
Le mémorial en hommage à Ilan Halimi à Epinay-sur Seine (Seine-Saint-Denis) le 15 août 2025, après sa dégradation ( AFP / Dimitar DILKOFF )
Une enquête a été ouverte à la suite de l'abattage à Epinay-sur-Seine, près de Paris, d'un olivier planté en hommage à Ilan Halimi, jeune Juif torturé à mort en 2006, Emmanuel Macron dénonçant "un acte de haine" à l'unisson de la classe politique.
L'enquête, pour destruction de bien d'utilité publique, a été confiée aux policiers de la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, a précisé vendredi le parquet de Bobigny à l'AFP.
L'olivier avait été planté en 2011 au jardin d'Alcobendas de cette commune d'un peu plus de 50.000 habitants située en Seine-Saint-Denis, à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.
Son abattage a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi et a été constaté jeudi par des agents de l'établissement public territorial Plaine Commune, dont Epinay-sur-Seine fait partie.
D'après le maire sans étiquette de la commune Hervé Chevreau, se basant sur les caméras de vidéosurveillance extérieures au jardin, un homme portant un sac à dos s'y est introduit à 1h50 alors que le parc ferme à 21H30.
"Abattre l'arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c'est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n'en sera rien: la Nation n'oubliera pas cet enfant de France mort parce que Juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine", a écrit sur X le président Emmanuel Macron.

Hommage à Ilan Halimi le 13 février 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Essonne, deux jours après que deux arbres plantés en son honneur y ont été vandalisés ( AFP / Bertrand GUAY )
Présent à Epinay-sur-Seine, aux côtés du préfet Julien Charles, le grand rabbin de France Haïm Korsia a dit trouver "émouvant que l'Etat, la mairie, les citoyens se mobilisent pour dire que ce n'est pas juste un arbre qui a été coupé, c'est une espérance qu'on a cherché à saboter", avant de prier devant la stèle avec d'autres membres de la communauté juive.
Vendredi, le tronc de l'olivier apparaissait sectionné juste au-dessus de la plaque commémorative portant le nom d'Ilan Halimi.
Ce jeune Français juif de 23 ans avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d'une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler le "gang des barbares", sous la direction de Youssouf Fofana.
Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l'hôpital un peu moins d'un mois plus tard.
Son calvaire avait suscité une vive émotion dans le pays.
- Arbre replanté -

Le président du Conseil représentatif des des institutions juives de France Yonathan Arfi le 3 juillet 2025 lors du dîner annuel du Crif à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )
Plusieurs responsables politiques ont exprimé vendredi sur X leur émotion, alors que la communauté juive est confrontée à une très forte hausse des faits antisémites depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.
"L'arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l'oubli, a été fauché par la haine antisémite", avait réagi dans la matinée sur X le Premier ministre François Bayrou, tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a dit éprouver "dégoût et colère".
Eric Coquerel, député LFI de la circonscription, a dénoncé un acte antisémite "abject". A droite, Eric Ciotti, patron de l'UDR alliée au Rassemblement national, y voit "un abominable symbole de l'explosion de l'antisémitisme dans notre pays".
Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l'un portait sa photo, avaient été sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il avait été retrouvé agonisant au bord d'une voie ferrée.
D'autres arbres avaient été replantés.
Mathieu Hanotin, président de Plaine Commune, et Hervé Chevreau, maire d'Epinay-sur-Seine, se sont engagés à le faire "dans les meilleurs délais".
Entre janvier et mai 2025, 504 actes antisémites ont été recensés, contre 662 sur la même période en 2024, soit une baisse de 24%, selon des chiffres diffusés début juillet par le ministère de l'Intérieur.
Ces faits restent toutefois en augmentation de 134% par rapport à janvier-mai 2023, avait précisé le ministère, qui souligne leur "niveau très élevé".
En 2024, 1.570 actes antisémites avaient été recensés en France.
2 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer