(Actualisé avec déclarations de Trump et Bessent, conseiller de la Maison blanche, début de séance à Wall Street)
par Doina Chiacu, Susan Heavey et Joe Cash
Les marchés financiers rebondissaient mardi, regagnant une partie du terrain perdu depuis l'annonce par Donald Trump de nouveaux droits de douane, dans l'espoir de négociations, bien que le bras de fer continue entre les Etats-Unis et la Chine dans la guerre commerciale déclenchée par le président américain.
Les principales Bourses européennes progressaient toutes dans l'après-midi, le CAC 40 .FCHI gagnant 3,49% à Paris vers 14h40 GMT, le FTSE 100 .FTSE 3,51% à Londres et le Dax
.GDAXI 3,37% à Francfort, tandis que l'indice Stoxx 600
.STOXX (+3,76%) revenait d'un plus bas de 14 mois.
La Bourse de New York
rebondissait nettement
elle aussi dans les premiers échanges, avec des hausses de 3,69% pour le Dow Jones .DJI , 3,80% pour le Standard & Poor's 500 .SPX et 4,26% pour le Nasdaq .IXIC vers 14h40 GMT, au lendemain d'une séance en dents de scie.
La Bourse de Tokyo avait auparavant fini en forte hausse avec un gain de 6,03% de l'indice Nikkei .N225 , consécutif à un creux d'un an et demi.
En Chine, le SSE Composite .SSEC de Shanghai a gagné 1,6% et le CSI 300 .CSI300 1,7% après avoir tous deux chuté de plus de 7% lundi, tandis que l'indice Hang Seng .HSI à Hong Kong a grimpé de 1,5% après un plongeon de 13,2% lundi, qui constituait sa plus forte baisse depuis la crise financière asiatique de 1997.
Malgré l'entrée en vigueur prévue mercredi des nouveaux droits américaines - de 10% à 50% en fonction des pays -, les investisseurs veulent croire que Washington pourrait être disposé à négocier après l'annonce, lundi, de négociations avec le Japon qui pourraient aboutir à un assouplissement des mesures douanières imposées à Tokyo.
La Chine a cependant qualifié mardi de "chantage" la menace de Donald Trump de relever encore les droits de douane visant ses produits importés aux Etats-Unis si Pékin ne revient pas sur sa volonté de mettre en place des mesures commerciales de rétorsion.
"UNE ERREUR QUI S'AJOUTE À UNE ERREUR"
Ces déclarations interviennent après que le chef de la Maison blanche a menacé d'augmenter à plus de 100% les prélèvements sur les importations chinoises aux Etats-Unis, en réponse à la décision de Pékin de s'aligner sur les droits de douane "réciproques" annoncés la semaine dernière.
"La menace d'escalade des droits de douane des Etats-Unis contre la Chine constitue une erreur qui s'ajoute à une erreur, exposant à nouveau la propension du camp américain au chantage", a déclaré le ministère chinois du Commerce.
"Si les États-Unis insistent pour faire ce qu'ils veulent, la Chine se battra jusqu'au bout", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a fustigé Pékin, déclarant que les négociations sur les droits de douane résultaient de démarches d'autres pays auprès de Washington et non de turbulences sur les marchés.
"Je pense que cette escalade chinoise a été une grave erreur", a-t-il déclaré lors d'une interview accordée à CNBC.
Donald Trump a cependant laissé entendre par la suite que des négociations auraient lieu.
"La Chine aussi veut absolument conclure un accord, mais elle ne sait pas comment s'y prendre. Nous attendons son appel. Cela se fera !", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Les négociateurs américains donnent la priorité à leurs alliés dans le cadre des négociations commerciales et se concentrent sur les grands partenaires ayant des excédents commerciaux importants depuis des années avec les États-Unis, a par ailleurs déclaré le conseiller économique de la Maison blanche, Kevin Hassett, citant le Japon et la Corée du Sud.
LE VIETNAM PROMET D'ACHETER DAVANTAGE DE PRODUITS AMÉRICAINS
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé Pékin à garantir une solution négociée lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre chinois Li Qiang et a souligné la nécessité de soutenir un système commercial équitable fondé sur des conditions de concurrence équitables.
Selon ses services, les deux dirigeants ont également évoqué un suivi des éventuelles réorientations de marchandises provoquées par les droits de douane, l'UE craignant que la Chine n'expédie ses produits bon marché vers l'Europe au lieu de les vendre aux Etats-Unis.
L'UE a elle-même enclenché sa riposte aux surtaxes américaines, mais a tenu compte des objections de certains États membres, retirant par exemple le bourbon du Kentucky de la liste des produits américains auxquels la Commission propose d'imposer des droits de douane de 25% à partir du 16 mai en réponse à ceux que Washington applique déjà à l'acier et l'aluminium européens.
Confronté à des droits de douane parmi les plus élevés aux États-Unis, le Vietnam a pour sa part demandé un délai de 45 jours et déclaré qu'il achèterait davantage de produits américains pour rééquilibrer les échanges commerciaux.
Alors que la roupie indonésienne a chuté à un niveau historiquement bas, Djakarta a annoncé des concessions sur les importations américaines, notamment une réduction des taxes sur les produits électroniques et l'acier, dans le but de convaincre la Maison blanche.
VOIX DISCORDANTES
La plus grande économie d'Asie du Sud-Est enverra également une délégation à Washington la semaine prochaine pour tenter de parvenir à un accord visant à atténuer l'impact de droits de douane de 32% qui doivent entrer en vigueur mercredi.
La Corée du Sud envisage pour sa part des mesures visant à augmenter ses importations en provenance des États-Unis alors qu'elle prépare ses propres négociations avec Washington.
Des voix discordantes commencent à se faire entendre aux Etats-Unis.
Le milliardaire et PDG de Tesla TSLA.O , Elon Musk, a lancé dans le courant du week-end des appels directs mais infructueux à Donald Trump pour qu'il annule les droits de douane, a rapporté lundi le Washington Post, citant deux sources au fait de ces échanges.
Scott Bessent a rencontré Donald Trump en Floride dimanche, selon Politico, pour l'exhorter à conclure des accords commerciaux avec ses partenaires afin de rassurer les marchés sur la stratégie américaine.
(Rédactions de Reuters, rédigé par John Geddie et Matthias Williams, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)
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