(AOF) - Dans un marché en baisse ce mercredi, L'Oréal (-6,55% à 371,95 euros) enregistre le plus fort repli du CAC 40 après l'annonce hier soir d'une croissance moins forte que prévu au troisième trimestre 2025. Sur cette période, le chiffre d'affaires du numéro un mondial des cosmétiques a progressé de 4,2% en comparable, et de 0,5% en publié, à 10,33 milliards d'euros. La croissance interne est légèrement inférieure au consensus de Visible Alpha : 4,7%. Certains analystes regrettent également le manque de visibilité sur le quatrième trimestre.
"La légère déception de cette publication provient de la division Luxe", explique Invest Securities. Sur ce troisième trimestre, ce segment d'activité affiche une croissance de 2,5% en comparable, inférieure au consensus de 6%.
"La division Produits Professionnels a surperformé, mais les trois autres divisions ont affiché des performances inférieures aux attentes du consensus", souligne de son côté RBC.
Sur ce trimestre, les revenus du segment Produits Professionnels ont augmenté de 9,3% en comparable et de 6,1% en publié. "Cette division continue de surperformer le marché et progresse dans toutes les zones géographiques, avec une dynamique particulièrement remarquable en Europe, ainsi que dans les marchés émergents (Brésil, Mexique, GCC et Inde). Cette performance est portée par une forte accélération en e-commerce et en distribution sélective", explique le propriétaire de la marque Garnier.
"Sur une base ajustée, c'est-à-dire hors impact négatif de 70 points de base lié à la transformation informatique de L'Oréal, la croissance des ventes en données comparables s'est accélérée, passant de 3,7% au deuxième trimestre à 4,9% au troisième trimestre (contre un consensus de 5,4 % de Visible Alpha", explique UBS.
Par rapport à ses attentes, le broker fait savoir que "ce manque à gagner est principalement imputable à l'Amérique du Nord, qui a enregistré une croissance en données comparables ajustée de 3,8% au troisième trimestre en baisse par rapport à celle du deuxième trimestre : 4,7%". UBS anticipait une hausse de 7,3%.
Retour de la croissance en Asie du Nord
"Toutes les zones géographiques ont progressé : la reprise de nos deux plus grands marchés - les États-Unis et la Chine continentale - s'est poursuivie. Dans un marché solide, l'Europe est restée robuste, et le dynamisme continu en SAPMENA-SSA a plus que compensé la faiblesse en Amérique latine", a réagi Nicolas Hieronimus, directeur général de L'Oréal au sujet de ces ventes trimestrielles.
"La croissance a accéléré dans toutes les divisions, le poids des nouveaux lancements ayant encore augmenté au troisième trimestre grâce à notre plan de stimulus beauté", a-t-il ajouté.
L'Oréal a, en particulier, a renoué avec la croissance en Asie du Nord pour la première fois depuis deux ans. Dans cette région, les revenus au troisième trimestre ont progressé de 4,7% à données comparables mais en repli de 0,1% à données publiées. "La Chine continentale affiche une légère croissance et croît plus vite que le marché qui est en légère progression. La dynamique continue de s'améliorer trimestre après trimestre : la progression au troisième trimestre s'établit à une croissance autour de 5%", souligne le propriétaire de la marque Garnier.
Pour RBC, "l'amélioration de la dynamique en Asie du Nord n'a pas suffi à compenser la faiblesse par rapport aux attentes dans la région Amériques".
Compte tenu du manque de visibilité de la direction et du risque d'un ralentissement de la croissance en Chine et d'un déstockage des parfums, Deutsche Bank s'attendait à ce que l'action soit sous pression.
Au sujet de ses perspectives, L'Oréal s'est dit confiant dans sa "capacité à continuer de surperformer le marché mondial de la beauté et à réaliser une nouvelle année de croissance du chiffre d'affaires et une progression de notre rentabilité".
"Le directeur général de L'Oréal a déclaré qu'il 'croise les doigts' pour le 11/11 (la fête des célibataires) en Chine et pour une saison des fêtes solide aux États-Unis et en Europe," relève Deutsche Bank. A son avis, cela manquait de conviction, et il pense que le marché attendait beaucoup plus de visibilité pour une société affichant un PER à 12 mois de 29. "Compte tenu du manque de visibilité fourni par la direction et du risque de ralentissement de la croissance en Chine et de déstockage des parfums, nous pensons que l'action sera sous pression," prévenait l'analyste.
"Lors de sa conférence téléphonique hier soir, L'Oréal a confirmé qu'il restait intéressé par l'acquisition de la division beauté d'Armani malgré le rachat de Kering Beauté," signale enfin Bank of America.
AOF - EN SAVOIR PLUS
En savoir plus sur L'Oréal
Points clés
- Leader mondial des cosmétiques, riche de 37 marques internationales, créé en 1909 ;
- Groupe organisé en 4 branches générant 43,5 Mds€ de ventes : les produits grand public pour 37%, les produits de luxe pour 36%, la beauté dermatologique pour 16% et les produits professionnels pour 11% ;
- Position internationale puissante, avec des revenus équilibrés entre l'Europe (32%), l'Amérique du nord (25%), l’Asie du nord (23%), l'Amérique latine (7%) et le reste du monde ;
- Ambition d’une surperformance constante du marché mondial et d’un maintien d’une croissance positive des ventes, fondée sur 6 piliers : R&D élevée autour de 800 Mds€, l’innovation contribuant à 15% des ventes annuelles, créativité au service des marques, sortie de nouveaux produits entre 15 et 20% par an, positionnement dans les produits « premium », excellence opérationnelle, Digital & beauty tech, distribution multicanal et engagements de durabilité, marques mondiales et focus sur l’e-commerce ;
- Deux positions fortes dans le capital : la famille Bettancourt Meyers (34,76%) et Nestlé (20,14%), Jean-Paul Agon présidant le conseil de 16 administrateurs, Nicolas Hieronimus étant directeur général.
Enjeux
- Agilité d’un modèle d’affaires multipolaire en transformation continue :
- excellence opérationnelle avec la démarche NEXT : organisation simplifiée en centres de services partagés internes et pôles géographiques, révision annuelle du portefeuille de marques de chaque Division et diminution du nombre de références de chaque marque pour réduire la complexité de la production et de la recherche,
- croissance des ventes dopée par les acquisitions (acquisitions du coréen DrG) et les partenariats (Galderma, n°1 mondial de la dermatologie et la maison de couture Jacquemus avec prises de participation de 10% chacun),
- montée des ventes digitales (79% des investissements média),
- innovation visant à faire du groupe le leader de la « Beauty Tech » et à transformer les formulations par recours aux sciences vertes : :
- 3 % des revenus investis en recherche & innovation, 21 centres de recherche, et 684 brevets déposés en 2024 et 8 000 experts digitaux/tech/données,
- prises de participation dans des start-ups via le fonds BOLD, et acquisitions ciblées sur le vieillissement cutané (Tencent, Verily…) ;
- Stratégie environnementale 2030 « L'Oréal pour le futur » :
- en 2024, réduction de 51% vs 2019 des émissions internes de CO2 ;
- 66% des ingrédients des formules biosourcés, 100% des produits éco-conçus, 87% d’usines recourant à l’énergie renouvelable, 53% d’eau recyclée et 37% des emballages plastiques recyclés ou biosourcés ;
- lancement de facilités vertes ;
- Capacité à générer tant une croissance annuelle moyenne des revenus supérieurs à celle du marché mondial depuis 15 ans qu’un autofinancement opérationnel élevé -6,6 Mds€ ;
- Bilan très sain, avec 6,6 Mds€ de dette face à 33,1 Mds€ de capitaux propres
Défis
- Utilisation des 3 Mds€ tirés de l’accord financier avec Sanofi, lors de la réduction, en février, de la participation ramenée en février de 8,7% à 7,2% ;
- Dans un marché de la beauté en ralentissement, notamment au 2nd trimestre, interrogations des investisseurs à maintenir une croissance des revenus et de la marge ;
- Après une progression de 3% des revenus et de 1% du résultat net (affecté par la moindre contribution de Sanofi, au 1er semestre, 2 priorités : dynamiser la croissance et gérer le compte de résultats pour compenser l’impact des hausses des droits de douane – et confiance dans une surperformance du marché mondial de la beauté ;
- Distribution alliant dividendes (7 € pour 2024) et rachats d’actions.
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