Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

A Saint-Denis, les Jeux olympiques accueillis sans illusion
information fournie par Reuters 13/09/2017 à 17:44

    * Athlétisme, natation et village olympique à Saint-Denis 
    * 1 Md d'investissements, 1.000 emplois pérennes espérés 
    * La mairie veut améliorer l'image de la ville 
    * Pauvreté, sécurité, salubrité : les priorités des 
habitants 
 
    par Ingrid Melander 
    SAINT-DENIS, Seine-Saint-Denis, 13 septembre (Reuters) - A 
Saint-Denis, une banlieue au centre du futur dispositif des Jeux 
olympiques de Paris en 2024, tout le monde n'a pas le coeur à la 
fête à l'heure où le CIO annonce son choix. 
     Après trois échecs en 1992, 2008 et 2012, la capitale est 
certaine d'organiser cette olympiade, cent ans après celle de 
1924.   
    "La France entière est derrière Paris 2024, pour accueillir 
le monde", a souligné mardi la maire de Paris, Anne Hidalgo, sur 
son compte Twitter.  
    "La France entière", pas tout à fait. De l'autre côté du 
périphérique, certains se sentent exclus de cette effervescence. 
    "C'est peut-être positif pour les cafés et les brasseries, 
et pour ceux qui ont les sous pour acheter des billets pour les 
Jeux, mais c'est tout", estime Lucette Ménage, auxiliaire de vie 
de 46 ans. 
     
    GAGNER SIX ANS SUR LE GRAND PARIS 
    En plus du Stade de France, inauguré à l'occasion de la 
Coupe du Monde de Football 1998 et où se dérouleront les 
épreuves d'athlétisme, un grand centre aquatique verra le jour à 
Saint-Denis pour les Jeux olympiques, tout comme le village 
olympique, où seront logées les athlètes. 
    Reste que dans cette ville de Seine-Saint-Denis, département 
le plus pauvre de France où la délinquance sévit, la perspective 
de se retrouver au centre de l'attention ne suscite guère 
l'engouement. 
    "Les JO ne vont pas résoudre nos problèmes. Ils ne vont pas 
empêcher toute cette précarité dans les banlieues", continue 
Lucette Ménage. 
    A Saint-Denis, plus d'un habitant sur trois vit sous le 
seuil de pauvreté et près d'un actif sur deux n'a aucun diplôme. 
Le taux de chômage y est de 23%, environ le double de la moyenne 
nationale.  
    Surtout que l'histoire récente montre que les Jeux 
olympiques ne bénéficient généralement pas aux plus pauvres. 
    A Rio, par exemple, les autorités ont expulsé les habitants 
de certaines favelas afin d'y construire des infrastructures 
pour les jeux de 2016. Dans le même temps, les nouvelles lignes 
de transport en commun bénéficiaient aux quartiers aisés.   
    Afin de promouvoir la candidature francilienne, le comité 
d'organisation a assuré que ce ne serait pas le cas à Paris, 
avec comme projet phare, la reconversion du village olympique.  
    Ainsi, entre 2.000 et 3.500 appartements, dont 40% de 
logements sociaux, resteront après l'olympiade. 
    Pour Christophe Lepetit, économiste du sport auteur d'un 
rapport sur l'impact des Jeux à l'échelle du Grand Paris, cette 
échéance va pousser le gouvernement et les élus locaux à tenir 
leurs engagements. 
    "Ça nous fait gagner six ou sept ans", se félicite le maire 
de Saint-Denis, Laurent Russier, selon qui les nouvelles lignes 
de métro prévues dans le cadre de l'aménagement du Grand Paris 
seront livrées pour les JO. 
    L'édile estime aussi que le milliard d'euros 
d'investissements prévu sur la commune va créer 1.000 emplois 
pérennes pour ses administrés. 
     
    "MOLENBEEK-SUR-SEINE" 
    Pour autant, ces annonces provoquent moins d'enthousiasme 
que de scepticisme parmi la population. 
    "Je ne crois pas que les Jeux vont faire grand-chose pour la 
très grande pauvreté que l'on a sous les yeux ici", regrette 
Marine Massot-Capone, même si elle reconnaît que les nouvelles 
gares de métro vont améliorer les conditions de vie.     
    Pour cette jeune urbaniste, qui a fui Paris et ses loyers 
exorbitants, la priorité serait néanmoins de lutter contre "les 
incivilités que l'on voit tout le temps en centre-ville, les 
gens qui crachent par terre ou jettent des déchets dans la rue". 
    D'autres, comme Aimee Lutala, qui travaille à la boutique de 
souvenir de la Basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de 
France, espèrent que les Jeux amélioreront l'image de la ville.  
  
    Malgré son centre pavé, Saint-Denis pâtit d'une bien 
mauvaise réputation. 
    Le 18 novembre 2015, Abdelhamid Abaaoud et deux autres 
personnes liées aux attentats de Paris et Saint-Denis survenus 
cinq jours plus tôt trouvent la mort dans un appartement lors 
d'une opération de police, à une centaine de mètres de la mairie 
et de la basilique. 
    Par la suite, plusieurs articles de presse ont stigmatisé la 
ville, l'affublant du surnom de "Molenbeek-sur-Seine", en 
référence au quartier bruxellois d'où étaient originaires 
plusieurs kamikazes du 13 novembre. 
    Un "éclairage positif sur la ville", c'est tout ce que 
souhaite le maire de Saint-Denis, Laurent Russier, avant de 
reconnaître : "C'est sûr que les Jeux olympiques ne vont pas 
changer la vie de toutes les habitants".   
     
VOIR AUSSI 
Les Jeux olympiques de Paris 2024 en chiffres   
 
 (avec Cyril Camu pour le Service France, édité par Yves 
Clarisse) 
 

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.