par Helena Williams CLONES, Irlande, 11 février (Reuters) - A un peu plus de six semaines de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, Eamon Fitzpatrick a renoncé à se préparer au Brexit et à suivre les péripéties des négociations entre Londres et Bruxelles. "Au début je tentais de suivre ce qui se passait et puis j'en ai eu assez: un jour on dit blanc, le lendemain on dit noir", déplore ce propriétaire d'une station-service et d'une boutique à Clones, à cheval sur la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord. "Il y a dix chevaux en course, bien malin qui peut dire quel sera le vainqueur !" Comment se préparer, ajoute-t-il, si on ignore quel sera le scénario: un Brexit dur sans accord, un report, ou bien une période de transition où les choses pourraient se passer en douceur ? Selon un sondage Allied Irish Banks publié lundi, plus de 50% des dirigeants de petites et moyennes entreprises des deux côtés de la frontière sont dans le même état d'esprit que lui et se disent incapables de préparer le Brexit, personne ne venant les conseiller. La station-service d'Eamon Fitzpatrick emploie vingt personnes. Ouverte il y a vingt ans, après les accords de paix du Vendredi saint, elle a plus d'une fois profité des fluctuations monétaires entre l'euro et la livre sterling - le Royaume-Uni n'appartient pas à la zone euro. L'adhésion du Royaume-Uni et de la République d'Irlande au bloc européen le 1er janvier 1973 a permis la disparition des contrôles douaniers le long des 500 km de frontière dans l'île. L'accord de paix de 1998, après trente années de conflit entre unionistes et républicains en Irlande du Nord, a quant à lui mis fin aux contrôles de sécurité. Depuis plus de vingt ans, la frontière est pratiquement invisible. Certaines personnes la traversent dix fois par jour, avec des euros dans une poche et des livres sterling dans l'autre. La volonté d'éviter un retour à une "frontière dure" après le Brexit est l'un des principaux points d'achoppement dans les négociations, tant entre Londres et l'Europe qu'au sein même du Parlement britannique. Si aucun accord n'est trouvé, Dublin n'aura guère d'autre choix que de rétablir des contrôles douaniers avec l'Irlande du Nord. Dans ce cas, Eamon Fitzpatrick craint de devoir séparer en deux son entreprise, de part et d'autre de la frontière: d'un côté les pompes à essence, de l'autre la boutique. "Peut-être faudra-t-il faire comme Trump, construire un mur ?", plaisante-t-il. (Guy Kerivel pour le service français)
Brexit-A la frontière irlandaise, le désarroi d'un petit patron
information fournie par Reuters 11/02/2019 à 16:05
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