
Carbios développe des procédés destinés à révolutionner le cycle de vie du plastique. (crédit : George Becker / Pexels)
L'opération était attendue. Bien-sûr, parce que les finances de Carbios ne sont pas au mieux, avec tout juste 5M€ à fin décembre. Mais aussi parce que la constitution par la société, début mai, d'un consortium d'industriels, emmené par l'Oréal, présageait de nouveaux soutiens. Carbios vient de lever 14,5M€ dans le cadre d'un placement privé, auprès des industriels l'Oréal et Michelin, via leur fonds de venture-capital, et des financiers Truffle Capital, actionnaire historique et Copernicus AM et d'autres investisseurs. Les trois quarts des capitaux seront consacrés à la finalisation du démonstrateur industriel pour le biorecyclage du PET, sur le site de Kem One, près de Lyon et avec le soutien de Technip.
A partir d'une plateforme technologique d'ingénierie des enzymes, Carbios développe des procédés destinés à révolutionner le cycle de vie du plastique. Avec son démonstrateur, la biotech clermontoise veut prouver la validité, à l'échelle industrielle, d'un procédé qui utilise des enzymes spécifiques pour « dépolymériser » le PET, le purifier jusqu'à l'échelle du monomère, puis reconstituer des polymères vierges et, in fine, recycler ce plastique à l'infini.
Un marché immense
Le marché n'est pas tout proche mais il est immense, puisque plus de 50 millions detonnes de PET sont produites chaque année dans le monde, pour fabriquer des bouteilles, des textiles, etc. Et le chemin est balisé. « Nous comptons inaugurer notre démonstrateur d'ici début 2021, pour fournir des échantillons à nos partenaires potentiels et disposer d'un « process book » en 2022. L'objectif sera alors de signer des accords de licence avec des industriels en 2023, pour avoir, 12 à 18 mois plus tard, une première usine sur pied », explique Jean-Claude Lumaret, CEO fondateur de Carbios.
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En aval, la constitution du « consortium » d'industriels (l'Oréal, PepsiCo, Nestlé et Suntory) clients des plasturgistes à qui Carbios va chercher à vendre sa technologie, et tous engagés dans des politiques de responsabilité environnementale, devrait aider la société – c'est l'objectif – à convaincre ces plasturgistes en leur offrant une garantie de débouchés.
Assurer l'autonomie financière jusqu'à la signature de licence
Cette levée de fonds doit également assurer l'autonomie financière de la société jusqu'à la signature de licence. Il est vrai que l'autre programme dans lequel Carbios s'est investi est beaucoup plus proche du marché. Carbiolice, co-entreprise créée par Carbios, Limagrain et Bpifrance, a mis au point, à partir de la plateforme d'ingénierie enzymatique de Carbios, des additifs destinés à la production de plastique entièrement biodégradable en même temps qu'à durée de vie contrôlée, pour la sacherie, le paillage agricole, les films alimentaires, etc. Les premiers revenus sont attendues l'an prochain (lire Carbios prépare l'avenir avec Novozymes et décolle en Bourse ), sous forme de redevances émanant de Carbiolice.
Au prix, il est vrai, d'une forte dilution - le nombre d'actions en circulation augmente de près de 50%, la société retrouve, avec cette première grosse levée de fonds significative depuis l'introduction en bourse fin 2013, une visibilité financière confortable et les moyens de valoriser sa technologie.
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