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Judith Greciet, Onxeo : «AsiDNA pourrait ouvrir un nouveau paradigme de traitement des cancers»
information fournie par Boursorama 18/06/2020 à 09:00

Judith Greciet, directrice générale d'Onxeo. (Crédits photo : DR)

Judith Greciet, directrice générale d'Onxeo. (Crédits photo : DR)

Alors que le cours de la biotech a grimpé de plus de 120% sur les trois derniers mois, Onxeo a annoncé début juin une augmentation de capital de 7,3 millions d'euros par placement privé auprès d'Invus et de Financière de la Montagne, l'actionnaire historique de la société. L'occasion de faire le point sur les développements en cours avec Judit Greciet, la directrice générale d'Onxeo.

Boursorama : Onxeo a récemment annoncé une augmentation de capital d'environ 7,3 millions d'euros et notamment souscrite par un nouvel investisseur, Invus, un nom reconnu dans le domaine des sciences de la vie. Est-ce une satisfaction pour vous ? Pourquoi ce timing ?

Judit Greciet : C'était important pour nous. Nous travaillons depuis un certain temps pour faire entrer un autre investisseur de long terme au capital d'Onxeo, aux côtés de Financière de la Montagne. C'est le cas d'Invus. Ces deux actionnaires vont former un binôme stable qui va détenir environ 25% du capital, ce qui est très important pour le développement de la société, et nous sommes ravis qu'Invus nous rejoigne. Ils ont d'ailleurs nommé un observateur à notre conseil d'administration, ce qui démontre leur volonté de s'impliquer dans la gouvernance de l'entreprise. Concernant le timing, comme vous le savez, trouver des partenaires industriels ou financiers est un travail au long cours. Malgré la crise, c'était un moment plutôt favorable en Bourse avec le rebond du titre [NDLR : +30% depuis le début de l'année] et c'est aussi le démarrage de l'étude REVocan, une étape importante pour la preuve de concept clinique d'AsiDNA. Il est est donc idéal d'être en bon ordre de marche et d'avoir une visibilité financière confortable pour aborder cette phase en position de force. C'est désormais chose faite puisque nous avons de la visibilité jusqu'au premier trimestre 2022 en termes de trésorerie.

Boursorama : Avec REVocan, vous allez évaluer votre produit en combinaison avec un PARP déjà commercialisé. A côté, il y a l'étude DRIIV-1b, dans lequel il est utilisé avec une chimiothérapie : quelle est l'importance relative de ces deux études ?

Judit Greciet : Aujourd'hui, il y a un certain nombre de traitements efficaces dans le cancer mais ils perdent leur efficacité au fur et à mesure du temps parce que la tumeur se défend. C'est une problématique majeure. Ce que nous cherchons à démontrer avec REVocan, c'est qu'AsiDNA associé à des PARPi peut stopper voire inverser les résistances que les tumeurs mettent en place. C'est un positionnement tout à fait unique et, à ma connaissance, nous sommes les seuls à présenter ce type de produit prometteur qui pourrait ouvrir un nouveau paradigme de traitement. L'étude DRIIV-1b est avant tout une preuve de faisabilité d'association. On cherche à démontrer la bonne tolérance d'AsiDNA lorsqu'il est associé à deux chimiothérapies de référence, qui par elles-mêmes ont déjà une toxicité importante. Nous cherchons aussi à savoir comment AsiDNA se comporte avec un « casseur d'ADN », une association très intuitive puisqu'AsiDNA empêche la réparation,  afin de détecter une synergie d'efficacité.

Fin mai, vous annonciez justement l'approbation de l'étude REVocan par les autorités réglementaires, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le déroulement de cette étude ?

Judit Greciet : Nous pouvons déjà nous féliciter d'avoir obtenu ces autorisations car ce n'était pas forcément simple dans le contexte actuel. Nous sommes donc très contents de ces autorisations obtenues dans des délais tout à fait acceptables.  Nous sommes maintenant en train de mettre en place le centre d'essai principal et je pense que nous devrions recruter notre premier patient pendant l'été, et communiquer de premiers résultats vers la toute fin de l'année ou début 2021. Concernant DRIIV-1b, le recrutement des trois derniers patients a été mis en attente par les centres investigateurs le temps de la crise sanitaire. Nous allons pouvoir reprendre les recrutements sous peu avec des premiers résultats attendus d'ici la fin de l'année.

Boursorama : Vous êtes dans le domaine de l'inhibition des mécanismes de réparation de l'ADN tumoral, un secteur qui cartonne avec des Blockbusters, de nouvelles indications dévoilées chaque année dans les congrès et même des start-up qui lèvent des fonds. Que manque-t-il pour qu'Onxeo bénéficie de plus de lumière ?

Judit Greciet : De façon générale, nous avons en France, une valorisation des biotechs qui est très en deça de ce qui se constate pour des sociétés à un stade similaire aux États-Unis. Concernant Onxeo en particulier, nous recevons beaucoup de marques d'intérêt. Mais AsiDNA™  est un produit extrêmement original qui fonctionne « à l'envers » de ce qui est habituel en cancérologie, puis qu'il confisque et hyperactive au lieu d'inhiber ou d'empêcher des processus cellulaires. Je pense que les investisseurs ont besoin de plus de données cliniques pour être convaincus mais, à l'image d'Invus, certains ont déjà vu l'intérêt d'une telle approche.

Boursorama : L'autre produit dans le portefeuille d'Onxeo, c'est OX401 qui est un inhibiteur de PARP basé sur le même principe de mécanisme de leurre agoniste s qu'AsiDNA. Comment avancent les développements sur ce candidat médicament ?

Judit Greciet : Effectivement, OX401 est le 2e candidat médicament issu de notre plateforme exclusive de leurres agonistes, platON™. En plus de son action leurre agoniste spécifique de PARP, une des 2 voies majeures du DDR, OX401 est aussi conçu pour activer une voie de réponse immunitaire, la voie STING. C'est un axe de recherche récent et très prometteur en immuno-oncologie, mais qui présente des problèmes de toxicité aujourd'hui. Nous sommes actuellement dans la dernière phase des études précliniquesafin d'établir leprofil précis du produit, sur ces différents aspects mécanistiques. Nous  prévoyons deprésenter plus avant OX 401 à  l'été puis initier le passage en phase clinique

Boursorama : Tous les actifs hors DNA repair ont été cédés ou licenciés, le dernier étant belinostat en avril dernier. Deux questions en une : le prix de cession était-il satisfaisant et est-ce que cette focalisation sur une classe de produits ne met pas la société en risque ?

Judit Greciet : Je n'ai aucun regret sur le prix de cession des droits négocié. Cet accord  nous a permis de sécuriser notre trésorerie et d'aborder l'augmentation de capital plus sereinement. C'est aussi une façon de finaliser le virage stratégique de l'entreprise. Notre business model est ainsi plus lisible, celui d'une Biotech avec des produits en phase I et II.  Nous avons généré des montants significatifs de cash avec belinostat, nos objectifs ont été atteints et nous n'avions plus de priorité de développement additionnels sur ce produit. Les équipes d'Onxeo créent  de la valeur en amenant un produit disruptif comme AsiDNA jusqu'aux premières étapes cliniques afin de négocier ensuite des accords rémunérateurs et cet accord nous permet de nous y consacrer complétement.

Boursorama : Vous annonciez un accord avec SpePharm en février dernier, quelles en sont les conséquences pour Onxeo ?

Judit Greciet : C'était un litige antédiluvien qui n'apportait rien de positif pour nous. L'accord trouvé avec Spepharm nous permet de dégager de notre horizon ce risque et l'incertitude qu'il engendrait. Comme on dit souvent, il vaut mieux une bonne négociation qu'un mauvais procès. L'important était de régler ce conflit une bonne fois pour toute et de passer à autre chose. Par prudence, nous n'avions pas intégré de montant à récupérer, dans nos projections financières. Le règlement n'a donc pas modifié l'horizon de trésorerie que nous avions annoncé au moment de la signature de cet accord.

Boursorama : Que vous inspire le rebond boursier récent des biotechs en général, et notamment d'Onxeo ?

Judit Greciet : Ce début d'année a remis en lumière les biotechs, pour lesquelles les marchés avaient vraiment manqué d'enthousiasme 2018 et 2019. Les investisseurs ont aussi pris conscience de la nécessité d'investir dans la santé et ces choix sectoriels nous ont été favorables. Le cancer reste une des premières causes de mortalité dans le monde et les biotechs françaises n'ont pas à rougir de la qualité de leurs travaux. Pourtant nous n'avons pas le soutien du puissant écosystème financier des biotechs américaines.   Nous avons besoin d'investisseurs éclairés comme Invus et Financière de la Montagne, qui comprennent qu' investir dans une biotech est un engagement de long terme, avec les risques et les récompenses associés à la recherche de pointe.

Propos recueillis par Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)

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1 commentaire

  • 18 juin 09:34

    DU BARATIN


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