Bonjour,
Il y a bien longtemps que je ne suis pas intervenu sur le forum de Boursorama pour parler d'ORANGE.
Il est vrai que ces six ou sept dernières années le secteur de la biotechnologie a été mon centre d'intérêt car véritablement passionnant mais aussi véritablement.... stressant.
Après une année 2020 particulièrement « riche » sur ce secteur (et qui le sera encore pour un petit moment pour les connaisseurs audacieux), j'ai décidé de prendre un virage à 180 degrés et de déstresser un peu, voir.... beaucoup même.
C'est ainsi (et cela va en surprendre plus d'un... compte tenu de mes propos ci-dessus), j'ai décidé d'investir dans ORANGE « la belle endormie ». Valeur défensive par excellence, valeur de rendement pour d'autres, valeur de fonds de portefeuille, valeur de bon père de famille. Bref une valeur refuge que l'on a tous en tête lorsque l'on doit citer une valeur de la cote.
Refuge ? pas certain car si l'on prend beaucoup de recul, on va vite s'apercevoir que la valeur à un parcours en bourse, disons le carrément « merdique », elle a perdu 95 % de sa valeur en 20 ans.
Pourtant, aujourd'hui, à partir de 2021, il y a beaucoup de raisons de s'intéresser au titre qui va avoir non plus une actualité nationale majoritaire mais des actualités internationales (Europe et Afrique) qui vont rendre le titre très intéressant à suivre pour les prochaines années.
Pour les investisseurs « courts », amicalement passez votre chemin. Pour les investisseurs « longs » (jusqu'à 10 ans), vous pouvez poursuivre la lecture.
A/ Tout d'abord quelques arguments positifs déjà connus :
1/ Renforcement de certains hommes d'affaire dans le secteur télécom (Niel, Buffet, Drahi).
2/ Réduction de la charge future des investissements d'ORANGE en faisant participer des investisseurs extérieurs dans leur financement et infrastructures (fonds spécialisés dans l'infrastructure, fonds publics dans le déploiement de la fibre en campagne) mais surtout les tours de communication (TowerCo) en Europe (à l'instar de Vodafone et de DeutchTelecom). La valeur de TOTEM est tout de même estimée à 10 milliards d'euros, avec un très fort potentiel de croissance (on parle de colocation) de l'ordre de x 1.5 en France et Espagne) d'ici 2026. Vous l'aurez compris, ORANGE va monétiser à fonds ses meilleurs emplacements avec pilonnes (5G, IoT industriel, smart cities).
3/ Avec une valorisation de seulement 10 fois ses bénéfices, une décote de 25 % par rapport à ses pairs européens, cela fait clairement d'ORANGE la valeur la moins chère du secteur télécom et comme le marché à une formidable mémoire, celui-ci s'intéressera de nouveau à elle à la moindre actualité favorable (comme un retour de la concentration du marché en France (les spéculations étants cycliques, celles-ci peuvent reprendre comme en 2016 et 2018 entre SFR, Bouygues et ORANGE).
4/ Autre argument, on sait qu'Orange est fortement endetté (l'équivalent de 24 milliards d'euros (idem valo boursière). 2021 donne le véritablement coup d'envoi à sa stratégie de cession d'actifs en commençant par un accord exclusif avec un consortium privé (EDF, CNP, Caisse des dépôts) d'une cession de 50 % d'ORANGE CONCESSIONS (cession valorisée à environ 2.7 milliards d'euros) avec pour objectif d'utiliser ce cash pour étendre son réseau fibre en campagne.
5/ Accords dans l'automobile : avec sa filiale OCEANE (voiture connectée, connectivité embarquée), ORANGE prépare discrètement la révolution de l'expérience à bord des passagers (21 millions de voitures autonomes seront écoulées entre 2025 et 2035 et plus de 30 millions de personnes utiliseront le co voiturage dès 2021). Dans un moment crucial pour le secteur automobile où les GAFA se rapprochent des constructeurs (Google et Ford, Microsoft de VW), ORANGE participe avec ATOS, Dassault Systems et St Microelectronics, à l'élaboration d'un « Software Republique » pour Renault.
6/ Stéphane Richard n'a pas encore pris sa décision d'introduire ou pas ORANGE CYBER DEFENSE mais depuis sa création il y a 5 ans, que de chemin parcouru : ORANGE a réalisé une croissance de + 10 % en 2020 avec un CA de 800 millions d'euros de CA et travaille étroitement avec l'Etat Français dans ce domaine. Un IPO serait un signe fort pour le marché qui, si elle doit se faire, serait valorisée 2 milliards d'euros.
7/ Au travers de sa filiale Enovacom, ORANGE poursuit également sa diversification pour devenir un leader de la protection des données de la e-santé en France. (Enovacom collecte, transporte, stocke, traite, analyse, partage les données et crée de la valeur de manière sécurisée).
B/ Quelques arguments méconnus et donc beaucoup moins bien appréciés par les investisseurs : la stratégie d'ORANGE envers le continent africain. Sur ce point, je suis à l'aise pour témoigner et vous livrer mon expérience car je vis sur ce continent depuis 2007. J'ai donc une place privilégiée pour vivre en « live » les ambitions expansionnistes d'ORANGE en Afrique.
Inauguration de son siège Afrique (Orange Middle East & Africa) à Casablanca au Maroc en 2020, livraison d'un nouveau siège à Abidjan en Côte d'Ivoire en 2021, ORANGE entend poursuivre sa croissance sur le continent (y compris sur le plan géographique). Déjà présent dans 18 pays sur 54 que compte le continent, ORANGE ne compte pas s'arrêter là en investissant de nouveaux territoires si l'occasion se présente et depuis quelques temps, ce sont trois nouveaux pays qui sont au cœur de la stratégie du groupe : l'Afrique du Sud, le Nigéria et l'Ethiopie.
Pour celles et ceux qui ne l'ont pas encore tout à fait intégré, voilà ce que déclarait Stéphane Richard en 2020 : « l'Afrique, c'est l'avenir d'Orange car c'est ici que réside le potentiel de croissance de l'entreprise ».
Avec « seulement » 13 % des revenus générés sur le continent africain (6 milliards d'euros), ORANGE se fixe comme objectif d'atteindre 25 % en 2025 voir 30 % s'il réalise son développement géographique cité ci-dessus.
1/ Et là le produit de son business ne provient pas de ce que vous connaissez en France mais des.... services financiers. Le modèle économique très développé est le paiement ou transaction par « mobile ». La population très peu bancarisée ne jure que par ce moyen de paiement rapide, économique et discret. A chaque transaction, ORANGE touche une commission sur le transfert qui pour ce faire utilise son réseau : double gain !
2/ Le numérique en Afrique est une priorité pour une économie inclusive et durable à défaut d'une économie industrielle et de transformation. Sur le continent peu d'entreprise produit, transforme et fabrique à très grande échelle, tout est quasi importé. Par contre, s'il y a bien un continent qui ne loupe pas la révolution numérique c'est bien l'Afrique. Pour une population très jeune et hélas pauvre, ORANGE lui offre la possibilité d'accéder au numérique via des offres spécialement adaptées comme un smartphone peu cher et des recharges internet à très bas coût et pour se faire, ORANGE a mis les petits plats dans les grands : 17 000 km de câble sous-marin pour bâtir une infrastructure fixe et mobile qui relie la France aux côtes ouest africaines et plusieurs « DATA center » sont sortis de terre pour les serveurs et le cloud.
3/ Une IPO de ses activités africaines sera un signal très fort pour le marché (si cela se fait, ce serait une double cotation à Casablanca et Paris ou une autre place d'importance (Londres à moins la cote depuis le Brexit)). Elle sera probablement conditionnée par une implantation d'un des trois pays cités :
a) L'Afrique du Sud (par une acquisition d'un opérateur local (MTN par exemple) ce qui lui ouvrirait un marché de.... 96 millions d'abonnés à séduire).
b) L'Ethiopie (par acquisition d'une licence mis en vente par l'Etat). En concurrence avec 21 autres opérateurs, ORANGE rêve de ce pays aux 100 millions de clients potentiels. Stéphane Richard reste néanmoins prudent sur ce pays à cause d'un contexte politique incertain.
c) Nigéria : le plus vaste marché télécom d'Afrique. ORANGE choisirait peut-être l'option de s'allier avec MTN le n° 1 du secteur (sauf s'il s'empare de MTN valorisée 10 milliards d'euro).
Avec 1 africain sur 10 comme client, ORANGE n'a que l'embarras du choix pour dupliquer son business model (télécom/services financiers). 47 millions d'africains règlent régulièrement leur facture via ORANGE MONEY et le potentiel est énorme grâce à l'accélération d'ORANGE BANK (encore peu connu en France mais qui fait déjà parti des marques du quotidien en Afrique de l'ouest).
Avec une présence dans un maillage géographique très serré, ORANGE permet aux populations les plus éloignées voir isolées d'avoir accès à la communication et aux recharges internet et à divers services, source d'énormément de petites commissions.
Voila donc quelques arguments qui me font aujourd'hui investir dans ORANGE. Ce n'est pas du trading.
ORANGE doit rester un acteur majeur des télécoms dans le monde sinon il jouera en seconde division. C'est un choix audacieux que de vouloir chercher de la croissance en Afrique mais le parcours d'ORANGE et ses résultats années après années démontrent que c'est à ce stade un choix plus que gagnant.
Salutations.