
Sommet du Mercosur à Montevideo
par Philip Blenkinsop
La Commission européenne soumet mercredi pour approbation l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, avec la perspective de crispations entre, d'un côté, l'Allemagne et d'autres pays souhaitant de nouveaux marchés pour compenser les droits de douane américains et, de l'autre, les détracteurs du texte - au premier rang desquels la France.
Après un quart de siècle de négociations, Bruxelles est parvenu en décembre dernier à finaliser un accord avec le Mercosur, marché commun sud-américain composé de quatre pays (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay).
Il reste désormais à le faire approuver par les pays membres de l'UE, ce qui nécessite un vote favorable au Parlement européen et une majorité qualifiée parmi les gouvernements du bloc communautaire - au moins 15 sur 27, représentant 65% de la population européenne. Aucun des deux n'est acquis.
La Commission et les partisans du projet, tels que l'Allemagne et l'Espagne, disent y voir un moyen de compenser les pertes commerciales engendrées par les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump et de réduire la dépendance de l'UE à la Chine, particulièrement pour les minerais rares.
Après que Donald Trump a remporté l'élection présidentielle américaine en novembre dernier, effectuant son retour à la Maison blanche en janvier, l'UE s'est affairée pour conclure des alliances commerciales, accélérant ses discussions avec l'Inde, l'Indonésie et les Emirats arabes unis tout en renforçant ses liens avec des partenaires commerciaux comme la Grande-Bretagne, le Canada et le Japon.
Bruxelles, qui va également présenter mercredi une nouvelle version de l'accord UE-Mexique bouclée en janvier, a présenté l'accord commercial avec le Mercosur comme le plus large jamais scellé pour réduire les droits de douane. Il le décrit également comme indispensable aux efforts de l'UE pour diversifier ses relations commerciales.
La France, principal producteur de boeuf du bloc communautaire, est le plus fermement opposée au texte, qu'elle a qualifié d'"inacceptable".
Par ailleurs, les agriculteurs européens ont régulièrement effectué des manifestations pour dénoncer l'accord, qui ouvre selon eux la voie à l'importation à bas coût de marchandises sud-américaines - en particulier le boeuf - ne répondant pas aux normes environnementales et sanitaires de l'UE. La Commission a rejeté cette idée.
Des groupes de défense de l'environnement ont également affiché leur opposition à l'accord UE-Mercosur.
Les détracteurs du texte espèrent que celui-ci sera bloqué, soit au Parlement européen, où les Verts et l'extrême droite sont contre, soit par les gouvernements, alors que la majorité nécessaire pourrait ne pas être atteinte si la Pologne et l'Italie venaient à imiter la France en rejetant l'accord.
Face à eux, les partisans du projet considèrent que le Mercosur représente notamment un marché en expansion pour le secteur automobile européen et une source fiable de minerais rares nécessaires à la transition énergétique de l'UE, permettant de s'affranchir de la dépendance à la Chine.
Ils mettent également en avant les avantages pour le secteur agricole, citant l'accès élargi et les droits de douane réduits dont bénéficieraient des produits tels que le fromage et le vin.
(Philip Blenkinsop; version française Jean Terzian)
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