( AFP / ALAIN JOCARD )
"On a l'impression qu'on entre dans le futur": l'usine évolutive de Sanofi , inaugurée mardi près de Lyon, est conçue pour fabriquer plusieurs produits simultanément grâce à des systèmes modulables et automatisés, explique à l'AFP le responsable du numérique du groupe pharmaceutique.
"J'ai eu le sentiment à un moment d'être un peu dans la +Death Star+", la gigantesque station spatiale de Star Wars, décrit à l'AFP Emmanuel Frenehard, évoquant ce lieu où doivent être produits, à partir de fin 2025, jusqu’à quatre vaccins ou biomédicaments simultanément.
"Historiquement", rappelle-t-il, "les usines pharmaceutiques, surtout dans les vaccins, ont tendance à être dédiées à un type de produit", notamment pour éviter les risques de contamination, et de ce fait, "on ne peut pas juste changer du jour au lendemain ce que l'on fabrique dans un bâtiment".
Pour s'adapter à des besoins changeants de capacité de production, Sanofi a donc mis au point "un nouveau concept beaucoup plus flexible" que le traditionnel bâti en dur qui ne peut plus évoluer une fois validé par les autorités de santé.
Baptisé "Modulus", il pourra ainsi être reconfiguré "en quelques jours ou quelques semaines pour changer de plateforme technologique" contre plusieurs mois, voire plusieurs années pour transformer les usines classiques.
Cette usine s'inscrit dans un contexte d'enjeu de souveraineté sanitaire devenu central depuis la pandémie de Covid-19.
Ses chaînes de production fonctionneront "un peu comme des Lego" dans ce bâtiment de 24.000 m2 inauguré à Neuville-sur-Saône (Rhône) en présence du président de la République, prévu pour être opérationnel à partir de l'an prochain après validation par les autorités réglementaires.
"On peut démonter une chaîne de production complète, et la recréer la semaine suivante pour faire un nouveau vaccin, faire ce vaccin pendant trois semaines, s'arrêter puis en faire un nouveau ou doubler la capacité pour un vaccin en cas de besoin", détaille M. Frenehard.
- Télémétrie comme en Formule 1 -
Dans cette "usine la plus moderne, la plus sophistiquée" du groupe, où l'intelligence artificielle prendra ses quartiers, il y aura "des robots qui amènent les matières premières et repartent", "des cloisons gonflables et amovibles entre les lignes de production".
Dans le secteur pharmaceutique, l'IA ne se cantonne pas à la recherche de molécules, mais devient un élément clé de l'appareil industriel.
"Il y a de l'IA dans la prédiction des volumes" pour planifier ce que l'usine devra fabriquer et la gestion des stocks, précise M. Frenehard, et de "l'IA générative pour livrer des rapports de qualité individualisés par type de produit fabriqué".
"Comme en Formule 1, on utilise la télémétrie", grâce à des capteurs qui mesurent les données sur la température, l'humidité, les étapes de production etc. "Il y a même des données que l'on capte par la télémétrie qu'on ne va pas nécessairement utiliser demain, mais dont on sait qu'on pourrait en avoir besoin un jour", souligne le membre du comité exécutif.
A plus de 10.000 kilomètres, une usine calquée sur le même modèle est construite en parallèle à Singapour. Son inauguration est prévue avec quelques mois de décalage.
Selon une logique d'empreinte géographique, elle ne fabriquera pas nécessairement les mêmes produits.
Mais "tous les outils que l'on développe, toute l'IA s'appliquera, sera clonée de l'une à l'autre puisqu'elles ont les mêmes équipements, les mêmes modèles, les mêmes capteurs". Une technologie identique pour simplifier les choses: "on connaîtra beaucoup mieux nos fenêtres de maintenance, on connaîtra beaucoup mieux la durée de vie, l'espérance de vie de certains équipements", précise M. Frenehard.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer