
Le marché chinois continue de faire grise mine malgré les mesures de soutien exceptionnelles décidées par les autorités.
Alors que la crise grecque occupe un large pan de l'actualité économique de ce lundi, l'évolution du krach boursier chinois reste observée du coin de l'œil par les investisseurs. Malgré des mesures de soutien exceptionnelles prises par Pékin, les deux places chinoises ont terminé en ordre dispersé.
Au cours de la séance de lundi, l' indice de la Bourse de Shanghai a repris 2,41% à 3775 points, mais la Bourse de Shenzhen a quant à elle poursuivi sa série noire avec une nouvelle baisse de 2,70%, portant sa chute à 35% en l'espace de trois semaines.
Pourtant, les autorités chinoises ont tenté le tout pour le tout au cours du week-end de manière à enrayer la rapide chute des marchés chinois débutée le 15 juin dernier.
Soutien des marchés chinois par les courtiers locaux
L'AFP rapportait ainsi au cours du week-end : « Les 21 principales sociétés de courtage chinoises, réunies en urgence à Pékin, ont annoncé samedi qu'elles allaient investir plus de 19 milliards de dollars sur les marchés boursiers du pays, afin d'enrayer leur chute spectaculaire. Ce fonds d'au moins 120 milliards de yuans (19,3 milliards de dollars) sera destiné à l'achat de titres vedettes des grosses capitalisations, ont précisé ces 21 courtiers dans un communiqué publié par l'Association chinoise des valeurs boursières ».
« Promettant d'agir "avec fermeté" pour stabiliser les marchés boursiers locaux en plein plongeon, ces maisons de courtage se sont par ailleurs engagées à ne vendre aucune des actions qu'elles détenaient au 3 juillet. Elles ont aussi promis de poursuivre leur intervention de rachat de titres tant que l'indice composite de la Bourse de Shanghai resterait inférieur à 4.500 points », précisait la même source.
Cette mesure exceptionnelle est parvenue à provoquer un éphémère rebond de la Bourse de Shanghai lundi en début de séance, l'indice revenant proche des 4000 points avec une progression de 7% à l'ouverture des marchés. Néanmoins, ce rebond a très vite été effacé en cours de séance, l'indice repassant même dans le rouge après la pause de midi avant de terminer sur une hausse de 2,41%.
Les mesures drastiques des autorités chinoises pour tenter de faire remonter les cours de Bourse sont également interprétées par certains comme un signe de fragilité. « C'est tout le paradoxe de la situation actuelle : à trop vouloir calmer les esprits et à mobiliser son appareil de propagande pour fustiger des investisseurs qui « perdent leurs esprits », Pékin démontre, en creux, sa grande fébrilité devant une dégringolade lourde d'implications économiques et même politiques », relevaient Les Echos en matinée.
Toujours des rumeurs de ventes à découvert massives
L'indice Hang Seng Composite de la Bourse de Hong-Kong a quant à lui perdu 3,84% lundi. Cette baisse de la place de Hong-Kong serait due à son « positionnement spécifique de marché (…) offrant les meilleures conditions pour mettre en place des ventes à découvert à bas coûts dans la région », expliquait à l'AFP David Gaud, gérant senior chez Edmond de Rothschild AM à Hong Kong, au cours de la matinée.
Les ventes à découvert étaient déjà accusées d'accentuer la baisse des marchés chinois au cours des dernières semaines, forçant le régulateur des marchés chinois à intervenir en déclarant que cette rumeur n'était pas fondée ( lire l'article détaillé ).
Les marchés asiatiques ont également été pénalisés lundi par le « non » au référendum grec. La place de Hong-Kong est « un marché extrêmement tributaire des flux globaux et le contexte grec lui est particulièrement néfaste », précisait ainsi David Gaud à l'AFP.
Peu de répercussions visibles sur les autres places financières
Pour l'instant, le krach chinois ne semble pas perturber les investisseurs des autres grandes places mondiales, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Les investisseurs intervenant sur les places européennes se montrent nettement plus sensibles aux rebondissements du dossier grec. Aux Etats-Unis, les principaux indices connaissent quant à eux une volatilité très réduite depuis plusieurs semaines, peu affectés par les derniers rebondissements du dossier grec ainsi que par le krach chinois.
Les autres places asiatiques ont jusqu'ici également connu une direction plutôt calme au cours des dernières semaines, sans commune mesure avec la baisse du marché chinois. Le Nikkei japonais évolue ainsi toujours au-dessus des 20.000 points, ayant même dépassé son ancien pic de l'an 2000 le 24 juin dernier.
Certains économistes voient même d'un bon œil cette correction du marché boursier chinois, qui s'était envolé d'environ 150% en l'espace d'un an, un rythme intenable à moyen terme. Pour Christian Déséglise, professeur à Columbia interrogé par Les Echos , « la correction est plutôt saine car elle devrait réduire la spéculation ». Il n'en reste pas moins qu'avec une capitalisation des valeurs chinoises estimée à 10.000 milliards de dollars juste avant le 15 juin, la chute des actions chinoises d'environ 30% depuis cette date a détruit environ 3.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.
X. Bargue
Retrouvez nos précédents articles sur le sujet :
- La Bourse chinoise continue de chuter (3 juillet)
- La Bourse de Shanghai trébuche une nouvelle fois (2 juillet)
- Le krach boursier chinois éclipsé par la crise grecque (1 er juillet)
- Nouvelle bulle sur la Bourse chinoise ? (15 juin)
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