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Paris: à La Chapelle, deux homicides en deux semaines dans un quartier en "tension"
information fournie par AFP 03/09/2025 à 14:34

Vendeurs à la sauvette et clients place de La Chapelle à Paris, le 5 septembre 2018 ( AFP / JOEL SAGET )

Vendeurs à la sauvette et clients place de La Chapelle à Paris, le 5 septembre 2018 ( AFP / JOEL SAGET )

Deux homicides en deux semaines: à La Chapelle, dans le nord-est de Paris, habitants et commerçants voient les violences augmenter, dans un quartier connu pour le trafic et la vente à la sauvette.

La place de La Chapelle est calme en ce lundi de rentrée. Deux jours après le meurtre d'un homme en pleine journée, trois camions de CRS sont garés devant le square Louise-de-Marillac, au pied du métro aérien.

Ce square, il est "impossible d'y aller, vous ne verrez jamais un enfant", soutient Baptiste Arnaud, propriétaire depuis deux ans d'un appartement donnant sur la place. "L'espace public ne nous appartient plus", estime-t-il.

Un peu plus loin, Sammy Hammoum, un habitant de 34 ans, se défend d'une vision trop négative sur ce quartier qui accueille une forte communauté afghane. Il indique ne "jamais" s'y "sentir en insécurité", avec "une vie de rue hyper prolifique".

Samedi, un homme afghan a été poignardé par un de ses compatriotes en plein jour dans la rue Marx-Dormoy, au coeur de La Chapelle. Il a succombé à ses blessures sur place.

Deux semaines plus tôt, dans la nuit du 14 au 15 août, un autre homicide à l'arme blanche avait déjà eu lieu dans le même secteur, boulevard de La Chapelle. La nationalité du ou des auteurs n'a pas été divulguée dans l'immédiat.

Ces drames, qui ne sont pas liés d'après la mairie, s'ajoutent à une augmentation "des tensions" dans le quartier, explique M. Arnaud.

Des policiers contrôlent des migrants présumés dans un square place de La Chapelle à Paris, le 12 mars 2020 ( AFP / JOEL SAGET )

Des policiers contrôlent des migrants présumés dans un square place de La Chapelle à Paris, le 12 mars 2020 ( AFP / JOEL SAGET )

"Je comprends que ça inquiète les gens. Moi, je ne suis pas forcément inquiet", déclare Jean-Michel Métayer, habitant depuis 1989 de ce "quartier populaire" où "de temps en temps, il y a des incidents". Le retraité estime cependant qu'il faudrait "une intervention beaucoup plus fréquente de la police nationale" pour lutter contre les "ventes clandestines".

La mairie du 18e déplore de son côté la perte de "100 policiers nationaux en cinq ans", malgré un quartier classé en "reconquête républicaine" par les autorités.

"Ce n'est pas possible d'avoir une telle baisse, face à l'actualité qui prouve à chaque instant que nous avons davantage besoin de policiers nationaux dans nos quartiers", estime Kévin Havet, adjoint au maire d'arrondissement chargé de la sécurité, de la police municipale et de la vie nocturne.

- "Désastre" -

En réponse, la préfecture de police déclare que "se limiter aux seuls effectifs de la circonscription de police pour évaluer la présence policière n'a aucun sens puisqu'y interviennent en permanence d'autres unités" que celles du commissariat d'arrondissement.

Depuis début 2025, la préfecture défend "une augmentation continue de l'activité de police", traduite par une hausse de 16% du nombre de mis en cause par rapport à la même période en 2024.

Un commerçant du quartier, présent depuis dix ans et préférant rester anonyme, voit pourtant le "désastre" s'accentuer depuis "presque deux ans", lui faisant perdre des clients.

Un réfugié afghan dort sur un canapé installé Place de la Chapelle à Paris le 5 octobre 2024 ( AFP / JOEL SAGET )

Un réfugié afghan dort sur un canapé installé Place de la Chapelle à Paris le 5 octobre 2024 ( AFP / JOEL SAGET )

"Ca fait deux mois que je ne me suis pas versé de salaire", a-t-il le temps d'expliquer à l'AFP avant de se précipiter dans son magasin, matraque télescopique à la main, derrière trois personnes en train de voler des aliments.

Après un moment de tension, ces derniers quittent le commerce en abandonnant leur larcin. "C'est pas un sentiment, l'insécurité!", soupire le gérant.

Deux semaines plus tôt, un homme le menaçait avec un couteau dans le même rayon de son magasin, ajoute-t-il, images de vidéosurveillance à l'appui.

Une personne SDF dort dans un parc, le 1er octobre 2019, place de La Chapelle à Paris ( AFP / JOEL SAGET )

Une personne SDF dort dans un parc, le 1er octobre 2019, place de La Chapelle à Paris ( AFP / JOEL SAGET )

Avant les homicides, une pétition avait été lancée par le collectif de riverains Demain La Chapelle dénonçant la "mafia omniprésente" des trafiquants et vendeurs à la sauvette qui opèrent, selon eux, en toute "impunité".

"Accueillir des demandeurs d'asile, ce n'est pas accepter des délinquants. Comme en Allemagne les délinquants afghans doivent être renvoyés en Afghanistan", a soutenu sur X Rachida Dati, candidate LR à la mairie de Paris, en réaction à l'homicide de samedi.

La communauté afghane est elle-même affectée par les événements d'août, souligne Shams Amin, employé d'une supérette afghane de la rue Marx-Dormoy ouverte en 2021.

Les clients, en majorité afghans, "ont peur quand ils voient la violence qu'il y a eu récemment", déclare l'homme arrivé en France en 2019, estimant que "moralement, ce n'est pas bon pour les immigrés" dont cela pourrait "affecter le dossier" d'asile.

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