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Didier Laurens (Advicenne) : "Nous sommes très satisfaits des performances de Sibnayal"
information fournie par Boursorama 28/07/2023 à 15:30

Didier Laurens, directeur général d'Advicenne. (crédit : DR)

Didier Laurens, directeur général d'Advicenne. (crédit : DR)

Point estival sur l'actualité d'Advicenne avec son directeur général Didier Laurens qui revient sur les ventes de Sibnayal et la stratégie de la biotech.

Boursorama : Advicenne a publié des ventes semestrielles de Sibnayal en forte hausse. Que peut-on retenir de ces chiffres et cette croissance correspond-elle à vos attentes ?
Didier Laurens : Nous sommes très satisfaits des performances de Sibnayal pour plusieurs raisons. Derrière les chiffres publiés (hausse de 130% en volume, plus de 50% en valeur), le premier semestre témoigne que nous sommes sur la bonne voie. L'adoption de Sibnayal par les centres experts et les néphrologues démontre leur intérêt dans le produit. Autre grande source de satisfaction, et peut-être la plus importante, parmi tous les patients actuellement sous traitement, pratiquement aucun ne le stoppe pour revenir aux modes de prises en charge antérieurs. C'est un élément clé en phase de démarrage, qui montre tous les bénéfices que le traitement apporte aux patients atteints d'acidose tubulaire rénale distale (ATRd). Ce maintien des patients sous Sibnayal, observé dans le cadre de notre étude clinique de suivi à long terme (72 mois), se vérifie maintenant en conditions réelles. Enfin, et c'est certainement symbolique, en atteignant le million d'euros de ventes sur les six premiers mois de l'année, Sibnayal devient notre première source de revenus, devant nos autres produits commercialisés. Et cette tendance, bien entendu, a vocation à s'accélérer sur les trimestres à venir. Maintenant, il reste encore beaucoup de travail à faire. Je le répète souvent, obtenir une AMM ne constitue que 50% du travail d'une société pharmaceutique. Les choses commencent réellement post-AMM avec les problématiques de production, de logistique et également celles qui concernent le prix et le remboursement. En moins d'un an, nous sommes parvenus à signer, dans des conditions très favorables de royautés sur les ventes (bien supérieures à 50%), des alliances de distribution sur l'ensemble des pays européens et même au-delà. Maintenant, tous nos partenaires travaillent d'arrache-pied pour négocier au mieux les prix et les taux de remboursement avec chaque instance nationale. Nous le savions déjà, cela prend du temps, les lourdeurs administratives sont nombreuses mais c'est la règle. Toutefois, cela n'empêche aucunement la prescription de Sibnayal à travers des programmes d'accès précoce, et de signer directement des accords avec certains centres hospitaliers, demandeurs de ce traitement, comme c'est notamment le cas en Grande-Bretagne.

Boursorama : Sibnayal dans le traitement de l'ATRD est clairement aujourd'hui le fer de lance d'Advicenne. Vous avez signé plusieurs partenariats de distribution mais comment se déroulent les premières ventes par pays et quelles sont les avancées ou échéances réglementaires sur chacune de ces zones ?
Didier Laurens : A ce jour, Sibnayal est rendu disponible aux patients souffrant d'ATRd dans près d'une vingtaine de pays, soit en direct (France et Grande-Bretagne) soit à travers nos partenaires FrostPharma (pays nordiques et états Baltes), Avanzanite Bioscience (Allemagne, Autriche, Suisse, Grèce), SPA (Italie, Espagne, Portugal), ExCEEd Orphan (Europe centrale et pays de l'Est), Twin Pharma (Benelux) sans oublier Taïba Healthcare au Moyen-Orient qui fournit un travail considérable pour l'enregistrement de Sibnayal en Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis. Comme nous, tous ces acteurs sont convaincus du potentiel de notre traitement à la suite de leurs échanges avec les néphrologues, les patients et leurs familles. Dans le détail, en Grande-Bretagne, les ventes accélèrent depuis quelques semaines et plusieurs centres hospitaliers ont fait entrer Sibnayal dans leur registre. Au Moyen-Orient, les premiers patients sont sous traitement grâce au programme d'ATU.  En Italie et en Espagne, le partenariat avec SPA est encore récent mais les dossiers pour la fixation du prix ont été déposés. Nous sommes tous motivés pour obtenir le plus rapidement possible les meilleures conditions possibles comme c'est le cas en Ecosse ou au Danemark.

Boursorama : Les analystes qui vous couvrent ont bien compris que ces avancées seront très progressives. Pour l'ensemble de l'année 2023, ils tablent sur des ventes de 2 millions d'euros pour Sibnayal. Ce niveau vous paraît-il réaliste ? Avez-vous des objectifs chiffrés à plus long terme et quel est le potentiel commercial réel de Sibnayal ?
Didier Laurens : Je n'ai pas pour habitude de donner de prévisions car cela reste un exercice extrêmement compliqué du fait de notre dépendance aux calendriers des différentes agences réglementaires. Chaque pays peut avancer plus ou moins vite. La bonne chose, c'est que les ventes progressent semaine après semaine dans tous les pays. Finalement, je peux dire aujourd'hui « être confortable » avec ces estimations pour l'ensemble de 2023, je peux avancer qu'il y aura une accélération encore plus forte sur 2024 et que nous pourrions atteindre le break even dans le courant de 2025.

Boursorama : On parle ici de l'indication dans l'ATRD en Europe essentiellement mais qu'en est-il du marché américain ? Êtes-vous toujours à la recherche d'un partenaire là-bas et menez-vous actuellement des discussions dans ce sens ?
Didier Laurens : Le marché US est tout aussi important que le marché européen en nombre de patients. Dans chacune de ces deux zones, l'ATRd concerne environ 20.000 personnes. Mais le marché américain présente un intérêt supplémentaire, celui du prix. Les récentes études de marché que nous avons menées montrent un intérêt des médecins et des conditions économiques bien plus favorables qu'en Europe.
Mais l'accès à ce marché reste compliqué pour un acteur de notre taille, européen de surcroit. Donc, oui, nous discutons avec des industriels. Et comme j'ai eu l'occasion de le dire, le statut de médicament orphelin obtenu en décembre dernier a renforcé l'intérêt pour notre produit. Mais afin d'aboutir à un partenariat réunissant les meilleures conditions sur ce marché, nous discutons en parallèle avec la FDA. Nous partageons avec elle les données cliniques de l'AMM européenne et les résultats du suivi des patients traités pendant 6 ans. Cela permet à la FDA de mieux connaître ADV7103 (Sibnayal étant le nom commercial en Europe, ndlr) et son intérêt potentiel pour les patients américains dans cette indication rare. Les échanges avec cet organisme devraient s'intensifier sur la seconde moitié de cette année.

Boursorama : A la fin 2022, votre trésorerie s'élevait à un peu plus de 8 millions d'euros. Comme beaucoup de sociétés de biotechnologies votre horizon de financement demeure relativement limité. Comment comptez-vous les augmenter et doit-on craindre un financement dilutif à court terme ?
Didier Laurens : Tout d'abord, je tiens à rappeler qu'Advicenne n'est pas une société de biotechnologies mais une société pharmaceutique de spécialités avec trois produits disposant d'une AMM (Sibnayal, Ledvicen et Likozam) et déjà commercialisés. Nous finançons bel et bien une stratégie de croissance et non plus seulement des risques de développements cliniques. Notre allocation de cash repose sur trois piliers : le commercial, la production et le règlementaire ; avec un objectif simple : créer de la valeur pour toutes les parties prenantes grâce à Sibnayal. C'est une stratégie claire et visible avec des ventes en hausse continue trimestre après trimestre pour atteindre la profitabilité. A nous de répondre présent dans l'exécution. Notre trésorerie, qui nous conduit jusqu'au cours du premier trimestre2024, et sa gestion sont des sujets du quotidien. Dans un contexte boursier délicat pour l'ensemble des small et midcaps, la première chose est de continuer à contrôler l'ensemble de nos dépenses. Ensuite, nous avons la chance d'avoir des actionnaires de référence fidèles. Ces derniers n'ont pas vendu une seule action ces derniers mois et ils soutiennent notre stratégie de développement commercial. Et en tant qu'actionnaires responsables, ils sont soucieux de leurs intérêts, et en conséquence de celui de tous les actionnaires. De fait, un financement bien conduit et bien équilibré n'est pas à craindre s'il renforce l'entreprise. Encore une fois, nos actionnaires sont soucieux des intérêts de tous. Leur message que je rejoins est très clair : nous sommes allergiques aux financements dilutifs de type equity line et convertibles. Ce n'est clairement pas une option que nous regardons.

Boursorama : Vous avez à plusieurs reprises évoqué les 30 millions d'euros à percevoir en 2025 de votre partenaire suisse Primex en échange d'une licence sur Ozalin. Avez-vous des discussions avec eux pour obtenir un paiement anticipé de ces royalties ?
Didier Laurens : Oui, nous sommes en discussion avec les dirigeants de Primex. Obtenir un paiement anticipé, même partiel, constituerait une forme de financement non dilutif. Mais en tant qu'entreprise responsable, et vis-à-vis de nos actionnaires, nous devons nous assurer du maintien de la valeur globale de ce contrat pour Advicenne. Si nos discussions devaient ne pas aboutir, nous aurions les moyens d'attendre 2025.

Boursorama : Les développements de Sibnayal dans la cystinurie semblent être passés au second plan. Est-ce réellement le cas ?
Didier Laurens : La cystinurie est un marché potentiellement important tant en Europe qu'aux Etats-Unis avec respectivement environ 40.000 et 30.000 patients.  Pour ADV7103, le potentiel commercial dans cette pathologie est donc encore plus important que dans l'ATRd. Cette indication demeure par conséquent un objectif essentiel pour nous.  Mais je le répète, nous devons avoir une gestion raisonnée de notre trésorerie. Dans cette période boursière compliquée, nous sommes contraints de gérer nos priorités. Les dossiers en cours sont interdépendants et nous pouvons accélérer en fonction de leurs résultats. Nous étudions plusieurs scenarii. La signature d'un partenariat aux US pourrait bien entendu débloquer la situation pour un développement ambitieux dans la cystinurie.

Boursorama : De même, les performances de votre franchise neurologie (Likozam et Ledvicen) restent timides. Ces traitements commercialisés ont-ils un avenir dans les développements futurs d'Advicenne ?
Didier Laurens :
La franchise neurologie est une source de financement pour Advicenne. Elle nous permet d'investir dans la croissance de Sibnayal. Likozam et Levidcen sont de magnifiques produits qui apportent un vrai bénéfice dans des formes rares d'épilepsie. C'est pour répondre à un besoin médical non couvert pour ces patients que nous nous battons tous les jours. Likozam et Levidcen participent à cette mission.

Boursorama : Quels signaux positifs pouvez-vous envoyer aux actionnaires individuels qui vous suivent ? Certains évoquent des rachats d'actions par la société ou par ses dirigeants. Ce type de mesures vous semble-t-il adapté ?
Didier Laurens : Tout d'abord, je tiens à rappeler qu'Advicenne, en dépit de l'insistance de certains de nos actionnaires individuels, ne communiquera pas sur les performances commerciales de Sibnayal à un rythme trimestriel. Cela n'a pas de sens. Le temps des marchés et celui de l'entreprise ne sont pas les mêmes. Nous sommes dans un temps long, en particulier dans la pharmacie. En ce qui concerne un possible rachat d'actions, information que je vois souvent sur vos forums, je pense qu'il y a une confusion entre les programmes de rachat d'actions des grands groupes et le contrat de liquidité des small caps. Ce dernier est une convention, signée avec un teneur de marché, pour fluidifier et améliorer la liquidité du titre. Le montant alloué au contrat est fixe et disponible dans l'URD. Sur ce point, je répète qu'utiliser notre cash disponible pour racheter des titres est une aberration. En ce qui concerne le management, et particulièrement le Directeur Général, je ne souhaite pas décider sous la pression de quelques actionnaires sur votre forum. C'est un choix personnel qui ne dépend pas uniquement de ma confiance dans le développement futur d'Advicenne. Quoi qu'il en soit, l'ensemble de nos actionnaires en sera informé en temps voulu. En dehors de ces points, les actionnaires qui nous sont fidèles doivent être convaincus de quelques fondamentaux : Advicenne a un profil rare en Europe avec trois médicaments sur le marché. C'est un élément déterminant et très motivant pour l'ensemble de nos équipes. Il s'agit certes de marchés de niche en lien avec des maladies rares, mais nous faisons tout pour démontrer que ces marchés ont une valeur réelle. Advicenne doit être jugée sur l'exécution de son plan stratégique et le suivi de ses partenariats. En ce sens, les mois qui viennent  devraient être très riches en réalisations et enseignements.

Laurent Grassin
Laurent Grassin

Laurent Grassin

Boursorama

Directeur médias

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3 commentaires

  • 19 octobre 10:24

    toujours éclairant oui.


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