par Conor Humphries et Eric M. Johnson DUBLIN/SEATTLE, 14 mars (Reuters) - Les livraisons de 737 MAX par Boeing BA.N sont bloquées de facto bien que la production se poursuive, selon des sources du secteur, après que les Etats-Unis se sont ralliés mercredi à la plupart des autres pays du monde et ont interdit de vol ce modèle d'avion pour raisons de sécurité. Le crash d'un 737 MAX d'Ethiopian Airlines dimanche, qui a fait 157 morts, est le deuxième accident mortel en cinq mois pour cet avion relativement récent de Boeing. Selon le site FlightRadar24, tous les 737 MAX sont désormais cloués au sol. Un appareil d'Air Canada AC.TO qui assurait la liaison de San Francisco à Halifax a été le dernier à se poser tard dans la soirée de mercredi. Selon des compagnies aériennes, des experts de l'industrie aéronautique et des financiers, bien que l'interdiction n'empêche pas théoriquement certaines livraisons sur le marché intérieur américain, la plupart des compagnies vont éviter de réceptionner un avion dont la mise en service est pour le moment impossible. "Qui va prendre livraison d'un avion qu'il ne peut pas utiliser?", a déclaré un financier du secteur de l'aviation, qui a demandé à ne pas être nommé. Boeing produit 52 avions par mois et sa dernière version, le MAX, se taille la part du lion de cette production. Boeing se refuse à fournir des chiffres précis. L'avionneur américain devrait poursuivre l'assemblage de ses 737 dans son usine de Seattle et prévoyait d'accélérer la production en juin. CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT PERTURBÉES Les constructeurs évitent d'arrêter puis d'accélérer leur production car cela perturbe les chaînes d'approvisionnement et risque d'entraîner des problèmes techniques. Mais le fait de devoir stocker davantage d'avions que prévu coûte encore plus cher. Selon des estimations d'analystes, chaque mois d'interdiction de vol pourrait représenter pour Boeing environ 1,8 milliard à 2,5 milliards de dollars (1,6 à 2,2 milliards d'euros) de chiffre d'affaires différé, qui seraient cependant récupérables une fois l'interdiction levée et les avions livrés. En janvier, Boeing avait prévu pour 2019 un chiffre d'affaires de 109,5 milliards à 111,5 milliards de dollars. Interrogé sur l'impact de l'interdiction de vol du 737 MAX sur les livraisons, un porte-parole de Boeing a déclaré : "Nous continuons de l'évaluer." Les principaux clients américains de Boeing - Southwest Airlines LUV.N , American Airlines Group AAL.O et United Airlines UAL.O - se sont refusés à tout commentaire. Jusqu'ici, ils ont exprimé leur confiance dans la sécurité du MAX. "Bien que ce crash du MAX soit clairement une 'mauvaise nouvelle' pour Boeing, nous pensons que la société finira par s'en sortir", a commenté dans une note Robert Stallard, analyste chez Vertical Research Partners. Boeing a déjà surmonté des retards dans les moteurs fournis par CFM International (coentreprise entre General Electric GE.N et Safran SAF.PA ) et dans les fuselages de Spirit AeroSystems Holdings SPR.N qui ont conduit le groupe à entreposer des dizaines d'avions à l'extérieur de son usine de Renton (Etat de Washington) l'été dernier. QUELLES INDEMNITÉS ? Cette semaine, au moins trois 737 tout juste construits étaient garés à l'usine ou à proximité, avec des poids jaunes suspendus à la place des moteurs, signe de la persistance de certains problèmes, selon une source au fait de la question. "Nous avons encore quelques semaines de retard mais l'objectif de retour complet à la normale est le deuxième trimestre de cette année", a déclaré une porte-parole de CFM. Le Boeing 787 Dreamliner a été cloué au sol pendant 123 jours en 2013 après que des batteries lithium-ion eurent pris feu. L'appareil est devenu l'un des plus populaires de sa catégorie et affiche un excellent bilan en termes de sécurité. Les contrats d'avions ne contiennent généralement pas de clause autorisant automatiquement les compagnies aériennes à réclamer une indemnité lors d'une décision des autorités réglementaires comme une interdiction de vol. Toutefois, les avionneurs versent parfois des indemnités pour couvrir les coûts de financement lorsqu'une compagnie aérienne se retrouve sans l'avion qui lui avait été promis, a déclaré une source haut placée du secteur. Même dans ce cas, les constructeurs hésitent généralement à payer pour les autres coûts indirects supportés par la compagnie aérienne. La société britannique de conseil en aviation IBA a estimé le coût de financement d'un 737 MAX à 360.000 dollars par mois, ou 12.000 dollars par jour. Norwegian Air NWC.OL a fait savoir mercredi qu'elle demanderait à Boeing une indemnité pour les coûts et le manque-à-gagner liés à l'interdiction de vol du 737 MAX 8. Robert Stallard a estimé qu'il était très difficile d'évaluer le montant des indemnités que Boeing offrirait à ses clients. Il a ajouté qu'il serait aussi difficile aux compagnies aériennes d'essayer de commander à Airbus AIR.PA des A320 à la place car l'avionneur européen n'a plus de créneaux de livraison disponibles pendant quelques années. Une source à l'Elysée, en marge d'une visite d'Emmanuel Macron en Afrique de l'Est, a déclaré jeudi que l'Ethiopie discutait avec Airbus de l'éventualité d'une nouvelle commande dans le cadre du renouvellement de la flotte d'Ethiopian Airlines. (Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Bertrand Boucey)
ECLAIRAGE-Les livraisons de Boeing 737 MAX en suspens
information fournie par Reuters 14/03/2019 à 10:46
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