Irak-L'imam Sadr annonce son retrait de la politique, des heurts éclatent à Bagdad, dix morts

information fournie par Reuters •29/08/2022 à 21:01

(Actualisé avec nouveau bilan)

par John Davison et Haider Kadhim

BAGDAD, 29 août (Reuters) - Au moins dix personnes ont été tuées et plusieurs dizaines d'autres blessées lundi à Bagdad dans des affrontements consécutifs à la décision du puissant imam chiite Moqtada al Sadr de quitter la vie politique irakienne, dans l'impasse depuis les élections législatives d'octobre dernier.

De jeunes sadristes ont pris d'assaut le siège du gouvernement situé dans la Zone verte, une enclave sécurisée de Bagdad, et sont descendus dans les rues où ils ont affronté des membres de factions pro-iraniennes.

L'armée irakienne a instauré un couvre-feu à 12h30 GMT et prié les manifestants de quitter la Zone verte, qui abrite d'autres bâtiments gouvernementaux et ambassades.

Des coups de feu ont également éclaté dans le centre de la capitale, selon des journalistes.

Les affrontements ont eu lieu quelques heures après que Moqtada al Sadr eut annoncé son retrait de la vie politique, incitant ses partisans, qui avaient organisé un sit-in de plusieurs semaines devant le Parlement, à manifester et à prendre d'assaut le siège du gouvernement.

"Par la présente, j'annonce mon retrait définitif", a déclaré Moqtada al Sadr dans une déclaration publiée sur Twitter, reprochant aux autres dirigeants politiques chiites de ne pas avoir tenu compte de ses appels à la réforme.

Il n'a pas donné de détails sur la fermeture de ses bureaux, mais a déclaré que les institutions culturelles et religieuses resteraient ouvertes.

L'Irak est sans gouvernement depuis les législatives d'octobre 2021, faute d'accord entre les factions chiites.

Le parti de Moqtada al Sadr est arrivé en tête des élections législatives, mais il a retiré en juin dernier ses 74 députés du Parlement faute d'avoir réussi à former un gouvernement excluant ses rivaux chiites.

➦ Irak-Sadr réclame la dissolution du Parlement d'ici une semaine

Moqtada al Sadr insiste désormais sur la tenue d'élections anticipées et la dissolution du Parlement.

L'allié de Moqtada al Sadr, Moustafa al Kadhimi, qui reste Premier ministre par intérim, a suspendu les réunions du cabinet jusqu'à nouvel ordre après que les manifestants sadristes ont pris d'assaut le siège du gouvernement lundi.

(Reportage John Davison à Bagdad et Amina Ismail à Erbil; avec Alaa Swilam; rédigé par Lina Najem; version française Alizée Degorce, édité par Kate Entringer et Sophie Louet)