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Bourse : six conseils avant d’investir dans les biotechs
information fournie par Boursorama 04/11/2019 à 16:44

On achète pas une valeur biotech comme une action du CAC 40. Nos conseils pour s'y retrouver (crédit : Adobe Stock)

On achète pas une valeur biotech comme une action du CAC 40. Nos conseils pour s'y retrouver (crédit : Adobe Stock)

Elles ont représenté le gros des introductions ces dernières années : les valeurs biotechs sont très présentes sur la cote parisienne... et dans les portefeuilles des investisseurs particuliers. Mais les règles pour investir sont bien particulières dans ce secteur différent des autres. Apprenez-les pour ne pas faire des erreurs qui pourraient vous coûter cher.

Genfit, DBV Technologies, Innate Pharma, AB Science : la liste des biotechs présente sur la place française est importante. Les noms de ces sociétés se retrouve souvent dans les palmarès que ce soit à la hausse… ou à la baisse.

Si certains particuliers investissent en toute connaissance de cause, d'autres, émerveillés par les espoirs de gains, mettent ces titres en portefeuille sans vraiment savoir à quoi ils s'engagent, ce qui génère souvent frustration et colère quand le succès n'est pas au rendez-vous. Pour dissiper les malentendus, cet article vient rappeler des règles de base à ceux qui voudraient se lancer.

1) Ne surpondérez pas votre portefeuille de biotechs

Parce que c'est un investissement risqué par nature, la part de votre portefeuille consacrée aux valeurs biotechs ne devrait pas excéder 20-25%. Ce sont des valeurs a la volatilité élevée qui, en plus de leur actualité propre, vont (sur)réagir aux tendances du marché. Mieux vaut aussi se concentrer sur trois à quatre lignes maximum car chaque valeur réclame un suivi approfondi. Que ce soit bien clair : la déception (échec, retard…) se paie cher avec des cours qui peuvent décrocher de 50, voire 80% en une séance. Vous voilà prévenus.

2) Investissez aussi… du temps

Ce conseil est directement complémentaire du premier. Vous ne pouvez pas acheter une valeur biotech comme une action du CAC 40. Il va falloir que vous compreniez un minimum l'innovation, les débouchés et la concurrence. Difficile en effet de vous placer sur Genfit sans vous intéresser au marché de la Nash et à la concurrence sur cette pathologie. Dans ce cas précis, Genfit est au coude-à-coude avec l'américain Intercept et son produit Ocaliva et de nombreux autres produits suivent derrière. Pour DBV, il faudra se pencher sur la désensibilisation aux allergies et surveiller, là aussi, un concurrent américain : Aimmune.

Apprenez aussi quels champs d'innovation ont la cote. Impossible d'investir sur Cellectis sans vraiment savoir ce que sont les CAR-T ou sur Innate sans jamais avoir entendu parler des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (IPCI).

De même, il est important de bien comprendre les grandes tendances à l'œuvre dans le secteur pharmaceutique. Ainsi, le marché des insulines, très rentable au début de la décennie, est devenu très concurrentiel en peu de temps, ce qui a lourdement pénalisé le plan de développement d'une société comme Adocia.

Bref, le domaine des biotechs est beaucoup plus exigeant que d'autres secteurs. Si vous n'avez pas le temps ou l'envie de le faire, mieux vaut vous concentrer sur des thèmes que vous connaissez mieux oui qui sont plus faciles à appréhender. Vous pouvez aussi choisir de vous tourner vers la gestion collective avec des fonds comme Pictet Biotech (plus exposé aux biotechs américaines) ou Pluvalca Biotech  de Financière Arbevel (investi essentiellement dans des petites et moyennes capitalisations européennes).

3) Apprenez l'anglais

Si ce n'est pas déjà le cas, vous devez impérativement vous mettre à la langue de Shakespeare ou vous perfectionner en la matière. Une grosse partie de la documentation disponible est en anglais à commencer par la communication de l'autorité de santé américaine, la FDA. De même, certains sites comme Fierce Biotech sont des mines d'information qui vous aideront à élargir vos connaissances sur les innovations et les tendances du secteur.

4) Posez-vous les bonnes questions

Estimer le juste prix d'une biotech n'est pas chose facile. Elle ne dégage pas de bénéfices (ou très rarement), elle affiche peu de comparables directs et le potentiel exact des traitements qu'elle développe est incertain. Bien sûr, le modèle d'actualisation des flux de trésorerie (DCF pour discounted cash-flow) peut s'appliquer mais le nombre d'incertitudes est tellement élevé que sa pertinence est limitée. Posez-vous plutôt des questions extra-financières : qui est au tour de table, quel est l'origine de la société, y-a-t-il déjà des accords de licences ou de partenariats avec de grands laboratoires (comme c'est le cas pour Innate Pharma par exemple), quelle maladie est visée par la biotech (on devine facilement que le potentiel commercial est plus important pour certains cancers, que pour des maladies orphelines), combien sont valorisés les concurrents, autour de quel montant se concluent les rachats dans le même secteur etc.

5) Maîtrisez le calendrier

Pour une biotech, l'actualité est rythmée par les essais cliniques . Ils se déroulent en trois phases sur plusieurs années et sont autant d'étapes qui peuvent faire réagir le cours. La phase I est limitée et consacrée à tester la sécurité du produit (tolérance, effets indésirables etc.). La phase II doit tester l'efficacité du produit et sa posologie. Enfin la phase III, la plus cruciale, est menée sur un nombre importants de patients et va déterminer le bénéfice du traitement par rapport à ce qui existe ou à un placebo. Des résultats en demi-teinte et le cours peut fortement baisser. Un échec et le cours dévisse. Un exemple avec Cerenis en 2017. L'échec de phase IIb de son candidat médicament CER-001 dans le risque de récidive chez des patients ayant déjà subi un syndrome coronarien aigu (SCA) a fait perdre au titre 80% en une séance. Les retards ou les décalages de calendrier ont aussi un impact sur le cours car ils retardent d'autant la signature d'un accord de licence ou une mise sur le marché.

Attention parfois, il ne faut pas relacher sa vigilance même après des résultats positifs de phase III. Exemple récent avec Pharnext. La FDA a recommandé à la fin de l'été 2019 à la biotech française de conduire une nouvelle étude clinique de phase III. Dans un essai comptant 323 patients, le produit n'avait démontré son efficacité contre placebo, qu'à la plus haute des deux doses testées et que la cohorte de patients ayant reçu cette dose a dûe etre réduite à seulement 55 sujets, en raison de problèmes de stabilité de la formulation du candidat-médicament. A l'arrivée, une nouvelle étude à lancer et un retard à la clé...

L'autre aspect des retards de calendrier est que la biotech va devoir se refinancer, ce qui se traduit souvent par des augmentations de capital dilutives pour les actionnaires existants.

6) Gardez la tête froide

Certaines valeurs où les investisseurs individuels sont très présents sont constamment l'objet de rumeurs et de tentatives de manipulation de cours. Genfit a déjà été virtuellement racheté plusieurs fois par une big pharma sur les dernières années… Les rumeurs peuvent faire monter une action mais restez lucide. De même, à force de s'intéresser à une biotech, certains nourrissent un véritable attachement affectif et perdent l'objectivité nécessaire à ce type de placement. Ils blament ensuite les dirigeants quand les essais cliniques ne sont pas concluants alors que c'est pourtant un risque connu pour ce type d'investissement.

Rappelez-vous : la mise sur le marché d'un candidat médicament est un voyage au long cours. Soyez tactique : il faut savoir prendre des profits à plusieurs moments, quitte à revenir sur le titre quand le newsflow est plus calme si vous êtes convaincu par les perspectives de la société. Exemple là encore avec l'action Genfit : sur les dix dernières années, le plus-bas est à 1,18 euro, le plus-haut à 70,64 euros et le cours actuel tourne autour de 13 euros. Etre un investisseur dormant de long terme dans une biotech n'est pas la meilleure des options...

Suivre ces conseils ne vous évitera pas toutes les déconvenues mais vous permettra d'investir plus sereinement dans ce qui est sans doute le secteur le plus dynamique et le stimulant de la cote à l'heure actuelle.

Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)

Pierre-Louis Germain, journaliste spécialisé sur le secteur des biotechs et rédacteur en chef de Biotech Finances a consacré un livre sur le sujet : "Investir dans les biotechs", édité chez Maxima Laurent du Mesnil éditeur.

Laurent Grassin
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Boursorama

Directeur médias

https://www.boursorama.com/

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10 commentaires

  • 04 novembre 17:58

    ayez déjà des plus values à éponger....


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