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L'interview de Sébastien Hénin (The National Investor) : « L'Arabie Saoudite laisse volontairement les prix du pétrole baisser »
information fournie par Boursorama 13/01/2015 à 12:25

Le niveau d'équilibre budgétaire de l'Arabie Saoudite est atteint quand le baril cote 75 dollars.

Le niveau d'équilibre budgétaire de l'Arabie Saoudite est atteint quand le baril cote 75 dollars.

L’Arabie Saoudite a pris conscience des risques encourus par l’envolée de la production du pétrole de schiste aux Etats-Unis. En ne régulant pas sa production, elle espère reprendre la main sur le secteur et regagner des parts de marchés à moyen terme selon Sébastien Hénin, directeur de la gestion chez The National Investor, une banque d’affaires basée à Abu Dhabi.

La chute des prix du pétrole s’est accentuée depuis le début de l’année, sous les 50 dollars. Cette situation peut-elle perdurer ?

Sébastien Hénin : Il est important de rappeler qu’avant cette chute libre des prix du pétrole jamais les prix de l’or noir n’avaient été aussi peu volatiles qu’au cours des trois dernières années. Or, l’Arabie Saoudite, qui garde cette capacité unique à réguler sa production, n’a commenté que très tardivement cette baisse des cours et n’a pas réduit ses exportations. Cela constitue en soi une nouvelle assez considérable. Auparavant, le ministre du pétrole saoudien avait l’habitude d’intervenir pour rappeler que le prix d’équilibre du baril s’établissait autour de 100 dollars.

Comment expliquez-vous cette baisse spectaculaire des cours ?

S.H : Au niveau mondial, il y a un excès d’offre. L’Arabie Saoudite a pris conscience des risques encourus par l’envolée de la production du pétrole de schiste aux Etats-Unis. Ces producteurs de pétrole ont des coûts de productions élevés (environ 75 dollars par baril), la durée de vie des puits est courte et cette industrie reste très fragmentée avec une multitude d’acteurs. On peut donc émettre l’hypothèse d’un calcul saoudien pour sacrifier à court terme ses ressources financières afin de « nettoyer » le marché des producteurs de schiste qui n’ont pas une assise économique et financière suffisante pour demeurer dans le marché. A moyen terme, l’idée est de reprendre des parts de marché aux Etats-Unis. Si les prix ne se stabilisent pas, c’est d’abord parce que l’Arabie Saoudite laisse faire !

Quelles en sont les conséquences pour les pays producteurs de pétrole ? Cette chute des cours n’est-elle pas catastrophique pour les gouvernements en place ?

S.H : Oui, elle l’est à moyen et long terme mais certains pays ont largement les moyens d’y faire face à court terme. Depuis le printemps arabe en 2011, l’amélioration de la qualité de vie de leurs sujets est une priorité pour bon nombre de gouvernements de la région. Ces pays ont mené une politique budgétaire expansionniste qui a vu les gouvernements mettre l’accent sur les dépenses d’infrastructures, de santé et d’éducation. Pour un pays comme l’Arabie Saoudite, le niveau d’équilibre budgétaire se situe autour de 75 dollars par baril. Au cours des dix dernières années, le pays n’a connu qu’une seule année de déficit budgétaire et dispose de ressources financières considérables. Plutôt que de modifier sa politique budgétaire ou monétaire, le Royaume saoudien, qui n’est pas endetté, va plutôt recourir à un accroissement de son endettement. Il en a tout à fait les moyens...

Du côté des marchés du Moyen-Orient, quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?

S.H : En 2014, le premier semestre a été excellent sur les marchés de la région qui ont bénéficié de l’inclusion des places boursières des Emirats-Arabes-Unis et du Qatar dans l’indice MSCI Emerging Markets. Puis le prix du pétrole a commencé à chuter et un vent de panique a soufflé sur ces marchés. Sur l’ensemble de l’année, les seuls marchés de la région qui ont réussi à maintenir des performances satisfaisantes sont le Qatar et l’Egypte.

Et que peut-on en attendre pour 2015 ?

S.H : La visibilité est moins bonne qu’auparavant étant donné les niveaux des prix du pétrole. Toutefois, la croissance bénéficiaire des sociétés sera faiblement impactée par ce nouvel environnement. En effet, il n’y a pas de sociétés pétrolières cotées dans la région. En revanche, nous attendons l’ouverture du marché saoudien aux investisseurs directs étrangers qui devrait intervenir cette année. C’est une nouvelle très importante, le poids de l’Arabie Saoudite au sein des différents indices actions émergents sera très significatif. Les investisseurs internationaux ne pourront plus faire l’impasse sur la région !

Propos recueillis par Julien Gautier

3 commentaires

  • 15 janvier 11:35

    L'objectif va bientôt être atteint : empêcher les multiples sociétés US de pétrole de schiste d'être rentable ...et donc de ne pouvoir payer leur dette ! Attention les banques ! On va nous rejouer le cinéma des défauts des banques ... qui finalement rapporte tant aux plus riches .


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