
( AFP / GABRIEL BOUYS )
La deuxième banque italienne UniCredit a lancé lundi une offre publique d'échange (OPE) d'actions sur Banco BPM, troisième groupe bancaire du pays, valorisant ce dernier à 10,1 milliards d'euros, au moment où son projet d'une éventuelle reprise de Commerzbank marque le pas.
Cette offre ne semble toutefois pas être du goût du gouvernement de droite et d'extrême droite de Giorgia Meloni, car elle risque de contrecarrer son projet de créer un troisième pôle bancaire en Italie.
L'OPE "a été communiquée" au gouvernement italien, mais "n'a pas fait l'objet d'un accord", a commenté le ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti, ajoutant que l'offre sera "évaluée".
Il a évoqué l'hypothèse que Rome pourrait bloquer l'opération en ayant recours au "golden power", qui lui confère des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays.
Le PDG d'UniCredit, Andrea Orcel, a minimisé lundi soir la portée de ces propos: "ce sont des opérations compliquées quand vous touchez au système bancaire, vous avez besoin de prudence, donc, qu'ils évaluent l'offre est la réponse correcte que nous attendions".
Avant l'OPE d'UniCredit, les spéculations allaient bon train sur la création d'un troisième pôle bancaire formé par Banco BPM et Monte dei Paschi di Siena (MPS), qui ferait concurrence aux poids lourds du secteur, Intesa Sanpaolo et UniCredit.
Dans cette optique, Banco BPM vient de racheter 5% du capital de MPS, mis en vente par le gouvernement, et a lancé une offre publique d'achat (OPA) de 1,6 milliard d'euros sur le groupe italien de gestion d'actifs Anima qui en a acquis 3%.
"Nous n'avons aucune ambition concernant MPS", a assuré M. Orcel, dont la tentative de racheter cette banque, sauvée par l’État italien en 2017, avait tourné court en octobre 2021.
- Conseil d'administration -
Un conseil d'administration de Banco BPM prévu mardi devrait passer en revue "une première information" sur l'OPE d'UniCredit, selon un porte-parole de la banque.
Cette offre concerne tous les titres ordinaires de Banco BPM, dont le premier actionnaire est Crédit Agricole avec une part de 9,18%, et vise à "renforcer le positionnement d'UniCredit" en Italie, selon M. Orcel.
L'OPE sur Banco BPM survient alors qu'UniCredit a annoncé en septembre d'abord l'acquisition de 9% de Commerzbank, puis sa montée à 21% du capital, alimentant des rumeurs sur une éventuelle reprise complète de sa rivale allemande.
"Nous ne procéderons" à une offre sur Commerzbank "que si certaines conditions sont remplies, ce qui nécessite un changement de position de certaines parties prenantes" en Allemagne, a déclaré M. Orcel lors d'une conférence avec des analystes.
"Ce que nous attendons de Commerzbank n'a pas changé", mais compte tenu des résistances rencontrées en Allemagne, "nous devons être patients et donner du temps à tout le monde", a-t-il fait valoir.
En attendant les élections anticipées en Allemagne prévues le 23 février, "nous n'avons pas la capacité de bouger à court terme et peut-être qu'il n'y aura pas de capacité de bouger du tout", a-t-il relevé.
- "Prime limitée" -
L'OPE sur BPM permettrait de créer "une deuxième banque encore plus forte dans un marché important, en mesure de générer une valeur significative à long terme pour tous les actionnaires et pour l'Italie", a expliqué UniCredit.
La banque italienne a offert 0,175 de son action ordinaire pour chaque action Banco BPM, les valorisant à 6,657 euros chacune, soit une prime d'environ 0,5% par rapport au cours de clôture de vendredi. Trop peu aux yeux des analystes d'Equita qui ont jugé cette prime "limitée".
L'annonce de l'OPE a fait décoller le titre de Banco BPM à la Bourse de Milan, où il a clôturé en hausse de 5,48% à 7,008 euros, au-dessus du prix de l'offre. A l'inverse, UniCredit a chuté de 4,76% à 36,275 euros.
"Nous nous attendons à une probable nouvelle offre beaucoup plus élevée pour convaincre les actionnaires de Banco BPM", a commenté Filippo Diodovich, analyste chez IG Italia.
Le seuil minimum d'acceptation de l'OPE a été fixé à 66,67%, mais pourrait être revu à la baisse, sans toutefois passer sous les 50%, a précisé UniCredit.
"L'Europe a besoin de banques plus fortes et plus grandes qui l'aident à développer sa propre économie et être compétitive face aux autres principaux blocs économiques", a assuré M. Orcel.
Selon les calculs d'UniCredit, les synergies de groupe permettront des économies de coûts d'environ 900 millions d'euros par an et une hausse des revenus d'environ 300 millions d'euros par an.
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