WASHINGTON, 18 avril (Reuters) - Le rapport du procureur Robert Mueller, dont une version expurgée a été rendue publique ce jeudi, met en lumière une série d'incidents qui tendent à montrer que Donald Trump a cherché à entraver le déroulement de l'enquête et interroge sur une éventuelle obstruction du cours de la justice. "Les preuves que nous avons obtenues sur les actes et l'intention du président présentent des points difficiles qui nous empêchent de déterminer de façon concluante qu'aucune conduite criminelle n'a eu lieu. En conséquence, même si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l'exonère pas non plus", peut-on notamment lire. Retour chronologique sur cette "enquête russe". JUIN 2015 - Donald Trump, riche promoteur immobilier et star de la téléréalité, annonce sa candidature à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de novembre 2016. MARS 2016 - C'est à cette date environ que les services de renseignement militaire russes (GRU) entament une campagne sur internet visant à interférer avec le scrutin américain, selon les agences de renseignement américaines. AVRIL 2016 - George Papadopoulos, conseiller de Trump pour les affaires internationales, rencontre un universitaire de retour de Moscou, qui lui dit que les Russes ont obtenu des éléments compromettants sur la candidate démocrate Hillary Clinton, y compris des "milliers d'emails". 9 JUIN 2016 - Le fils aîné du président, Donald Trump Jr, son gendre Jared Kushner et son directeur de campagne Paul Manafort rencontrent à la Trump Tower de New York une avocate russe et d'autres individus. Des emails rendus publics par la suite montrent que Donald Trump Jr était persuadé qu'il recevrait des informations susceptibles de nuire à Clinton. 5 JUILLET 2016 - L'ancien espion britannique Christopher Steele, qui a enquêté sur les connexions russes de Trump à la demande du Comité national démocrate (DNC) - la direction du Parti démocrate -, informe un agent du FBI du résultat de ses investigations. 22 JUILLET 2016 - A la veille de la convention démocrate qui doit entériner la candidature de Clinton à la présidentielle, WikiLeaks diffuse 44.000 emails émanant du DNC. Certains de ces courriels poussent à la démission la présidente du DNC, Debbie Wasserman-Schultz. FIN JUILLET 2016 - Le FBI entame une enquête sur l'ingérence présumée de la Russie dans la campagne. 19 AOÛT 2016 - Le directeur de campagne de Trump, Paul Manafort, démissionne à la suite d'articles de presse évoquant ses affaires en Ukraine. 5 SEPTEMBRE 2016 - Barack Obama rencontre Vladimir Poutine lors d'un sommet du G20 en Chine et le met en garde contre l'ingérence russe dans la campagne. 7 OCTOBRE 2016 - Le site WikiLeaks entame la publication de milliers d'emails privés du directeur de campagne de Clinton, John Podesta. Dans un communiqué, le département de la Sécurité intérieure met publiquement en cause pour la première fois la Russie pour le piratage d'ordinateurs liés à la campagne électorale. 8 NOVEMBRE 2016 - Donald Trump remporte la présidentielle. 29 DÉCEMBRE 2016 - En réponse aux opérations de piratage et au harcèlement de diplomates américains à Moscou, Obama impose des sanctions contre les agences de renseignement russes, expulse 35 diplomates russes et ferme des enceintes diplomatiques russes à New York et dans le Maryland. Après la divulgation de ces sanctions, le conseiller de Trump à la sécurité nationale, Michael Flynn, s'entretient plusieurs fois au téléphone avec Sergueï Kislyak, l'ambassadeur de Russie à Washington. 6 JANVIER 2017 - Dans un rapport déclassifié, les agences de renseignement américaines estiment que le Kremlin a ordonné aux services russes de s'ingérer dans la campagne présidentielle américaine pour nuire à Clinton et favoriser Trump. Le président élu est informé des conclusions de ce rapport par les chefs des agences de renseignement. Il est également informé de l'existence d'informations recueillies par Steele. 10 JANVIER 2017 - Buzzfeed publie le "dossier" Steele détaillant les soupçons de collusion entre Trump et Moscou et contenant des allégations graveleuses sur Trump, qui est investi à la présidence dix jours plus tard, le 20 JANVIER. 13 FÉVRIER 2017 - Michael Flynn démissionne de son poste de conseiller à la sécurité nationale, pour avoir trompé le vice-président Mike Pence sur la nature de ses conservations avec l'ambassadeur Kislyak en 2016. 20 MARS 2017 - Le directeur du FBI James Comey confirme publiquement pour la première fois l'existence d'une enquête de contre-espionnage du FBI sur l'ingérence russe. 9 MAI 2017 - Trump limoge Comey, expliquant quelques jours plus tard sa décision par "cette chose russe". 17 MAI 2017 - Le numéro deux du département de la Justice, Rod Rosenstein, nomme l'ancien directeur du FBI Robert Mueller procureur spécial chargé d'enquêter sur l'ingérence de la Russie et les soupçons de collusion entre Moscou et l'équipe Trump. 30 OCTOBRE 2017 - Paul Manafort et son associé Rick Gates sont accusés de blanchiment d'argent entre autres charges. Manafort plaide non coupable, contrairement à Gates qui accepte de coopérer avec le procureur Mueller. George Papadopoulos plaide coupable d'avoir menti au FBI à propos de ses contacts avec la Russie et accepte à son tour de coopérer. 1er DÉCEMBRE 2017 - Michael Flynn plaide coupable d'avoir menti au FBI et accepte de coopérer avec le procureur Mueller. 16 FÉVRIER 2018 - Robert Mueller inculpe 13 ressortissants russes ainsi que trois entités russes - dont l'Internet Research Agency basée à Saint-Pétersbourg - de conspiration en vue d'influencer l'élection américaine de 2016. 3 AVRIL 2018 - L'avocat néerlandais Alex van der Zwaan, gendre de German Khan, l'un des hommes les plus riches de Russie, est condamné à trente jours de prison et à une amende de 20.000 dollars pour avoir menti aux services du procureur Mueller sur ses contacts avec Rick Gates. Il est le premier individu condamné dans le cadre de l'enquête. 9 AVRIL 2018 - Perquisition dans les bureaux et au domicile de l'ancien avocat personnel de Trump Michael Cohen, dans le cadre d'investigations sur le versement par Cohen de 130.000 dollars à l'actrice de films X Stormy Daniels en échange de son silence sur une relation sexuelle qu'elle aurait eue avec Trump. 15 JUIN 2018 - Un juge ordonne le placement en détention préventive de Paul Manafort. 13 JUILLET 2018 - Trois jours avant un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki, douze membres des services de renseignement russes sont formellement mis en accusation par un grand jury américain pour avoir piraté les systèmes informatiques d'Hillary Clinton et du Comité national démocrate pendant la campagne présidentielle de 2016. 31 JUILLET 2018 - Ouverture du procès de Paul Manafort pour fraude bancaire et fraude fiscale, des délits et crimes financiers qui découlent de l'enquête Mueller. 5 AOÛT 2018 - Trump admet que son fils Donald Trump Jr a rencontré des ressortissants russes en juin 2016 pour tenter d'obtenir des informations compromettantes sur Clinton. Cette rencontre à la Trump Tower, écrit le président américain sur son fil Twitter, n'a "rien donné". Elle était "totalement légale" et cela se fait "tout le temps en politique", affirme-t-il. 21 AOÛT 2018 - Michael Cohen plaide coupable de plusieurs chefs d'accusation retenus par les procureurs fédéraux à New York, dont ceux de violation des comptes de campagne, d'évasion fiscale et de fraude bancaire. Il coopère avec Mueller. Le même jour, Paul Manafort est jugé coupable de diverses malversations financières. 14 SEPTEMBRE 2018 - Paul Manafort accepte de coopérer à l'enquête russe dans le cadre d'un accord de plaider coupable. 7 NOVEMBRE 2018 - Dans son viseur depuis de longs mois, le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, est limogé par Trump. Le président lui reprochait de ne pas en faire suffisamment pour mettre un terme à l'enquête Mueller, qu'il a toujours qualifiée de "chasse aux sorcières". 16 NOVEMBRE 2018 - Trump annonce avoir répondu "très facilement" par écrit à une série de questions du procureur Mueller. Celles-ci portaient sur une éventuelle ingérence de Moscou dans l'élection, et pas sur la possibilité que le président républicain ait tenté de faire obstacle à l'enquête. 26 NOVEMBRE 2018 - Paul Manafort est accusé d'avoir menti au FBI et à l'équipe du procureur Mueller avec qui il avait accepté de coopérer. 29 NOVEMBRE 2018 - Michael Cohen plaide coupable de faux témoignage devant le Congrès à propos d'un projet de Trump Tower à Moscou. Il déclare que ce projet de gratte-ciel n'a été abandonné qu'en juin 2016, soit quatre mois avant l'élection présidentielle, et non en janvier 2016 comme il l'avait affirmé en 2017 au Sénat ainsi qu'à la Chambre des représentants. 12 DÉCEMBRE 2018 - Michael Cohen est condamné à trois années de prison ferme par un tribunal de Manhattan pour une série de délits commis lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, dont celui d'avoir acheté le silence de deux femmes qui affirmaient avoir eu une relation extraconjugale avec Trump. 18 DÉCEMBRE 2018 - Michael Flynn a trahi son pays, estime le juge chargé de fixer sa peine de prison avant d'annoncer le report de sa décision afin de ne pas entraver la poursuite des investigations du procureur Mueller. 17 JANVIER 2019 - Le site BuzzFeed rapporte que Donald Trump aurait demandé à Michael Cohen de mentir au Congrès à propos du projet de Trump Tower à Moscou. 7 MARS 2019 - Paul Manafort, l'ex-directeur de campagne de Trump, est condamné par un juge fédéral à près de quatre ans de prison pour des malversations financières découvertes dans le cadre de l'enquête Mueller. Le 13 mars, il est condamné à un total de 73 mois de prison pour conspiration contre les Etats-Unis et d'entrave à la justice. 22 MARS 2019 - Le procureur spécial Robert Mueller remet son rapport à l'Attorney General William Barr, qui en transmet une synthèse deux jours plus tard aux parlementaires et à la presse. Le procureur spécial n'a pas trouvé de preuve permettant de dire que Donald Trump s'est rendu coupable de collusion avec la Russie lors de la campagne présidentielle de 2016. Barr ajoute que rien ne permet de lui imputer une quelconque obstruction à la justice. 18 AVRIL 2019 - Une version expurgée du rapport Mueller est rendue publique. Il met en lumière une série d'incidents qui tendent à montrer que Donald Trump a cherché à entraver le déroulement de l'enquête et interroge sur une éventuelle obstruction du cours de la justice. "Les preuves que nous avons obtenues sur les actes et l'intention du président présentent des points difficiles qui nous empêchent de déterminer de façon concluante qu'aucune conduite criminelle n'a eu lieu. En conséquence, même si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l'exonère pas non plus", peut-on notamment lire. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Le rapport Mueller sème le doute sans incriminer Trump EXTRAITS du rapport Mueller REACTIONS à la publication du rapport Mueller ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Warren Strobel et les rédactions de Reuters Jean-Stéphane Brosse, Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)
CHRONOLOGIE de l'"enquête russe" du procureur Mueller
information fournie par Reuters 18/04/2019 à 20:15
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