La relance de la construction européenne et la première opération «d'helicopter Money» aux Etats-Unis, devraient se traduire par une baisse accélérée du dollar, (une hausse accélérée de l'euro), et la poursuite de la divergence boursière majeure entre les actions américaines et les actions européennes. (crédit photo : Adobe Stock)
L'histoire retiendra de l'année 2020 deux évènements majeurs, au-delà de la pandémie de Covid-19. Le premier évènement est le renouveau de la construction européenne, grâce à la première mutualisation de la dette entre les membres de l'Union, dans le cadre du plan de relance décidé cet été. Le second est la première opération «d'helicopter money» lancée aux Etats-Unis.
Le renouveau de la construction européenne
Au mois de mai, l'Allemagne a quitté le «camp des frugaux» pour rejoindre la France dans une initiative commune de relance économique dont le financement est mutualisé entre les différents pays. Cet évènement, que notre président a qualifié comme «le plus important pour l'Europe depuis la création de l'euro», est effectivement considérable.
Pour la première fois, c'est l'Europe qui s'endette avec garantie mutuelle des Etats membres. C'est tout simplement une nouvelle étape de la construction européenne, qu'on attendait depuis si longtemps et qui a accouché dans des conditions si difficiles au cours du dernier conseil européen. La conséquence financière de cet événement c'est la hausse de l'€.
Evolution de la parité euro / dollar sur un an. (Source : FACTSET et VALQUANT EXPERTYSE)
Finalement, depuis une dizaine d'années notre monnaie se dépréciait tendanciellement contre le $, car la possibilité d'une fin de l'€ et de l'Europe était dans tous les esprits, depuis la crise grecque, et sans initiative politique de relance de la construction européenne.
Evolution de la parité euro / dollar depuis 1998. (source : FACTSET et VALQUANT EXPERTYSE)
Le niveau de 1,18-1,20 constitue un seuil très important. Au-delà cette parité, on peut imaginer une poursuite de la hausse de l'€ et donc un impact négatif devenant très significatif sur le cours des entreprises.
Il est donc probable que la hausse de l'euro, qui a déjà été importante depuis le mois de mai, continue voire s'accélère dans le futur. C'est une bonne nouvelle pour l'Europe, mais ce n'est pas une bonne nouvelle pour les actions européennes, qui vont devoir faire avec une monnaie forte, comme les entreprises allemandes avec le Deutsche Mark en son temps. En tous cas, la performance boursière en euro sera fortement limitée à cause de la hausse de la monnaie unique.
La première opération « d'helicopter money » aux Etats-Unis
Conscient de la gravité de la crise sanitaire et de la contraction du PIB associée, le gouvernement Trump a décidé d'envoyer des chèques aux ménages américains. 150 millions d'américains qui ont perçu moins de 90.000 dollars l'année précédente, ont reçu 1.200 dollars maximum par adulte.
S'ajoutent à cette somme 500 dollars par enfant âgé de moins de 17 ans. Au total, la loi «CARES» (Coronavirus, Aid, Relief and Economic Security) a engagé près de 2.000 milliards de dollars sous forme «d'helicopter money», c'est-à-dire d'argent envoyé sans contrepartie de travail et sans exigence de remboursement futur. C'est 10% du PIB, et donc un montant considérable.
Comme, en parallèle, la banque centrale américaine rachetait des obligations du Trésor sur le marché, on peut dire que l'argent venait quasiment directement de la Fed. Voilà pourquoi on parle «d'Helicopter Money», qui est normalement fournie directement de la banque centrale aux comptes bancaires des citoyens.
Cette opération consacre la création monétaire comme facteur direct de croissance économique et aussi de hausse des cours de bourse. On peut dire désormais que c'est la monnaie qui crée la croissance, et pas le contraire ….D'ailleurs, n'est ce pas finalement l'objectif assigné à la croissance de la masse monétaire, qui est aujourd'hui très supérieure à la croissance du PIB ?
Monnaie et croissance aux Etats-Unis. (Source : FACTSET et VALQUANT EXPERTYSE)
Jusqu'au tournant du siècle dernier, la croissance annuelle de la masse monétaire M2 (6,3%) était peu différente de la croissance du PIB (+5,7%). Mais depuis, elle a accéléré à +6,6%, alors que la croissance moyenne du PIB baissait de 2%, à 3,7% seulement. Ainsi, depuis vingt ans, la masse monétaire croit deux fois plus vite que le PIB aux Etats-Unis.
Cette création monétaire en excès de la croissance économique a de multiples effets. Elle explique au moins en partie la forte hause du cours des actions. Elle pourrait aussi faire baisser le taux de change externe du dollar…qui favorise aussi la hausse du cours des actions américaines, toutes choses égales par ailleurs.
Ainsi, les deux événements majeurs de 2020, la relance de la construction européenne et la première opération «d'helicopter Money» aux Etats-Unis, devraient se traduire par une baisse accélérée du dollar, (une hausse accélérée de l'euro), et la poursuite de la divergence boursière majeure entre les actions américaines et les actions européennes.
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