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Bourse : les biotechs françaises ont-elles la poisse ?
information fournie par Boursorama 29/09/2017 à 08:28

Cerenis, Onxeo, AB Science : depuis le début de l'année, les biotechs françaises ont enchaîné les déconvenues. (crédit : Adobe Stock)

Cerenis, Onxeo, AB Science : depuis le début de l'année, les biotechs françaises ont enchaîné les déconvenues. (crédit : Adobe Stock)

Côté pile, c’est l’un des secteurs les plus dynamiques de l’Hexagone. Un domaine ultra-porteur où de jeunes PME innovantes investissent massivement dans des projets de recherche et développement (R&D).

Leur quête du graal consiste à développer l’innovation scientifique qui sera susceptible de révolutionner notre quotidien. Ces start-ups opèrent dans des industries aussi variées que la santé, l’environnement, l’agriculture, ou encore l’agroalimentaire. Et avec près de 3.000 sociétés, dont 70 sociétés cotées, c’est aussi un secteur qui suscite l’intérêt d’investisseurs attirés par la perspective de remporter des marchés qui se chiffrent en milliards.

Le revers de la médaille c’est que dans le domaine des biotechs, les désillusions sont souvent à la hauteur des attentes. Après un millésime 2016 morose (-20% pour l’indice européen Next biotech ), force est de constater que le retour en grâce des biotechnologies promis pour 2017 ne s’est toujours pas produit. Depuis le début de l’année le secteur français est délaissé par les investisseurs. Alors les corrections récentes offrent-elles un bon point d’entrée, ou au contraire, est-ce le signe d’une malédiction à la française ?

Montagnes russes

Pour investir dans le secteur des biotechs, il faut savoir garder son sang-froid. Car depuis le début de l’année c’est l’hécatombe sur le secteur.  Parmi les plus gros gadins en Bourse, Adocia et Cerenis se distinguent (-75 et 78% respectivement depuis le 1er janvier). Et la liste des débâcles boursières est encore longue entre Quantum Genomics (-57,20%), Valneva (-50%) AB Science (-40%) sans oublier Innate Pharma ou encore Onxeo qui chutent de respectivement 30% et 24,4% depuis le 1er janvier. Pourtant le bilan n’est pas si maussade, si on regarde l’indice de référence du secteur des biotechs européennes, en hausse de 9,84% depuis le début de l’année. Il n’en reste pas moins que les performances du secteur européen restent loin derrière l’indice du Nasdaq Biotech qui s’adjuge plus de 25% sur la même période. Et si quelques petites sociétés françaises parviennent à tirer leur épingle du jeu telles qu’Abivax (+92%) ErytechPharma (+69,5%) Cellectis (+40%) ou encore Genfit (+20% depuis le 1er janvier), la sous-performance par rapport à leurs homologues américaines reste significative. Alors pourquoi un tel désamour de la Bourse pour nos biotechs tricolores ?

Les spécificités du secteur

La difficulté inhérente du secteur, c’est que le développement d’une molécule est long et fastidieux, environ une quinzaine d’années et qu’avant d’obtenir le graal - une autorisation de mise sur le marché -  il faut du temps et de l’argent, beaucoup d’argent même, en moyenne 500 millions de dollars de cash par an. Alors lorsqu’une étude est suspendue, la sanction des investisseurs peut être très violente. Les derniers exemples en date : Onxeo qui a vu sa capitalisation boursière divisée par deux en l’espace d’une séance après l’échec du Livatag, un traitement expérimental contre le cancer du foie, ou encore Cellectis qui a dégringolé de 26% en une seule séance après l’annonce de la suspension d’essais cliniques de la part de la FDA (Food and Drug Administration), l’autorité de santé américaine.

On l’aura compris, dans ce secteur plus que d’autres le « newsflow » littéralement le «flux d’annonces» est déterminant. Or depuis le début de l’année, le sentiment de marché est particulièrement négatif sur le secteur. « Au 1er trimestre, avec 60% des annonces faites par les biotechs françaises étaient négatives. Au deuxième trimestre, la part de mauvaises nouvelles est tombée à 40%, ce qui a permis au secteur de reprendre un peu de couleur. Sur le troisième trimestre en revanche, ce sont 83% des annonces des biotechs qui étaient négatives » expliquait Sacha Pouget, le cogérant de Kalliste Biotech Fund sur BFM Business le 21 septembre dernier. Au vu de cette mauvaise dynamique il n’est pas étonnant que ce newsflow négatif fasse boule de neige et ce d’autant plus qu’«en France le ‘pool’ de valeurs est plus petit, c’est un secteur ultra-concentré, donc logiquement influencé par le sentiment de marché», explique Pierre-Louis Germain, rédacteur en chef de Biotech Finances.

A lire aussi : Six conseils avant d'investir dans les biotechs

Mais outre cet entre soi français, comment expliquer cette sous-performance du secteur des biotechs françaises par rapport à l’ensemble du secteur ?

Au-delà même des fondamentaux, les décotes importantes des biotechs françaises par rapport à leurs homologues américaines s’expliquent de plusieurs manières (…). La première, c’est qu’une biotech américaine trouvera plus facilement de sources de financement aux Etats-Unis», dans la mesure où l’écosystème américain est un terreau favorable pour s’y développer et rencontrer une solide base d’investisseurs prêts à mettre la main à la poche.  Pour se financer, «les sociétés européennes quant à elles doivent souvent faire appel au marché pour trouver du cash en passant par des augmentations de capital» fortement dilutives pour l’actionnaire «ou creusent leurs pertes pour se retrouver dans des cas extrêmes à deux doigts de la restructuration de capital», analyse Pierre-Louis Germain.

Aux Etats-Unis en revanche «les biotechs ont souvent plusieurs années de cash devant elles et plusieurs molécules en voie de développement, elles sont donc moins sensibles au newsflow qu’en France», conclut le rédacteur en chef de Biotech Finances. Certaines jeunes pousses ont trouvé la parade en allant directement se faire coter sur le Nasdaq. C’est le cas de DBV Technologies dont la capitalisation atteint 1,7 milliard de dollars sur le Nasdaq, soit le poids de Genfit, Innnate Pharma et d’AB Sciences réunis !

Vers des lendemains meilleurs ?

Alors maudit le secteur biotech français ? Loin de là !  D’abord parce q'uil reste assurément une thématique d’avenir. Ce qu’on appelle les méga-tendances telles que la démographie nous condamnent à réaliser de considérables progrès pour vivre mieux plus longtemps.  Ce n’est pas un hasard si le géant Google a lancé un fonds sur les sociétés biotechnologies non cotées en Europe.

Plusieurs grandes maisons ont également lancé des fonds sur ce secteur d’avenir. Pionnier dans ce domaine avec la création d’un fond thématique dès 1995, l’équipe de gestion de Pictet Biotech affiche une forte conviction pour le potentiel des biotechs : d’abord l’oncologie qui pèse 30% du portefeuille. Suivent les maladies orphelines (21%) et les maladies du système nerveux central (tels que la dépression, Alzheimer) avec 15% du portefeuille.

De manière plus générale «la thérapie génique et cellulaire sont des domaines très prometteurs», analyse Marc Le Bozec, cogérant du fonds Puvalca Biotech qui cite en exemple l’émergence d’une technologie de rupture, susceptible de révolutionner la lutte contre le cancer, rien que ça ! Dans ce domaine, c’est Novartis qui est le plus avancé. Le géant suisse a obtenu une autorisation de mise sur le marché de ce traitement. Pour schématiser, cette avancée scientifique au nom barbare de «cellules CAR- T» consiste à prélever les cellules immunitaires du patient afin de les «reprogrammer» pour qu'elles puissent détruire les cellules cancéreuses. «Les résultats du Kymriah sont spectaculaires, avec un taux de rémission qui dépasse les 80%», explique Marc Le Bozec. De quoi ouvrir un nouveau champ des possibles. Le français Cellectis est d’ailleurs sur les rangs. Il vient de lancer lui aussi un essai clinique destiné à tester un médicament anticancéreux utilisant ces fameuses cellules CAR-T en partenariat avec Pfizer. Mais la route est semée d’embuches, l’autorité de santé américaine ayant mis un coup d’arrêt au développement de la molécule suite au décès d’un patient neuf jours après qu’on lui a administré le traitement.

Quid de la France ?

En France, Genfit, la biotech spécialiste dans le domaine de la Nash, a pris un retard de 4 à 6 mois sur son plan initial du fait d'une forte concurrence dans le recrutement de patients de qualité afin de tester son médicament phare l’elafibranor actuellement en phase III. Retard qui devrait encore un peu plus creuser sa perte nette qui atteignait 22,615 millions d'euros au premier semestre.

A l’heure actuelle, tous les espoirs reposent sur DBV technologies. Si la biotech obtient une autorisation de mise sur le marché pour son patch qui soigne les allergies à l’arachide, c’est un marché de 5 milliards de chiffre d’affaires qui s’ouvre aux Etats-Unis pour la jeune pousse tricolore, perspective que la Bourse n’a pas encore intégré dans les cours. Et si bonne nouvelle il y a, cela pourrait servir de catalyseur à l’ensemble du secteur» analyse Marc Le Bozec. De fait, les résultats de DBV vont bien au-delà de la société en elle-même. «Ils seront importants pour tout l’écosystème français», conclut le gérant du fonds Puvalca.

Alors est-ce le moment d’acheter ce secteur fortement décoté ? Selon une analyse Reuters, le consensus des analystes laisse apparaître un potentiel significatif de 105% en moyenne d'ici un an pour les biotechs cotées sur Euronext. Encore faut-il séparer le bon grain de l’ivraie et... avoir le cœur bien accroché.

Florentine Loiseau (redaction@boursorama.fr)

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3 commentaires

  • 29 septembre 09:39

    Et si on se posait plutôt la question suivante: est ce qu'en France on n'introduit pas les biotechs beaucoup trop tôt, pour que des fonds, pas toujours compétents, qui ont investi dedans, puissent gagner de l'argent. Les biotechs US arrivent plus tard en bourse, donc moins de risque!


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