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Infotel : la belle ETI de l'IT
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 15/07/2022 à 15:20

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

"Infotel dégage de bons résultats économiques, soit une marge opérationnelle moyenne de plus de 9%, plus que correcte pour le secteur." (Crédits photo : Pexels - Panumas Nikhomkhai  )

"Infotel dégage de bons résultats économiques, soit une marge opérationnelle moyenne de plus de 9%, plus que correcte pour le secteur." (Crédits photo : Pexels - Panumas Nikhomkhai )

Qui et que croire, quand il s'agit de l'avenir ?

Les marchés boursiers n'allaient pas très bien depuis le début de l'année, et vont franchement mal à présent avec un Cac 40 qui a perdu -8,4% au mois de juin, et perd en tout -17% sur les six premiers mois de 2022, ce qui est un peu beaucoup il est vrai. C'est un fait, et, les marchés étant censé à la fois anticiper et avoir toujours raison, il ne fait aucun doute qu'une bonne récession est dans les tuyaux.

C'est en tout cas ce que nous serinent à longueur de journée dans les médias nombre d'économistes, de conjoncturistes et de stratégistes de marché.

Ce à quoi on peut répondre que c'est toujours possible, mais que la prévision est un art difficile, et que ça a été particulièrement le cas ces dernières années puisque personne ou presque n'a vu venir la belle reprise post-confinement du deuxième semestre 2020, ni d'ailleurs la forte croissance du PIB enregistrée partout en 2021. Et que, de plus, et n'en déplaise aux éternels prophètes de mauvaise augure et à tous ceux qui aiment se faire peur, le pire n'est jamais sûr. C'est un fait aussi, sinon on ne serait pas là.

Le moral est nettement meilleur dans la sphère réelle que dans la sphère financière

Et on peut répondre surtout que tout ne va pas si mal que ça dans l'économie réelle : aussi bizarre que cela puisse paraître, les dirigeants d'entreprises qui se sont exprimés ces derniers temps dans les journaux ou à l'occasion des conférences d'investisseurs n'ont pas l'air vraiment inquiet. Et affichent même une certaine confiance pour les prochains trimestres, même si le monde est plus compliqué que d'habitude en ce moment. Confiance tant pour l'activité, puisque les carnets de commandes sont remplis et le grand souci est qu'on a du mal à recruter assez pour faire le travail, que pour les marges, puisque l'inflation des coûts de matières premières, d'énergie etc…. semble dans la grande majorité des cas répercutable dans les prix. Encore un fait, qui est plutôt bon signe, pour le moment en tout cas.

Et on accélère même dans l'informatique, malgré tout

Cette tonalité confiante est particulièrement évidente dans le beau secteur des Entreprises de Services Numériques, autrement dit l'IT ou les services informatiques, où le syndicat professionnel, le Numeum (ex-Syntec Numérique) a très récemment revu un peu en hausse sa prévision de croissance pour le secteur IT en France, à plus de +7% pour cette année, dont au moins +5% pour les services et +11% pour les logiciels. Le ténor mondial du secteur : Accenture, étant quant à lui encore plus optimiste, avec en ce moment une croissance de son activité de largement plus de +20% en Europe comme ailleurs. Une croissance tirée par une demande toujours forte, puisque les entreprises sont plus que jamais en train d'adapter leurs systèmes d'information à la numérisation de tout ou presque, et ne rechignent pas sur les prix, lesquels ne font que suivre les hausses de salaires des ingénieurs/codeurs/développeurs dans un métier en sous-effectif chronique.

Des ESN (ex-SSII) cotées souffrent, mais pas toutes, en fait

Bref : tout va bien, même si le marché boursier dit le contraire, puisque le secteur des valeurs technologiques de notre indice large européen Stoxx 600 se vautre de -30% depuis le début de l'année, dont -23% pour le champion Capgemini. Ce qui peut paraître sévère, mais tient vraisemblablement compte du fait que son cours avait progressé de +70%, rien que ça, en 2021. De fait, d'autres ESN cotées souffrent nettement moins, telles Sopra Steria, dont le cours ne recule que de -7% depuis le 1er janvier jusqu'à ce jour, après n'avoir gagné que +19% l'année dernière, ou encore d'Infotel (INF ; 50€), dont le cours est à -9% après +31% en 2021.

Soit pour celle-ci un cours qui performe toujours mieux que les indices l'année dernière comme cette année, et pour cause : la qualité de l'affaire est là.

Infotel : une ETI avec la technicité des grands groupes de services IT ?

De fait, basée à Paris 20ième, Infotel fait tout bien ou presque, malgré sa taille limitée d'ETI par rapport à de grands concurrents, avec un chiffre d'affaires 2021 de 263 millions d'euros et 1 700 collaborateurs : le groupe opère avec 16 agences/centres de service en France, soit une présence presque partout (sauf dans l'Est, mais la prochaine ouverture pourrait être Strasbourg), plus une petite filiale en Grande-Bretagne et une autre aux USA, et sert une clientèle de grands comptes avant tout, dont Airbus, BNP-Paribas, BPCE, Banque de France, Crédit Mutuel Arkéa, et Air France - KLM, qui est client depuis 32 ans. Fondée par des ingénieurs en informatique, qui dirigent et contrôlent toujours la société, Infotel déploie une offre complète ("end to end", selon la direction) et d'une bonne technicité a priori puisque plus des 2/3 de l'activité est réalisée à forfait, c'est-à-dire sur des projets et à engagement de résultat.

On retrouve cette bonne technicité dans des activités connexes, avec une filiale société de conseil : OIAO, qui traite des sujets stratégiques de transformation digitale, et une petite activité d'édition de logiciels logée dans InsoftInfotel, qui a quelques produits à succès, non seulement des utilitaires (iDBA-Online, DB/IQ) venant se greffer sur le système de gestion de bases de donnée d'IBM : Db2 et sur les mainframes, mais aussi des produits récents comme Orlando, qui gère la documentation d'une compagnie aérienne, et a réussi à entrer entre autres chez American Airlines et Air Canada après AF-KLM, et avait 35 000 utilisateurs fin 2021, C3D2, un outil de développement pour applications web et mobile, et Arcsys et Deepeo, pour la protection et la gestion des données confidentielles.

De bonnes marges, et zéro dette financière

Inutile de préciser qu'Infotel dégage de bons résultats économiques, soit une marge opérationnelle moyenne de plus de 9%, plus que correcte pour le secteur, sauf en 2020, année perturbée s'il en est, où elle n'a été que de 7%. Ceci grâce à une gestion très précise apparemment de la ressource humaine, puisque la société fait largement appel à la sous-traitance (plus de 30% des effectifs totaux en moyenne) pour garder un taux d'intercontrat le plus faible possible, soit 1,9% en 2021, et un taux de rotation limité aussi, soit 13% en moyenne selon la direction. Elle a de fait bien supporté le choc de 2020 avec tous ses salariés en télétravail, et fait ce qu'il faut a priori pour fidéliser ses employés avec des hausses de salaires de +5% en moyenne en 2021. Lesquelles ont été compensées par des hausses de prix bien acceptées par les clients, les besoins étant ce qu'ils sont.

Inutile de préciser aussi que cette gestion opérationnelle serrée se traduit in fine par une forte génération de free cash-flow (ou de trésorerie libre en bon français) : a) de bonnes marges fabriquent une bonne capacité d'autofinancement, et b) des besoins d'investissements très limités, puisque Infotel vend de la prestation intellectuelle avant tout, en plus c) d'une grande sagesse dans les acquisitions, puisqu'il n'y en a pas eu ces dernières années, font qu'Infotel d) a accumulé beaucoup de liquidités dans son bilan.

Un bilan qui affiche zéro dette financière à son passif qui plus est. Si l'on fait abstraction, ce qui est la tendance générale, de la dette financière notionnelle, pour ne pas dire fictive, créée par l'application de la norme IFRS16, dont l'utilité reste par ailleurs à démontrer (après trois années d'application vaille que vaille par des directions plutôt remontées dans l'ensemble contre cette innovation comptable qui frise l'absurde).

Encore de l'avenir, a priori

Infotel n'a pas fini de se développer, avec un objectif de croissance moyenne de l'activité de +8%, soit un chiffre d'affaires d'au moins 380 millions d'euros en 2026, et d'améliorer sa rentabilité, soit une marge opérationnelle attendue de plus de 10% à cet horizon.

En s'appuyant sur i) un marché toujours porté par la transformation digitale apparemment sans fin des entreprises, ii) l'extension de l'activité chez les clients existants, le travail ne devant pas manquer ces prochaines années dans l'aérien et le bancaire notamment, et de nouveaux services comme le conseil, iii) de nouveaux clients : Infotel est en train de rentrer à la SNCF et dans les réseaux bancaires du Crédit Agricole, et a d'autres grands prospects en vue, iv) un doublement des ventes de logiciels maison, v) la croissance à l'international, à partir de la filiale anglaise et des deux bases de développeurs offshore créées récemment en Inde et au Maroc. Et éventuellement, iv) quelques petites acquisitions pour accélérer le processus, puisque Infotel a manifestement le cash pour ça.

Même si il vaut mieux en garder un peu sous le coude : on ne sait pas de quoi l'avenir est fait. C'est sûr.

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