Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Où en est le verdissement de l’assurance ?
information fournie par Le Cercle des économistes 24/05/2021 à 08:00

Philippe Trainar
Philippe Trainar

Philippe Trainar

CNAM

professeur titulaire de la chaire assurance

https://lecercledeseconomistes.fr/

"Les assureurs n'ont pas attendu les régulateurs pour traiter la question climatique. D'ores et déjà, ils couvrent la dérive, coûteuse, des événements climatiques, tempêtes, inondations et sécheresses, et imposent aux assurés de mener des actions de prévention suffisantes." (Crédits photo : Pexels - Markus Spiske )

"Les assureurs n'ont pas attendu les régulateurs pour traiter la question climatique. D'ores et déjà, ils couvrent la dérive, coûteuse, des événements climatiques, tempêtes, inondations et sécheresses, et imposent aux assurés de mener des actions de prévention suffisantes." (Crédits photo : Pexels - Markus Spiske )

A l'heure où l'on s'interroge sur le rôle qu'elle peut jouer dans la relance post-pandémie, la finance verte et responsable s'impose de plus en plus. Philippe Trainar explique pourquoi le secteur assurantiel met aujourd'hui les bouchées doubles pour rattraper son retard.

L'assurance est concernée par le changement climatique au même titre que les autres secteurs. Le changement climatique l'affecte à trois niveaux : il fait apparaître de nouveaux risques à couvrir ; il accroît les coûts des sinistres traditionnels liés aux événements climatiques ; il affecte la valorisation des actifs couvrant les passifs, du fait des « stranded assets » (actifs irrécupérables car liés aux énergies fossiles).

La régulation de l'assurance, Solvabilité 2, impose aux assureurs d'évaluer tous les risques auxquels ils sont exposés à court et long terme, même si ces risques sont mal pris en compte dans le cadre de la formule standard qui permet à la plupart des assureurs de quantifier les exigences prudentielles en capital (SCR). Les assureurs doivent en effet, a minima, prendre en compte les risques liés au changement climatique dans le cadre de l'exercice annuel dénommé ORSA (Own Risk and Solvency Assessment ou Évaluation interne des risques et de la solvabilité), qui est un exercice prospectif comme l'a rappelé le superviseur européen des assurances, l'EIOPA, en septembre 2019.

Pour clarifier ces exigences, la révision de Solvabilité 2 devrait conduire à inclure explicitement, et non plus implicitement, le risque climatique dans la régulation du secteur, notamment dans son ORSA et dans l'appréciation de sa solvabilité.

Les assureurs n'ont pas attendu les régulateurs pour traiter la question climatique. D'ores et déjà, ils couvrent la dérive, coûteuse, des événements climatiques, tempêtes, inondations et sécheresses, et imposent aux assurés de mener des actions de prévention suffisantes. Mais, s'il est clair qu'en tant que souscripteurs de risques climatiques les assureurs contribuent activement au traitement du changement climatique, c'est probablement au niveau de leurs investissements qu'ils sont le plus attendus car c'est à ce niveau que leur impact climatique est le plus important.

Un verdissement à marche forcée

De ce point de vue, les assureurs sont bien conscients des enjeux climatiques : en 2019, 65% de leurs investissements, soit 1.700 milliards d'euros d'actifs, sont couverts par une analyse en termes de critères ESG (57% des actions, 93% des obligations d'entreprises et 83% des obligations souveraines) ainsi que de critères climatiques (risques physiques et de transition). Mais conscience ne rime pas nécessairement avec action : la même année, seuls 3,5% des actifs de l'assurance française, soit 92 milliards d'euros, sont investis dans des fonds thématiques environnementaux, des infrastructures vertes, des green-bonds ou de l'immobilier vert. Ce chiffre, à première vue décevant, ne doit cependant pas masquer que le verdissement des actifs de l'assurance française est en train de se faire à marche forcée puisque leur volume a augmenté de plus de 50% sur un an.

Les assureurs pourront toutefois argumenter qu'ils n'ont guère la main sur une large fraction de leurs actifs. En assurance-vie, c'est à l'assuré qu'il appartient de décider de la nature des unités de compte où son épargne sera investie. L'assureur a naturellement un rôle pédagogique à jouer dans ce choix. Les assureurs français se sont d'ailleurs engagés à inclure dans leur offre au moins un support en unités de compte bénéficiant d'un label socialement responsable, solidaire ou vert, un engagement devenu obligation en application de la loi PACTE. Les résultats sont toutefois décevants : les encours d'unités de compte vertes (Greenfin) dépassent à peine 1 milliard d'euros (les unités de compte socialement responsable et solidaires ont eu beaucoup plus de succès). Le chiffre de 2019 ne doit toutefois pas occulter la forte progression d'une année sur l'autre, qui s'est traduite par un doublement.

En conclusion, si l'assurance, contrairement à la réassurance, a incontestablement tardé à verdir ses activités, elle met les bouchées doubles depuis qu'elle s'y est attelée.

2 commentaires

  • 25 mai 15:16

    Actionnaire d'un compagnie d'assurance, je demande respect des Lois, et surtout pas de pseudo verdissement dans l'air du temps. Restons concentrés sur l'essentiel: faire des profits dans le strict respect des Lois!


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Allison Kirkby, PDG du groupe BT, arrive à une réunion du Conseil des affaires avec le Premier ministre britannique Rishi Sunak à Downing Street
    information fournie par Reuters 15.06.2025 13:31 

    La directrice générale de BT Group , Allison Kirkby, a déclaré que les avancées en matière d'intelligence artificielle pourraient accroître significativement le nombre de suppressions d'emplois engagées au sein de l'opérateur télécom britannique, rapporte dimanche ... Lire la suite

  • Kalpesh Patni pleure la mort de son frère de 14 ans Akash Patni, à Ahmedabad le 13 juin 2025 ( AFP / Punit PARANJPE )
    information fournie par AFP 15.06.2025 12:21 

    Des familles ont assisté dimanche aux obsèques de leurs proches décédés dans l'accident du Boeing 787 d'Air India de jeudi à Ahmedabad, dans le nord-ouest de l'Inde, la pire catastrophe aérienne depuis 2014 avec au moins 279 morts. Quelque 20 à 30 membres de la ... Lire la suite

  • Jony Ive discute avec la papesse de la mode Anna Wintour au sommet WIRED25, le 15 octobre 2018 à San Francisco ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Matt Winkelmeyer )
    information fournie par AFP 15.06.2025 10:47 

    OpenAI travaille avec le designer historique d' Apple à un nouvel appareil censé faciliter l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) générative au quotidien, qui va entrer en concurrence avec enceintes et lunettes connectées. Les spéculations vont bon train ... Lire la suite

  • Le moteurs GTF de Pratt & Whitney exposé au Capitol Hille à Wasgington, le 19 juillet 2017 ( AFP / PAUL J. RICHARDS )
    information fournie par AFP 15.06.2025 08:32 

    Plusieurs centaines d’avions cloués au sol et des coûts colossaux pour les compagnies: les moteurs de l'américain Pratt & Whitney qui équipent notamment des monocouloirs d’ Airbus progressent vers une meilleure durabilité, mais restent une épine dans le pied

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.