Pierre Jérôme et Stéphane Bette (SpineGuard)
SpineGuard salue la présentation d'une nouvelle étude sur
les progrès réalisés dans l'application robotique de sa
technologie digitale de guidage chirurgical en temps réel
(DSG)*. Des résultats qui témoignent de la maturité de la
technologie et de la medtech, prête désormais à accélérer
aux États-Unis. Le point avec ses deux cofondateurs, Pierre
Jérôme, PDG, et Stéphane Bette, directeur général délégué
de la medtech.
Quel est l'intérêt de cette technologie DSG pour les outils de placement dimplants
osseux fabriqués par SpineGuard ?
Pierre Jérôme. Depuis sa création en 2009 en tant que spin-off de SpineVision,
SpineGuard est focalisé sur cette technologie de guidage chirurgicale en temps réel. Elle
permet de différencier la conductivité électrique des tissus en temps réel de manière
précise et locale, sans rayon x. Elle a d'abord équipé notre dispositif Pediguard,
historiquement développé en chirurgie vertébrale. Puis nous avons conçu une gamme
complète afin d'étendre ses applications et apporter ainsi une réponse au plus près des
habitudes des chirurgiens. Nous avons en outre développé et industrialisé des capteurs
miniatures pour favoriser un perçage intelligent et une chirurgie la moins invasive possible.
Stéphane Bette. À partir de là, nous avons doté notre technologie d'un protocole sans fil de
type Bluetooth afin qu'elle puisse communiquer avec une tablette que nous fournissons aux
hôpitaux et qui permet aux chirurgiens de visualiser les données mesurées pendant
l'opération en temps réel. Cette innovation permet aussi douvrir le champ des applications
à lintégration aux plateformes de navigation et de robotique, à travers par exemple un foret
universel muni du capteur DSG, et de collecter des données pour mener des travaux de
recherche.
L'innovation est-elle bien accueillie dans les hôpitaux français et par les chirurgiens
?
Pierre Jérôme. Nous avons une très bonne dynamique commerciale en France, où nous
travaillons avec beaucoup de chirurgiens réputés de la colonne vertébrale, comme le Pr
Richard Assaker, neurochirurgien au CHU de Lille et membre de notre conseil scientifique.
On peut également citer le Pr Jean-Charles Le Huec, à Bordeaux, qui est l'un des plus
grands spécialistes du domaine. Nous sommes donc présents dans la moitié des CHU de
France, avec désormais près de 100 chirurgies réalisées chaque mois. Cela a pris du
temps, car nos dispositifs n'ont pas de code de remboursement dédié et entrent donc dans
les budgets innovations. Mais notre technologie, éprouvée désormais, répond aux besoins
de sécurité et de chirurgies moins invasives. Elle limite en outre l'exposition aux rayons X,
autant pour les praticiens que pour les patients. C'est aussi ce qui nous a permis d'obtenir
son homologation auprès de toutes les grandes autorités, en Europe bien sûr, mais aussi
aux États-Unis, où nous avons une filiale, en Chine, au Japon, au Brésil, avec au total près
de 100.000 chirurgies sécurisées dans le monde. Aux États-Unis, nous avons en outre
signé l'an dernier un partenariat stratégique avec l'américain Omnia Medical pour deux
nouvelles applications, qui vont pouvoir être lancées à court terme. Il s'agit d'un partenariat
à très grand potentiel, autant médical que commercial, Omnia étant très développé sur son
marché en chirurgie interventionnelle et en ambulatoire.
Quelle est votre vision des marchés français et européen ?
Stéphane Bette. L'environnement est contrasté, clinico-économiquement parlant il est
plutôt favorable à notre technologie en raison de son efficience et sa simplicité. Sur le plan
de linnovation pour les medtechs en général, il y a de nombreux points positifs, comme la
qualité des hôpitaux français et des chirurgiens, ainsi que les aides publiques à l'innovation
qui sont importantes. Nous participons notamment au consortium FAROS (Functional
Accurate RObotic Surgery), financé par la Communauté européenne. Certains dispositifs
fiscaux, comme le crédit impôt recherche, sont aussi positifs. Mais l'aspect réglementaire,
avec la réforme du marquage CE (MDR), et les prix en France, qui sont parmi les plus bas,
compliquent l'équation. La situation réglementaire en particulier est complexe et coûteuse à
gérer, pour une PME comme SpineGuard, même si nous avons anticipé ce changeme
