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Groupe Samse : ce n'est qu'un bas de cycle à passer, après tout
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 15/05/2025 à 09:28

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Basé à Grenoble, le Groupe Samse a réalisé un chiffre d'affaires 2024 de 1.932 millions d'euros avec 7.300 collaborateurs, à 80% dans le négoce/distribution des matériaux de construction et à 20% dans le bricolage et l'outillage. (Crédits: Adobe Stock / image d'illustration générée par IA)

Basé à Grenoble, le Groupe Samse a réalisé un chiffre d'affaires 2024 de 1.932 millions d'euros avec 7.300 collaborateurs, à 80% dans le négoce/distribution des matériaux de construction et à 20% dans le bricolage et l'outillage. (Crédits: Adobe Stock / image d'illustration générée par IA)

Noir, c'est noir : la construction ne va pas bien en France, comme le détaille bien la dernière note de conjoncture de la CAPEB, alias Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, organisation patronale qui fédère les PME et les artisans du bâtiment, qui fait état d'une activité en baisse de -10% dans la construction neuve au 1er trimestre 2025, de -2% dans l'entretien rénovation, dont -1,5% dans les travaux d'amélioration énergétique du logement, et une baisse qui touche toutes les Régions du pays.

Le mouvement est donc général, et on en connaît assez bien les causes, finalement : un logement neuf devenu trop cher pour beaucoup de candidats primo-accédants ces dernières années, aidé en cela par les montages de défiscalisation Pinel et autres qui ont fini par bien tirer les prix vers les haut, des taux hypothécaires trop bas à un moment et remontés trop vite ensuite, et pour couronner le tout une inflation brutale des coûts des matériaux en 2022-2023. Bref : le cycle immobilier s'est retourné, ce qui devait bien arriver un jour, et on construit de fait un peu moins ces derniers temps, comme le montre les mises en chantier de logements, en baisse de -0,3% de février 2024 à février 2025.

Avec surtout un effondrement de la construction de maisons individuelles, qui est le marché des artisans avant tout, ce qui ne peut que pénaliser aussi ceux qui les fournissent. Comme, par exemple, le groupe Samse, qui n'est pas petit sur le marché français même s'il est très provincial, et qui a publié pour son premier trimestre 2025 à fin mars un chiffre d'affaires en baisse de -7,8% à périmètre comparable, dont -8,1% pour le pur négoce et -7% pour le bricolage. Et le marché ayant toujours raison, c'est bien connu, son cours de Bourse ne fait pas vraiment d'étincelles, soit -2% depuis le début de l'année, après -29% l'année dernière.

Vieille boutique et grande famille

Basé à Grenoble, le Groupe Samse a réalisé un chiffre d'affaires 2024 de 1 932 millions d'euros avec 7 300 collaborateurs, à 80% dans le négoce/distribution des matériaux de construction et à 20% dans le bricolage et l'outillage. Samse est un vieille boutique en fait, une ex-filiale de Ciments Vicat fondée en 1920 et cotée en Bourse depuis 1925, ce qui n'est pas rien. Et comme nombre de vieilles boutiques, c'est une affaire familiale ou presque, contrôlée par une holding : Dumont Investissements qui détient 77% du capital et réunit les familles des dirigeants avec les salariés (3 salariés sur 4 sont actionnaires) plus quelques partenaires de plus ou moins longue date aussi, financiers et autres.

Le groupe compte 27 enseignes et 430 points de vente en tout implantés dans 68 départements français, et ce depuis la reprise fin avril 2024 d'un grand confrère opérant dans l'Ouest : VM Matériaux, racheté au groupe nantais Herige (avec deux petites filiales : LNTP et Cominex). Samse se présente donc comme une grande famille d'enseignes, avec principalement :

i) quatre enseignes de négoce multi-spécialistes, c'est-à-dire généralistes, qui génèrent 53% des ventes du groupe, et emploient plus de la moitié de son personnel dans 320 agences : Samse dans le Sud-Est, Doras dans l'Est, m+ Matériaux dans le Sud-Ouest et VM Matériaux dans le Grand Ouest, avec des assortiments sous marques propres dans 73 agences, telles MPPI pour le plâtre, Ménéo pour la menuiserie, et Caréo pour les carrelages, ainsi que des participations dans deux autres distributeurs SIMC et Plattard,

ii) des distributeurs de matériaux spécialistes a) pour les Travaux Publics et l'adduction d'eau, soit 60 sites et 10% des ventes consolidées : Christaud, Célestin, Gémoises, LNTP dans les matériaux pour les travaux publics et Cominex dans les pierres naturelles, et b) pour le bois, 19 agences Henry Timber, Mauris, Socobois et Ollier Bois,

iii) la branche Bricolage avec 37 magasins L'entrepôt du Bricolage (2 350 salariés en tout) implantés principalement dans le Sud-Est, et, enfin,

iv) pour sa logistique, une filiale : Zanon pour la gestion du transport amont et des approvisionnements, ainsi que Schwartz, SudAppro et VM pour les livraisons clients, le tout avec quatre plateformes dont la dernière en date : La Boisse, gère les livraisons rapides de ventes en e-commerce.

Un exercice 2024 sans gloire, comme on peut s'en douter…

L'exercice 2024 est en fort retrait pour Samse, soit un chiffre d'affaires publié à +2,3% avec l'apport de VM Matériaux consolidé depuis mai, mais à -10,3% en comparable, dont -12,1% dans le négoce. Ceci avec i) la conjoncture peu brillante dans la construction neuve (cf ci-dessus) : les permis de construire à un point bas historique à 257 000 permis, et l'activité des constructeurs de maisons individuelles toujours en forte baisse (et divisée /3 en dix ans), ii) une activité liée à la rénovation à peu près résiliente, avec des volumes qui n'ont baissé que de -1,5% sur l'année, et iii) -4% sur un an dans le bricolage, en recul tous les mois, avec des consommateurs peu confiants dans l'ensemble et assez peu enclins à engager des frais dans l'amélioration de leur habitat. A quoi s'ajoute une forte hausse des défaillances de clients entreprises, surtout dans le gros œuvre, mais aussi dans le second œuvre et les Travaux Publics. Ce qui n'est toutefois pas trop inquiétant selon la direction, avec dans cette hausse un rattrapage sur un niveau de défaillances anormalement bas auparavant, d'autant que Samse est assuré autant que faire se peut contre les impayés.
Inutile de préciser que, dans un tel contexte, le résultat opérationnel courant a été divisé purement et simplement par /2, avec une marge opérationnelle (: le résultat opérationnel courant/chiffre d'affaires) en baisse de -2,8% (-2,8 points pour les fins connaisseurs) à 2,7%, ce qui n'est pas beaucoup. Avec un taux de marge sur achat qui se tient à peu près, soit -0,7 point à 32,6%, mais moins de volumes pour absorber les coûts fixes, même si les salaires comprennent moins de variable cette année, et pour cause, plus d'amortissements avec un rattrapage des investissements en matériels roulants. Et aussi le poids non négligeable d'une perte d'exploitation dans VM Matériaux en cours d'intégration et réorganisation.

… mais un avenir possible un peu meilleur a priori

Même si c'est un peu plus compliqué que prévu l'acquisition de VM Matériaux est, toujours selon la direction du groupe, une belle opération structurante, qui apporte de bonnes équipes, une bonne notoriété là où la société opère, et une forte complémentarité géographique avec le reste. D'autant que, même s'il reste à migrer le système informatique, ce qui va durer jusqu'en septembre 2025, des synergies d'achats/référencements sont déjà dégagées, et la gestion compta/financière est intégrée depuis le 1er janvier.

Plus généralement, la direction ne fait pas de prévisions pour 2025, entre une demande qui a éventuellement touché un point bas, ce qui reste à confirmer toutefois, et pas de visibilité sur une reprise éventuelle, puisqu'on ne voit pas de signes précurseurs pour le moment. Ceci alors qu'il reste encore beaucoup de choses à faire pour intégrer/redresser/relancer VM Matériaux : on ne peut donc tabler que sur une réduction graduelle des pertes de cette filiale, alors que les synergies espérées ne seront pleinement dégagées qu'en 2026 en principe.

Mais il est important de noter que Samse a le temps d'attendre que le bas de cycle se passe, avec un bilan encore très solide à fin 2024, avec un ratio d'endettement Dette Nette/Fonds Propres plutôt confortable à 28% et un levier Dette Nette/Ebitda de 1,4x bien loin du fatidique et rédhibitoire 3x max. Sans parler d'un bon matelas de cash avec 121 millions d'euros de liquidité en caisse au 31 décembre, malgré la grosse acquisition d'avril, ce qui permet sans aucun doute de voir venir.

Un bon dividende, et pour cause

Rappelons que la holding de contrôle de Samse, Dumont Investissement, a été un temps toute proche de vendre sa participation à CRH plc, un géant (chiffre d'affaires 2024 : 36 milliards de dollar environ) irlandais des matériaux de construction coté maintenant à New-York et très actif de deux côtés de l'Atlantique. Avec un accord noué en 2014 selon lequel CRH, qui avait déjà 21% du capital de Samse, avait un option d'achat sur ladite participation exerçable entre 2018 et 2020. Mais CRH a finalement passé la main en vendant sa branche distribution, dont le nouveau propriétaire ne voulait plus être actionnaire de Samse. Ce qui fait que Dumont Investissement a finalement repris ces 21% du capital de Samse en 2019 à 186€ par action, pour un montant total de 136 millions d'euros qui a été financé à la fois par une augmentation de capital dans Dumont avec l'entrée de nouveaux actionnaires et des prêts par les partenaires banquiers régionaux du groupe.

Ce qui fait aussi que, selon la direction du groupe, Dumont Investissement supporte un endettement financier d'environ 80 millions d'euros à fin 2024. Et une volonté clairement réaffirmée de rester (farouchement) indépendant, puisque ce qui est bel et bien un LBO fait suite à un RES monté quelques années auparavant.

Une situation qui n'a pas que des inconvénients pour l'actionnaire minoritaire de Samse, puisque la société distribue un dividende quoiqu'il arrive pour remonter du cash dans la holding pour payer ses frais financiers, et que le dividende 2024 de 8€, soit tout le bénéfice par action de cette année à oublier, donne un agréable rendement de 5,7% au cours actuel.

En attendant la suite : le cycle repartira bien un jour. Inévitablement.

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