contexte d'offre d'or noir déjà excédentaire, la crise du Covid-19 a provoqué une chute de la demande sans précédent en raison des restrictions de déplacements dans de nombreux pays et de la mise à l'arrêt de plus de 50% de la planète. Alors que les prix du baril de Brent ont connu depuis janvier une chute vertigineuse (-60%), le baril de brut américain est passé lundi 20 avril en territoire négatif pour la première fois de son histoire. Explications.

Une explication technique : l'arrivée à échéance d'un contrat à terme

Les données ont de quoi donner le vertige. Un baril qui chute lourdement pour terminer à -37,63 dollars. Une baisse de 306% en séance. De quoi susciter l'intérêt d'un public non initié sur le sujet qui se demande comment est-il possible que le pétrole cote désormais en négatif… D'abord rappelons que cette chute concerne le pétrole américain, le WTI (pour West Texas Intermediate), et non le baril de Brent (la référence européenne). Donc non le pétrole ne vaut pas "plus rien", contrairement à ce qu'on pourrait lire ou entendre ici ou là.

Une fois cette nuance faite, il faut comprendre que cette situation de pétrole en territoire négatif a d'abord une explication technique. En effet, le contrat pour livraison en mai sur le marché à terme de New-York expirait lundi soir. Ce qui signifie qu'il était «livrable» et que les acheteurs de ce pétrole allaient donc recevoir une livraison «physique», comme le rappelle une note de la Banque postale publiée ce mardi.

Des capacités de stockage saturées

Le deuxième élément dont il faut tenir compte pour comprendre pourquoi les acheteurs de ce contrat ont souhaité vendre massivement , c'est le contexte de quai-saturation des capacités de stockage aux Etats-Unis.

Car, si la demande de pétrole a fortement chuté, la production américaine n'a pas pour autant fortement ralenti. «Nous avons enregistré une baisse du nombre de puits de pétrole mais elle n'est pas assez forte face à la baisse de la demande. Et dans un contexte où fermer des capacités de production de pétrole est relativement onéreux, les producteurs doivent faire face à un dilemme : laisser des puits ouverts en attendant un redémarrage ou bien les éteindre, parfois définitivement», rappelle Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

Résultats, les stocks hebdomadaires ne cessent de gonfler. Dans son dernier rapport, l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) a fait état d'une hausse de 19,2 millions de barils de brut sur une seule semaine, la plus forte hausse hebdomadaire depuis que ces statistiques sont publiées.

Alors que l'économie est mise à l'arrêt, les stocks s'accumulent et comme les places de stockage sont rares, elles deviennent onéreuses, ce qui provoque une pression sur les prix du WTI.

Ainsi, les acheteurs qui détenaient des barils de WTI ont cherché des acheteurs physiques quitte à brader les prix ou à les payer pour se débarrasser de ces barils. Cette vente massive et simultanée a provoqué une lourde chute des cours et un krach pétrolier.

«En soi, la situation n'est pas grave c'est une problématique technique mais ce qui est plus inquiétant c'est qu'on arrive aux limites de capacité de stockage», notait le spécialiste des matières premières Benjamin Louvet de OFI AM, dans Ecorama.

Des dégagements massifs de particuliers

Le mouvement auquel on assiste a été très brutal, indique de son côté Frédéric Rollin : «Mis à part les acheteurs professionnels, il est possible que certains investisseurs se soient laisser prendre par le roulement des échéances sur les futures. On peut aussi supposer que les investisseurs privés ont accéléré le mouvement à la baisse du pétrole. On avait d'ailleurs noté de grosses souscriptions dans un ETF pétrole, ce qui qui témoigne d'un fort intérêt de leur part sur cette matière première.»

Pour nuancer, si l'on se penche sur le contrat de juin, il a certes cédé 18% en séance mais s'échange encore à 20,43 dollars le baril. De plus, les variations ont été beaucoup plus limitées sur l'autre contrat à terme de référence, sur le Brent de la mer du Nord.

Perspectives peu optimistes

A ce contexte, il faut ajouter que les perspectives économiques ne sont guère optimistes. Le redémarrage de l'économie sera progressif, les déplacements seront certainement restreints, et la pandémie aura inéluctablement un impact psychologique important ce qui va entraîner une réduction des déplacements. D'autant que les dernières données et  les prévisions sur la demande de pétrole ne sont guère encourageantes, comme le soulignait l'Agence internationale de l'Energie (AIE) il y a quelques jours .

Résultat, les investisseurs cherchent à se défaire de leurs positions. Un tel dégagement sur le contrat juin pourrait se reproduire si des mesures de confinement sont prolongées et si les stocks américains continuent de grossir.

S.B

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66,04 USD Ice Europ -1,27%
63,17 USD Ice Europ -1,14%

5 commentaires

  • 21 avril 16:01

    @ Jean coqProbablement que d'autres supers tankers font deja route vers l'Europe


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