Les travailleurs de l'usine Boeing se rassemblent sur les piquets de grève dans l'État de Washington au premier jour de la grève
Les ouvriers de Boeing sur la côte Ouest des Etats-Unis, où se trouvent les principales usines de l'avionneur dans le pays, se sont massivement mis en grève vendredi afin d'obtenir une revalorisation salariale.
Cette mise à l'arrêt de la production, alors que le groupe peine régulièrement à respecter ses délais, menace de pénaliser plus encore le constructeur américain, accablé par une dette de 60 milliards de dollars (54,14 milliards d'euros).
Cette grève, la première depuis 2008, a débuté à minuit heure locale (vendredi 07h00 GMT) sur les sites de Seattle et de Portland, qui emploient environ 30.000 personnes assemblant divers modèles d'avion, dont le 737 MAX.
"Je suis prêt à faire grève pendant deux mois, voire plus. Allons-y aussi longtemps qu'il le faudra pour obtenir ce que nous méritons", a revendiqué James Mann, 26 ans.
La grève intervient quelques semaines seulement après la prise de fonction de Kelly Ortberg, nouveau directeur général de Boeing dont la principale mission est de rétablir la confiance dans l'avionneur après divers problèmes de sécurité sur certains de ses appareils.
Les membres du syndicat IAM ont voté à 96% en faveur de la grève et ont rejeté à 94,6% le projet d'accord conclu par leurs représentants avec la direction de Boeing.
"Il s'agit de se battre pour notre avenir", a déclaré Jon Holden, principal négociateur d'IAM. Le syndicat retournera à la table des négociations aussi vite que possible, a-t-il dit aux journalistes, sans préciser la durée de la grève ni la date de reprise des négociations.
Boeing, de son côté, s'est dit prêt à retourner à la table des négociations.
"Le message qui a été clairement envoyé est que le projet d'accord auquel nous sommes parvenus avec les responsables d'IAM n'était pas acceptable pour leurs adhérents", a déclaré Boeing dans un communiqué. "Nous gardons la volonté de renouer notre relation avec nos employés et avec le syndicat et nous sommes prêts à revenir à la table des négociations pour parvenir à un nouvel accord."
Boeing a également affirmé avoir fait tout ce qu'il pouvait pour les salariés en tenant compte des investissements nécessaires pour remplacer ses modèles de monocouloirs les plus vendus.
L'administration Biden est en contact avec les deux parties, a déclaré jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. "Nous allons encourager les deux parties à négocier de cette manière, en toute bonne foi et en parvenant à un accord solide", a-t-elle ajouté.
L'accord rejeté par les employés prévoyait une augmentation générale des salaires de 25%, une prime de 3.000 dollars et un engagement de Boeing à faire assembler son prochain avion dans la région de Seattle, à condition que le programme soit lancé sous quatre ans.
Les dirigeants d'IAM ont recommandé dimanche dernier à leurs adhérents d'approuver cet accord mais de nombreux ouvriers l'ont accueilli avec colère, en le jugeant éloigné de leur revendication initiale d'une augmentation salariale de 40% et en déplorant la perte d'une prime annuelle.
L'action Boeing a chuté de 36% depuis le début de l'année à la Bourse de New York, l'avionneur étant confronté à une série de problèmes de fiabilité de ses appareils, à des difficultés de production et à un endettement croissant, qui atteint 60 milliards de dollars (54 milliards d'euros).
La dernière grève chez Boeing en 2008 avait entraîné la fermeture des usines pendant 52 jours et coûté 100 millions de dollars par jour à l'avionneur.
(Joe Brock, avec Allison Lampert à Montréal et David Shepardson à Washington; version française Jean Terzian, Bertrand Boucey et Kate Entringer, édité par Sophie Louet)
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