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Europe: Croissance des profits au 2e trimestre mais l'euro fort et les incertitudes commerciales pèsent
information fournie par Reuters 11/08/2025 à 15:12

Le quartier bancaire de Francfort

Le quartier bancaire de Francfort

par Samuel Indyk et Danilo Masoni

Les entreprises européennes ont enregistré au titre du deuxième trimestre une croissance de leurs bénéfices, ce pour le cinquième trimestre consécutif, mais celle-ci est à la traîne par rapport aux Etats-Unis en raison du renforcement de l'euro et des difficultés rencontrées par les consommateurs dans un contexte de tensions commerciales.

Les profits du deuxième trimestre des entreprises européennes devraient avoir augmenté de 3,1% par rapport à la même période l'an dernier, selon des données de LSEG I/B/E/S. Un peu plus de la moitié des entreprises ayant publié leurs résultats ont dépassé les estimations des analystes, ce qui correspond globalement à un trimestre habituel.

Voici cinq enseignements à tirer de la saison des résultats du deuxième trimestre en Europe:

RÉSULTATS FAIBLES, PERSPECTIVES POSITIVES

La croissance des bénéfices des entreprises européennes est nettement inférieure à celle des États-Unis, qui devrait atteindre 12% grâce à la performance du secteur technologique.

Malgré tout, les groupes du Vieux Continent restent optimistes.

"Si l'on regarde la situation dans son ensemble, environ 30% des entreprises ont revu leurs prévisions à la hausse et très peu d'entre elles les ont revues à la baisse, ce qui est étonnamment positif", souligne Maximilian Uleer, responsable de la recherche sur les actions européennes et les stratégies multi-actifs chez Deutsche Bank.

"Nous pensons que cette observation est très importante et que ce thème va perdurer, car les entreprises ont une meilleure visibilité sur les risques de ralentissement", ajoute-t-il, faisant référence à l'accord commercial récemment annoncé entre les États-Unis et l'Union européenne.

L’EURO PÈSE

Les stratèges monétaires avaient parié que lorsque les droits de douane américains entreraient en vigueur, le dollar se raffermirait, en particulier par rapport à l'euro, atténuant ainsi l'impact des taxes imposées par le président américain Donald Trump sur les exportateurs.

Mais la monnaie unique s'est appréciée de plus de 12% par rapport au billet vert cette année, et les entreprises européennes fortement exportatrices en ont ressenti les effets négatifs.

"Les grandes entreprises sont généralement plus diversifiées à l'échelle mondiale, elles génèrent davantage de revenus en dehors de l'Europe et, avec la vigueur de l'euro, cela a évidemment constitué un frein à leurs résultats", observe Rory Dowie, gestionnaire de portefeuille chez Marlborough.

Selon Barclays, une appréciation de 10% de l'euro entraîne une baisse d'environ 2% des résultats des entreprises du bloc monétaire. Citi estime que les secteurs des ressources de base et de l'énergie sont les plus sensibles aux fluctuations des taux de change.

Pour autant, un large éventail d'entreprises ont signalé des effets négatifs liés aux taux de change, notamment Allianz, Bayer, Continental, Ferrari, TotalEnergies et Puma.

DES BANQUES INARRÊTABLES ?

Les sept banques du l'indice EuroStoxx 50 ont battu les attentes pour les résultats du deuxième trimestre, et deux d'entre elles ont relevé leurs objectifs.

L'indice paneuropéen du secteur a ainsi grimpé à son plus haut depuis 2008 et la crise financière mondiale.

Les groupes financiers ont enregistré des résultats supérieurs de 12% aux prévisions des analystes, quand ce chiffre atteint 5,5% pour l'indice STOXX 600 dans son ensemble, selon les données LSEG I/B/E/S.

"En Europe, les banques ont été le principal moteur de cette saison, tandis que dans d'autres secteurs comme l'automobile et les biens discrétionnaires, nous assistons à de fortes révisions à la baisse", pointe Alberto Tocchio, responsable des actions mondiales et des thématiques chez Kairos Partners.

Toutefois, après le rally boursier des banques, une certaine prudence s'installe. BofA a conseillé aux investisseurs à long terme de couvrir leur exposition, avertissant que les banques pourraient être vulnérables en cas de ralentissement économique.

LE SECTEUR DE LA SANTÉ SOUS OBSERVATION

Le secteur de la santé a enregistré une croissance de ses bénéfices de 15% au deuxième trimestre, ce qui en fait le deuxième secteur le plus performant en Europe derrière la technologie.

Mais les investisseurs restent prudents compte tenu de la menace des droits de douane de Donald Trump, qui envisage d'imposer une taxe à l'importation allant jusqu'à 250%.

"Nous restons très prudents vis-à-vis de ce secteur malgré la croissance des résultats", explique Maximilian Uleer chez Deutsche Bank, évoquant la menace des droits de douane.

"Si nous obtenons des certitudes à un moment donné, je pourrais envisager de passer d'une sous-pondération à une surpondération", ajoute-t-il.

LES DIFFICULTÉS DES CONSOMMATEURS

Les investisseurs se détournent des actions liées à la consommation car les résultats médiocres et les perspectives prudentes soulignent la vulnérabilité du secteur face aux droits de douane et à l'évolution des habitudes de consommation.

Les entreprises, du luxe aux produits de première nécessité, ont du mal à trouver un équilibre entre les pressions sur les coûts et la fragilité de la demande, en particulier sur le marché clé des États-Unis, ce qui les oblige à prendre des décisions difficiles en matière de prix et de stratégie.

"Tous ceux qui sont exposés à la consommation, en particulier les services, sont vraiment touchés", relève Arun Sai, stratège senior multi-actifs chez Pictet, soulignant que le marché a sous-estimé l'ampleur du ralentissement déjà observé aux États-Unis.

Selon les données LSEG I/B/E/S, les résultats des entreprises du secteur des biens de consommation cycliques telles que les constructeurs automobiles et les marques de luxe ont été inférieurs de 8% aux prévisions.

En Bourse, la sanction a été immédiate.

Adidas a perdu 18% en six jours après avoir averti qu'il pourrait devoir augmenter ses prix aux États-Unis. Le brasseur AB InBev a chuté de 11% sur une seule séance en raison de la faiblesse de la demande au Brésil et en Chine, qui a pesé sur les volumes.

Même le secteur du luxe n'a pas été épargné. Ferrari a chuté de 12%, sa plus forte baisse jamais enregistrée, après avoir annoncé une baisse de ses prix aux États-Unis. Hermès a accusé un repli de 12% en trois jours après la publication de ses résultats.

(Mara Vîlcu pour la version française, édité par Blandine Hénault)

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