(AOF) - Rémy Cointreau perd 0,68% à 73,10 euros après avoir pris acte hier de la décision du Ministère du Commerce de la République populaire de Chine (MOFCOM). Celui-ci "évalue de manière préliminaire et sans effet immédiat, à 38,1% la marge de dumping réalisée sur les importations en Chine de la division Cognac de Rémy Cointreau. Ce qui pourrait impliquer une taxe additionnelle dans la même proportion sur les exportations futures de cognac vers la Chine".
Cette décision intervient en dépit de la pleine collaboration du groupe avec les autorités chinoises depuis "l'ouverture de l'enquête le 5 janvier 2024, de la démonstration de la conformité de ses produits et de ses pratiques commerciales aux réglementations chinoises et internationales et de l'absence de dumping".
Cette décision est qualifiée de "préliminaire" et n'est pas accompagnée de "mesures provisoires", ce qui implique que les droits de douane finaux qui seront annoncés à l'issue de l'enquête pourraient différer de ceux qui viennent d'être communiqués ou ne pas être appliqués.
A ce stade, Rémy Cointreau est contraint d'attendre la décision finale du MOFCOM afin d'être en mesure d'évaluer les éventuels futurs impacts.
Rémy Cointreau entend poursuivre sa pleine coopération avec les autorités chinoises jusqu'à la fin de l'enquête. En parallèle, le groupe continue d'évaluer l'ensemble des leviers et opportunités de croissance qui lui permettront d'atténuer les éventuels effets négatifs relatifs à la décision finale du MOFCOM.
"La Chine est un partenaire commercial historique des marques Louis XIII et Rémy Martin qui y bénéficient depuis de nombreuses décennies d'un ancrage important et d'une désirabilité forte. Le groupe y poursuivra donc ses investissements afin de préparer la croissance de demain", explique le groupe français de spiritueux.
Il y a plus d'un mois, la société avait annoncé avoir dégagé au premier trimestre 2024-2025 un chiffre d'affaires de 217 millions d'euros, en baisse de 15,6% en organique.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/ Points clés /=
Groupe de spiritueux né en 1724, avec 12 marques mondiales -Remy Martin et Louis XIII pour les cognacs, diversifié dans les liqueurs et spiritueux avec Cointreau, Metax, St-Rémy, Mount Gay, The Botanis, Malt Bruichladdich, Port Charlotte, Octomore, Westland, Hautes Glaces- et 2 marques d’exception -Telmont, Belle de Brillet ;
- Ventes de 1,2 Md€ réparties entre 2 divisions –le cognac pour 65 %, les liqueurs et spiritueux pour 33 %, la part des marques partenaires ayant été réduite à 2 % ;
- Positionnement international, l’Asie-Pacifique étant 1er marché du groupe (40 % des ventes) dans les Amériques (38 %) ;
- Ambition 2030 : place de n° 1 mondial des spiritueux d’exception, avec une part de 65 % dans les ventes, maîtrise des prix de vente des spiritueux d’exception, au prix unitaire supérieur à 50 via le renforcement du contrôle de circuit de distribution (85 % des ventes) ;
- Capital contrôlé par les familles fondatrices (56,4 % des actions et + 70 % des droits de vote), Marie-Amélie de Leusse présidant le conseil de 15 administrateurs, de 15 membre, Eric Vallat étant directeur général.
=/ Enjeux /=
- Agilité du modèle d’affaires :
- face à la chute du chiffre d’affaires : diminution des coûts drastique et structurelle à 45 % et réduction de 10 % des effectifs non opérationnels,
- restructuration en 2 divisions de l’organisation commerciale, niveau élevé (20 % du chiffre d’affaires) des investissements et approche marketing ciblée par produit, client ou zone géographique (France, Italie et Royaume-Uni en Europe…),
- montée en puissance de l’e-commerce, à 20 % des ventes,
- Stratégie environnementale « Exception durable 2025 » visant le nez zéro en 2050 :
- d’ici 2025, identification de toutes les variétés résistantes au climat, éco-conception et allègement des bouteilles,
- d’ici 2030 :
- déploiement du plan « New Generation Terroirs » : conversion totale des agriculteurs et viticulteurs directs à l’agroécologie (vs 6 % à fin mars) et durcissement de la gestion de l’eau (- 20 % de prélèvement par litre d’alcool),
- recours intégral aux énergies renouvelables et réduction de moitié des émissions de CO2 par bouteille, ;
- Poursuite de la remontée de la rentabilité des liqueurs et spiritueux, inférieure de 2 fois à celle du cognac qui contribue à 87 % du bénéfice opérationnel ;
- Bilan solide avec 1,85 Md€ de capitaux propres mais hausse de la dette nette à 650 M€, soit un effet de levier de 1,68.
=/ Défis /=
- Manque de visibilité pour l’année en cours et forte saisonnalité des ventes;
- Inflation des coûts de production partiellement compensée par les hausses de prix et les économies de coûts et évolution de l’impact des parités euro-rimbini et euro-dollar, négatif sur le résultat opérationnel 2023-24, attendu favorable pour l’exercice en cours ;
-Défiance redoublée des investisseurs :
- exercice 2023-24 marqué par une dégradation de la marge opérationnelle dûe aux réductions de stocks aux Etats-Unis et à un repli de la consommation chinoise,
- risque d’une riposte de la Chine aux droits de douane européens sur les véhicules électriques qui affecterait le cognac européen ;
- Objectifs 2024-25 : reprise graduelle des ventes débouchant sur une hausse organique de 6 % et résilience de la marge brute ;
- Dividende 2024-25 de 2 €, payable en numéraire ou actions -option retenue par le holding familial ORPAR.
En savoir plus sur le secteur Agroalimentaire
Des prix de l'énergie qui flambent et un appel à l'aide
Dans le passé, l'énergie représentait un coût fixe de 3% du chiffre d'affaires. Cette année, ce pourcentage grimpe à 5% voire à 7% pour les TPE-PME, selon l'Ania (Association nationale des industries alimentaires. Les professionnels sont très inquiets car jusqu'à fin 2022 ils bénéficient généralement de couvertures pour amortir ces augmentations. Or elles ne sont pas reconduites pour 2023 et après. Par conséquent, 25 des principales organisations interprofessionnelles (Intercéréales, Inaporc, Semae, etc.) appellent l'Etat au secours face à l'érosion de leurs marges et de leur capacité d'investissement.
L'Etat a proposé plusieurs dispositifs, dont un " amortisseur électricité ", qui sont jugés insuffisants. Les organisations déplorent également l'échec des négociations européennes pour aboutir à un bouclier tarifaire permettant d'éviter les distorsions de concurrence. L'agriculture et l'agroalimentaire demandent un prix plafond maximum à 180 €/MWh alors que de nombreuses entreprises achètent à des prix supérieurs à 500€/MWh sur le marché français.
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