Le labo de Haute-Saône qui travaille sur lauto-injection en cas dattaque chimique intéresse les USA
Le jeune laboratoire, dont lunité de production est à Arc-lès-Gray, base son développement sur un auto-injecteur, sans aiguille, pour répondre à des pathologies durgence. Les Américains se sont intéressés à lui, en amont dun marché lancé pour protéger les civils dune attaque chimique.
Par Maxime CHEVRIER - Aujourd'hui à 12:30
Cotée en Bourse depuis 2014, la société dont le siège est basé à Dijon pourrait connaître le fait le plus marquant de sa jeune histoire. Un an après le passage, de Bruno Le Maire , le ministre de lÉconomie, des Finances et de la Relance, sur son unité de production, à la zac des Giranaux dArc-lès-Gray, avec un chèque d1,5 million deuros (M€) à la clé, Crossject est pendue à certaines lèvres américaines.
Les seuls, sans aiguille
Outre-Atlantique, le verdict dun appel doffres de la Biomedical advanced research and development authority (Barda), un bureau du département de la Santé, est scruté de près, un peu plus encore depuis linvasion russe en Ukraine. « Ce sont, à la base, les militaires américains qui étaient venus nous rencontrer, à Dijon. Ils nous ont ensuite présentés à leurs collègues du ministère de la Santé. Ce marché a été lancé, il y a un peu plus dun an et nous y avons répondu. La seule chose que nous savons, cest quen face de nous, il ny a personne qui présente une solution sans aiguille. » Ancien des laboratoires Fournier, Patrick Alexandre est le président-fondateur de Crossject. Lauto-injecteur quil a pensé contrecarre la contrainte de la piqûre, via une propulsion pyrotechnique (700km/h), à même de traverser le vêtement pour inoculer une solution médicamenteuse durgence.
Traitement préventif, la nouvelle urgence ?
Les premiers gros travaux de Crossject ont, ces derniers temps, tourné autour de lépilepsie, avec un premier contrat (2,5M€) signé, en 2019, avec le laboratoire Desitin Pharma, pour une distribution attendue en 2024. « Il se trouve que ce produit présente un dosage (10mg) qui, pour ladulte, est celui qui est recommandé en cas dattaque chimique. Car, une des conséquences de celle-ci serait de provoquer une grosse crise dépilepsie, pouvant entraîner la mort dans lheure », éclaire Patrick Alexandre.
Ainsi, lhomme a saisi au bond cette « opportunité », au moment où « la Barda a publié lappel doffres pour la protection de la population civile en cas dune attaque chimique, bactériologique ou dun accident industriel ». La demande US (NDLR : 800 000 unités à fournir en trois ans) ne fait pas peur à Crossject, qui parlait, lan dernier au ministre de lÉconomie, dun objectif de production d1,6M dauto-injecteurs par an.
Traitement préventif, la nouvelle urgence ?
La situation géopolitique mondiale pourrait, cela dit, faire varier les compteurs. « On reste à laffût dun second marché, qui na pas encore été lancé. Celui-ci viserait un traitement, préventif cette fois, contre lattaque chimique », reprend Patrick Alexandre. Le plan américain a même été dévoilé, « avec 2M de produits répartis sur 2000 lieux de stockage », dixit le dirigeant de Crossject. Ce dernier semble sûr dune chose : « Aujourdhui, la solution qui existe, pour les militaires, est une molécule différente, qui présente davantage deffets secondaires. Elle est sous forme de flacon, avec une seringue, ce qui est loin dêtre idéal, dans une solution durgence comme celle de lattaque chimique. Je suis convaincu que ce produit, au regard de ses défaillances, ne sera plus acheté. »