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Les marchés financiers vont-ils s’effondrer ?
information fournie par Le Cercle des économistes 12/09/2022 à 09:02

Jean-Paul Betbèze
Jean-Paul Betbèze

Jean-Paul Betbèze

JPBetbèze

économiste

http://www.jpbetbeze.com/

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

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Entre guerre en Ukraine, inflation galopante et rumeurs de récession, les opérateurs financiers sont soumis à rude épreuve. De part et d'autre de l'Atlantique, l'arme monétaire prend le pas. Jean-Paul Betbeze explique pourquoi les marchés vont résister à la hausse des taux d'intérêt

Est-ce que les marchés financiers vont s'effondrer ? Non. Résister en bougeant, plutôt. Après les hausses aux Etats-Unis et en zone euro de 0,75% qui viennent de se produire, respectivement à 2,5 et 1,25%, les marchés vont chercher, dans ce monde plein de risques, les occasions à exploiter et les titres à vendre, en s'éclairant autant que possible par ce que veulent faire la Fed et la BCE, qui sont (toujours) leurs phares. Il ne s'agit pas de les contrer, ce serait ruineux, mais de savoir jusqu'où elles iront dans les hausses de leurs taux courts et la gestion de leurs bons du trésor, donc dans la hausse des taux longs. A quoi ressemblera ce nouvel équilibre de croissance pas trop inflationniste, à quels taux et quand sera-t-il obtenu ?

Commençons par la Fed. Les marchés financiers qui, dit-on, traitent au mieux l'information, ont quelque travail entre la révolution technologique qui se poursuit, la Chine qui ralentit et la guerre en Ukraine, qui accélère partout l'inflation. Dans ce monde confus, allons à Jackson Hole le 26 août, où Jay Powell, le président de la Fed, nous délivre un message simple et bref : lutter contre l'inflation est sa mission première. Elle prend aujourd'hui le pas sur son autre mission, l'emploi, étant entendu que le marché du travail est déjà trop tendu, alimentant la hausse des salaires et des prix. La Fed va donc continuer ses hausses : que l'on n'attende pas de Powell cet attentisme d'Arthur Burns, son lointain prédécesseur, qui força Paul Volcker à monter les taux à 20% en juin 1981, faisant passer l'inflation de 13,5% en 1981 à 3,2% en 1982, mais avec une récession en 1982-1983 et un taux de chômage à 11% à la clef.

Qu'on se le dise : Powell montera ses taux, disons à 4 ou 5%, sachant que la croissance devra continuer à fléchir. Mais avec un taux de chômage actuel à 3,7%, cela lui laisse de la marge. Il supposera que des licenciements vont calmer les salaires dans certains services, poussant les chômeurs vers d'autres, moins en tension. Il sait aussi que la bourse a intégré son rythme de hausses de 50 points de base par réunion de la Fed, pour s'inquiéter avant, chaque fois, d'une hausse de 75 points, puis la déglutir. Et pourtant voilà deux trimestres où le PIB baisse depuis janvier, Powell veut-il aller vers une « récession moyenne » ? Il ne sera ni Burns, ni Volcker.

Passons à la BCE. Toujours à Jackson Hole, le 27 août, c'est Isabel Schnabel, membre de son Directoire, qui parle. Et qui annonce de pires nouvelles encore, de plus fortes hausses de taux d'intérêt, donc avec un taux de chômage plus élevé. Elle dira notamment que les entreprises ajustent moins qu'auparavant l'emploi quand les taux montent, avec leurs structures plus complexes et ayant de plus en plus d'actifs intangibles dans leurs bilans, donc un investissement moins sensible à son coût de financement. Attendons-nous donc à de fortes hausses des taux d'intérêt, comme ce 8 septembre. La crédibilité de la Banque centrale dans son pilotage en fonction de l'inflation anticipée (foreward guidance) a souffert d'avoir raté le surgissement actuel de l'inflation. Serons-nous de retour à la BCE d'origine, celle née de la BUBA, et qui prêterait moins d'attention à la situation italienne ? Bien moins de Draghi, bien plus de Trichet ?

Passons à la Chine, où la Banque centrale parle très peu, mais vient encore de baisser ses taux de 5 points de base à 3,65%, suite à la baisse de 2,6% de son PIB d'un trimestre à l'autre en début d'année, en liaison avec la politique de ces lockdowns anti-Covid qui font baisser le yuan, plus la crise de l'immobilier. Il n'en demeure pas moins que la Chine exporte plus de biens et services que jamais et la Russie plus de pétrole que jamais. La Chine bénéficie des soutiens budgétaires américains et européens, la Russie de son gaz, de son pétrole, de son blé et de ses alliés de fait.

Les taux vont donc monter aux États-Unis et en zone euro, peser sur la croissance, surtout en zone euro et en Italie, le dollar monter par rapport à l'euro et au yuan. Le tout, sans effondrement des grands marchés, avec un FMI aux aguets, en supposant bien sûr aucune autre folie russe.

6 commentaires

  • 17 septembre 10:59

    On ne parle que de taux, mais l'économie ne se résume pas aux taux. Entre les élections italiennes dans une semaine et les résultats des entreprises pour le 3ième trimestre en octobre qui vont annoncer leur cible pour la fin de l'année, il est à mon avis peu prudent d'acheter des actions en ce moment. Wait and see.


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