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POINT HEBDO-Les marchés passent sous le signe du kangourou
information fournie par Reuters 19/06/2020 à 11:54

* Un "kangaroo market" paraît se mettre en place

* Les indices font des bonds au gré des nouvelles

* L'espoir d'une reprise vigoureuse s'amenuise

* La crainte d'une deuxième vague pèse sur la confiance

par Patrick Vignal

PARIS, 19 juin (Reuters) - Le taureau et l'ours, symboles des mouvements contraires qui animent en alternance les marchés d'actions, paraissent sur le point d'être supplantés par autre animal aux directions imprévisibles : le kangourou.

Un taureau ("bull") garde l'entrée de Wall Street et trône sur le parvis de la Bourse de Francfort, où il est flanqué d'un ours ("bear"), ces deux bêtes désignant respectivement les séquences de hausse ("bull market") et de baisse ("bear market") des indices.

Les explications divergent sur l'origine de cette imagerie financière, la plus couramment évoquée étant que le bovin charge vers le haut avec ses cornes alors que le plantigrade abaisse ses pattes sur ses proies.

Un "bull market" se traduit par une progression d'au moins 20% par rapport à un plus bas récent, un "bear market" par une repli de même ampleur depuis un pic de référence.

Pour la troisième variante, le "kangaroo market", qui paraît vouloir s'imposer en ces temps incertains et se traduit par une succession de mouvements brutaux dans les deux sens, il n'y a pas vraiment de règles.

Après des semaines d'une progression linéaire portée par un soutien monétaire et budgétaire massif ainsi que par des espoirs d'un redémarrage rapide de l'économie à la faveur de la levée des mesures de confinement, l'emblématique marsupial s'est rappelé au souvenir des marchés le 11 juin dernier, au lendemain de sombres prévisions économiques dévoilées par la Réserve fédérale.

Ce jour-là, le Dow Jones .DJI , plombé en outre par des signes d'un regain des contaminations au coronavirus aux Etats-Unis, le pays le plus touché par l'épidémie, perdait près de 7%, et le Stoxx 600 .STOXX européen plus de 4%.

Après quelques séances en dents de scie, l'euphorie a fait son retour mardi grâce à un nouveau plan de soutien au marché des obligations d'entreprises annoncé la veille par la banque centrale américaine (+2,04% pour le Dow Jones et +2,84% pour le CAC 40 parisien .FCHI ).

LES BOURSICOTEURS S'AGITENT

Si les facteurs de soutien restent en place avec des banques centrales accommodantes, des gouvernements réactifs et des indicateurs en amélioration, les inquiétudes sur la vigueur de la reprise et la crainte d'une résurgence de l'épidémie de coronavirus, avec une hausse des nouveaux de cas de contamination en Chine et dans plusieurs Etats américains, ont ramené la volatilité sur les marchés.

"Faute de visibilité sur les trimestres à venir et sur 2021, le comportement des acteurs de marché a consisté à raccourcir considérablement l'horizon des investissements", explique Didier Saint-Georges, membre du comité stratégique d'investissement de Carmignac.

"Le marché réagit désormais au informations, pratiquement au jour le jour, ce qui crée des marchés très instables capables d'évoluer très fortement d'un jour à l'autre selon le flux d'informations, aussi bien sur le plan économique que sur le plan sanitaire, comme on l'a vu ces derniers jours", ajoute-t-il.

La fragilité des marchés s'explique également par la forte présence, notamment aux Etats-Unis, d'investisseurs particuliers recherchant des gains à court terme sans se soucier de la qualité des entreprises dans lesquelles ils investissent, poursuit Didier Saint-Georges.

Cette vogue du boursicotage est illustrée notamment par le succès de l'entreprise californienne de courtage en ligne Robinhood, qui supprime les frais sur les ordres et vient de gagner trois millions d'utilisateurs en quelques mois.

L'optimisme des marchés depuis la dislocation du mois de mars, provoquée par l'imminence d'une récession sans précécent, reposait plus fondamentalement sur la conviction des investisseurs professionnels que la reprise serait rapide et vigoureuse.

Ce scénario est remis en question par la difficile remise en route des chaînes de production, les faillites à attendre et un comportement des ménages qui devrait rester prudent, sans parler d'une deuxième vague de coronavirus qui imposerait un retour au confinement, explique Stéphane Déo, stratégiste de La Banque Postale Asset Management (LBPAM).

L'ENDETTEMENT POURRAIT FREINER LA REPRISE

"Nous nous attendons à une reprise très vigoureuse sur la deuxième moitié de l'année, avec un risque de sous-estimation du consensus", dit-il.

"La reprise sera néanmoins partielle et il ne faut pas s'attendre à un retour à la normale d'ici à la fin de l'année", ajoute-t-il aussitôt.

Il faudra notamment gérer l'explosion de l'endettement public et privé, ce qui pourrait agir comme un frein sur la reprise, prolonge William de Vijlder, chef économiste de BNP Paribas.

La chute vertigineuse de leur chiffre d'affaires en raison de la fermeture de large pans de l'activité afin de lutter contre la propagation de la pandémie a contraint de nombreuses entreprises à réduire leurs coûts, à puiser dans leurs réserves et à tirer sur leurs lignes de crédit, explique-t-il.

Les pertes cumulées subies par les entreprises européennes pourraient ainsi excéder 720 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année, voire dépasser 1.200 milliards d'euros en cas de scénario défavorable, selon les chiffres de la Commission européenne.

Les Etats-Unis ont le même problème, même si l'insolente santé des géants de la technologie masque pour l'instant la vulnérabilité de nombreux acteurs.

L'avenir paraît donc flou, avec une dispersion des attentes colossale et une confiance des investisseurs susceptible de s'effriter à tout moment, ce qui pourrait permettre au kangourou de régner durablement sur des marchés fébriles.

(édité par Blandine Hénault)

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