Microsoft va-t-il trop loin avec Copilot dans Windows 11 ?
Copilot est définitivement partout. De Bing à la barre de tâches, en passant par les applications de Microsoft et celle d'éditeurs tiers, il envahit les PC. Seulement voilà, l'utilisateur est-il encore au centre des préoccupations ? Retour sur une stratégie controversée alors que beaucoup d'utilisateurs de Windows 10 rechignent à migrer vers Windows 11.
Windows 10 a atteint la fin du support ce 14 octobre 2025. À ce stade, l’assistance technique, les mises à jour des fonctionnalités et les mises à jour de sécurité ne sont plus fournies, a indiqué Microsoft dans un communiqué. Résultat : ceux qui ont encore des appareils exécutant Windows 10 (environ 40% selon les chiffres de septembre) se voient poussés vers l'unique voie de sortie : les mettre à niveau vers Windows 11.
Et dans le cas où les appareils ne répondent pas aux exigences techniques pour s’exécuter sur Windows 11, il est vivement recommandé de s'inscrire au programme Windows 10 consumer Extended Security Mises à jour (ESU) ou de remplacer l’appareil par un appareil plus récent, évidemment. Mais, alors que Windows 11 est adopté par 49% des PC Windows dans le monde, les utilisateurs sont-ils vraiment satisfaits ? Alors que Microsoft n'hésite pas à noyer ces derniers d'outils d'IA et de Copilot, est-ce vraiment l'avènement des PC IA ?
Copilot, envers et contre tous
Ce 16 octobre, Microsoft a annoncé une mise à jour majeure pour Windows 11, visant à transformer chaque PC en un "PC IA", avec Copilot au cœur de l’expérience. L’objectif, pour la firme, est de rendre l’intelligence artificielle "plus accessible" et "intégrée au quotidien", au moyen d'une interaction naturelle (voix ou texte), une compréhension du contexte visuel à l’écran, et la capacité d’agir pour l’utilisateur, toujours avec son autorisation et en garantissant la sécurité.
Cela commence par "Hey Copilot" : un mot d’activation vocal permet d'interagir avec Copilot, doublant l’engagement des utilisateurs. Et c'est ainsi que l'utilisateur ouvre la voix de celui qui va le suivre partout. Il y a ainsi Copilot Vision qui analyse ce qui s’affiche à l’écran pour guider l’utilisateur (ex : retouche photo, aide dans un jeu, révision de documents Word/Excel/PowerPoint), Copilot dans la barre des tâches et dans les paramètres Windows, les "Actions Copilot" (en preview pour les Windows Insiders) qui permet d’automatiser des tâches locales (ex : tri de photos, extraction d’infos d’un PDF).
Le tout est connecté à un ensemble de services comme OneDrive, Outlook, Google Drive, Gmail, pour pousser à son paroxysme la personnalisation de la recherche et de l'analyse. Loin d'oublier les autres secteurs, Microsoft a établi des partenariats comme Gaming Copilot avec Xbox et Asus pour étendre l'IA aux sessions de jeu, mais aussi avec Manus et Filmora pour simplifier la création de sites web ou le montage vidéo directement depuis l’Explorateur de fichiers.
Copilot : 4% de part de marché des chatbots IA dans le monde
L'objectif est clair : rendre l’IA omniprésente, intuitive et sécurisée sur Windows 11. Et on pourrait même qualifier cela d'intrusif. A quel moment, la firme de Satya Nadella décide-t-elle que ses outils sont suffisamment présents dans le quotidien des utilisateurs Windows ? Quelles barrières n'a-t-elle pas encore fait sauter ? Reste-t-il une application, une page, un outil, qui ne soit pas encore envahi par Copilot ? Initialement lancé dans le navigateur Bing, fournissant des réponses génératives aux requêtes grâce à l'IA, Copilot a ensuite été intégré à la barre des tâches de Windows 10 et 11, à l'instar de Cortana, ainsi que dans Github. Une application iOS et Google Play a également été lancée, permettant aux utilisateurs de chatter, de créer des images et de communiquer avec l'assistant IA.
Pourtant, les chiffres ne sont pas exactement au beau fixe pour Microsoft. Copilot est en mal d'amour : ne représentant que 4% de part de marché des chatbots/assistants IA dans le monde (chiffres datés de septembre 2025), il est largement à la traîne face aux 81% de ChatGPT - Microsoft a tout de même investi plus de 13 milliards de dollars - ou aux 10% de Perplexity. Le chiffre a atteint son point culminant en août, s'élevant à 5,17%, mais cela reste extrêmement faible. En octobre 2024, Son CEO, Satya Nadella, estimait pourtant que l'IA serait la division la plus rapide à atteindre un chiffre d'affaires de 10 milliards de dollars.
Des indicateurs qui montrent les employés à la traîne
Fin juillet, alors que Microsoft bouclait le quatrième trimestre de son année fiscale 2025, Satya Nadella se félicitait des chiffres obtenus. "Les applications Copilot ont dépassé les 100 millions d’utilisateurs actifs mensuels, tous secteurs confondus (professionnel et grand public).... Nous comptons plus de 800 millions d’utilisateurs actifs mensuels... Nous avons déployé notre plus grande mise à jour de Microsoft 365 Copilot à ce jour ce trimestre... Nous observons une réelle dynamique. Les clients adoptent Copilot à un rythme plus rapide que toute autre nouvelle suite Microsoft 365, avec une intensité d’utilisation marquée, comme le montre notre taux de rétention hebdomadaire..."
Encore une fois, les outils lancés récemment par la firme viennent contredire ses rêves et chiffres mirobolants. La semaine dernière, Microsoft a introduit des benchmarks (indicateurs comparatifs) dans le tableau de bord Copilot de Viva Insights. Ces nouveaux outils doivent aiguiller les entreprises sur trois points. Tout d'abord, comparer l’adoption de Copilot en interne (par équipes, rôles, régions) et en externe (avec des entreprises similaires). Deuxièmement, mesurer le taux d’utilisateurs actifs, l’adoption par application (Teams, Word, Excel, etc.) et la fidélisation (utilisateurs réguliers). Enfin, identifier les tendances et opportunités pour améliorer l’engagement, grâce à des données anonymisées et sécurisées.
Si l'objectif affiché est d’aider les entreprises à optimiser l’utilisation de Copilot et à justifier leur investissement, tout en respectant la gouvernance et la vie privée, il existe tout de même quelques limites à cela. D'une part, la validité des métrique, ces benchmarks dépendant de la qualité des données collectées et de leur interprétation (ex : un taux d’adoption élevé ne signifie pas forcément une utilisation optimale). D'autre part, l'acceptation par les employés : la surveillance de l’utilisation de l’IA peut soulever des questions sur la confiance et ajouter une pression au travail. Une pente dangereuse sur laquelle le géant glissait déjà avec sa fonctionnalité Recall, finalement lancée en avril dernier.
Peut-être Microsoft devrait-il revenir, du moins un temps, à ses fondamentaux, à savoir le cloud et le développement, sans se perdre dans les méandres de l'intelligence artificielle.